En 1912, un pur sang nait dans le Devon, en Angleterre. Aux enchères, le fermier Ted Narracott surenchérit sur son propriétaire Lyons pour le poulain, au grand désarroi de sa femme Rose, car la famille a besoin d'un cheval de trait, capable de labourer le champ. Leur fils, Albert, accompagné de son meilleur ami, Andrew, nomme le poulain Joey et lui apprend à venir quand il imite le cri du hibou. Ils deviennent inséparables. Contre toute attente, le cheval et le garçon réussissent à labourer un champ rocheux, sauvant la ferme de la famille. Rose montre à Albert les médailles de son père de la deuxième guerre des Boers et lui donne le fanion du régimentaire de Ted, confiant à Albert que son père porte des cicatrices physiques et mentales de la guerre.
En 1914, alors que la guerre avec l'Allemagne est déclarée, de fortes pluies ruinent les récoltes de la famille, forçant Ted à vendre Joey à l'armée. Albert a le cœur brisé et essaie en vain d'arrêter la vente. Le capitaine James Nicholls remarque l'attachement d'Albert et promet de s'occuper de Joey. Albert essaie de s'enrôler mais il est trop jeune. Il attache alors le fanion de son père à la bride de Joey et lui promet de le retrouver.
Lors de l'entrainement militaire Nicholls et son supérieur, le major Stewart, rivalisent pour connaitre le cheval le plus rapide : Joey ou Topthorn ; un cheval noir avec lequel, Joey, vainqueur, devient aussi ami que le sont les deux soldats. Les militaire sont déployés en Flandre. Sous le commandement de Nicholls et du Major Stewart, ils mènent une charge de cavalerie à travers un campement allemand, mais l'unité est décimée par les tirs de mitrailleuses. Nicholls est tué avec presque tous ses camarades cavaliers ; les Allemands capturent les chevaux.
Joey et Topthorn sont confiés aux soins de Gunther, un jeune soldat allemand. Lorsque son frère, Michael, est envoyé en première ligne, Gunther emmène les chevaux pour qu'ils désertent. L'armée allemande traque bientôt les garçons, qui sont abattus pour désertion ; cependant, les Allemands partent sans remarquer les chevaux. Ils sont retrouvés par une française, Émilie, le lendemain matin. Des soldats allemands arrivent à la ferme de son grand-père, mais Émilie cache les chevaux dans sa chambre. Pour ses quinze ans, le grand-père d'Émilie lui permet de monter Joey ; ils tombent sur les Allemands, qui confisquent les chevaux. Le grand-père d'Émilie garde le fanion.
1918, Albert s'est enrôlé et se bat aux côtés d'Andrew dans la deuxième bataille de la Somme. Après une charge britannique sur un no man's land, Albert et Andrew parviennent miraculeusement à travers la tranchée allemande, où une bombe de gaz explose. Andrew est tué par l'attaque au gaz mais Albert survit, temporairement aveuglé.
Les Allemands utilisent Joey et Topthorn pour transporter l'artillerie, sous la garde du soldat Henglemann. Il prend soin d'eux du mieux qu'il peut et essaie finalement de les libérer, mais Topthorn succombe à l'épuisement et meurt. Joey s'échappe, évitant de justesse un char Mark IV venant en sens inverse, et galope dans le no man's land, s'emmêlant dans des barbelés. Colin, un soldat britannique, se dirige vers Joey sous un drapeau blanc et essaie de le libérer. Peter, un soldat allemand, arrive avec des pinces coupantes et, ensemble, ils sauvent Joey. Pour décider qui gardera le cheval, ils jouent à pile ou face. Colin gagne et guide Joey, blessé, vers la tranchée britannique. Albert entend parler du sauvetage de Joey pendant sa convalescence. Juste au moment où Joey est sur le point d'être abattu par un médecin qui juge Joey trop gravement blessé pour être sauvé, il entend le cri du hibou d'Albert appeler son cheval. Albert, les yeux toujours bandés, est capable de décrire Joey dans les moindres détails, mame ceux cachés jusqu'alors par la boue. Le médecin décide de soigner Joey.
La Première Guerre mondiale prend fin et Joey doit être mis aux enchères car seuls les chevaux des officiers rentreront chez eux. Les camarades d'Albert font une collecte pour qu'il puisse acheter le cheval. L'enchère est cependant remportée par le grand-père d'Émilie, qui raconte à Albert qu'Émilie est décédée et que le cheval est tout ce qu'il lui reste. Cependant, après qu'Albert le supplie, le vieil homme reconnaît la force du lien qui l'unit au cheval et rend le fanion et Joey à Albert.
Albert revient avec Joey à la ferme de sa famille, embrasse sa mère et rend le fanion à son père, qui lui tend la main avec fierté.
Spielberg n'est jamais meilleur que lorsqu'il ausculte la famille ; le réconfort, qu'elle procure, les traumatismes qu'elle oblige à surmonter et donc l'initiation au courage et à la volonté. Il y parvient grâce à une adaptation qui replace la volonté humaine au centre du récit.
Un grand film lyrique
Ici, la pauvreté des parents d'Albert, les blessures physiques et morales du père dues la guerre sont contrebalancées par son idéal de grandeur et de beauté qui s'incarne dans Joey, le pur sang. La synthèse de ces deux forces est filmée avec lyrisme lors de la séquence du champ de cailloux labouré avec courage.
C'est ensuite la guerre qui va écraser la pureté désuète deNicholls : la charge de cavalerie est massacrée par les mitrailleuses bien plus modernes. Même idéal enfantin de pureté avec Gunther et Émilie, alors que le soldat Henglemann ploie comme Joey sous le poids des contraintes mais permet une ultime libération. Beau double happy end avec la scène d'Albert, aveugle, sachant décrire son cheval mieux que les voyants. Enfin, le retour au pays est digne (couleurs comprises) du lyrisme échevelé attaché à la terre et aux valeurs familiales d'Autant en emporte le vent
La volonté humaine est replacée au centre du récit
La Grande Guerre a eu un impact massif et indélébile sur la population masculine du Royaume-Uni : 886 000 hommes sont morts, un sur huit de ceux qui sont allés à la guerre et 2 % de la population du pays tout entier. Morpurgo, l'auteur du livre War horse, paru en 1982, a aussi appris qu'un million de chevaux sont morts du côté britannique ; il a extrapolé un chiffre global de 10 millions de chevaux morts de tous côtés. Sur le million de chevaux envoyés du Royaume-Uni à l'étranger, seuls 62 000 sont revenus, les autres mourant à la guerre ou abattus en France pour la viande.
Morpurgo a essayé, en vain, d'adapter le livre en scénario de film, travaillant pendant plus de cinq ans avec Simon Channing-Williams. Le livre a en revanche été adapté avec succès pour une pièce de théâtre de Nick Stafford en 2007. Pour fonctionner au cinéma, l'histoire ne pouvait sans doute pas être racontée uniquement par le point de vue du cheval, comme c'était le cas dans le livre. La version du film avec un scénario de Richard Curtis et Lee Hall est basée sur l'approche narrative de la pièce de théâtre plus que celle du livre. Contrairement à la pièce, qui utilisait des chevaux de bois et de cuir, le film utilise une combinaison de vrais chevaux, de chevaux animatroniques et d'images générées par ordinateur.
Jean-Luc Lacuve, le 21/06/2020