Tommaso,"Tommi", 11 ans, vit avec sa grande sur, Viola, et leur père Renato depuis que Stefania, mère instable et femme fragile, les a abandonnés. Malgré la précarité économique et les sautes d'humeur de Renato, la petite famille s'en sort et reste miraculeusement unie, jusqu'au jour où Stefania revient à la maison.
Il l'accueillent d'abord avec méfiance puis avec espoir. Tommi est le seul à être convaincu qu'elle ne restera pas. Il observe les gens de son quartier depuis son QG sur les toits et se fait de nouveaux amis : son voisin dans l'immeuble, un camarade muré dans son mutisme après la mort de son père et une camarde d'école dont il devient amoureux.
La situation à la maison se dégrade rapidement. Le père, Renato, se fâche devant son fils avec son ancien employeur Barzelli et décide de se mettre à son compte. Il achète une staedycam et obtient un contrat publicitaire. Il conduit sa famille assister au tournage. Mais il s'emporte en voulant filmer le museau du chameau plutôt que la voiture. Il quitte le plateau gâchant irrémédiablement ses chances de réussir dans ce métier. L'arrêt dans un hôtel au bord de la mer pour réunir une fois encore la famille est une dépense somptuaire qui blesse Tomi.
Bientôt sa mère renoue avec ses amies et amis riches. Son amour pour ses enfants ne résiste pas à son inadaptation à la vie de famille médiocre qu'elle subit sans pouvoir l'améliorer. Elle quitte la maison.
Tomi qui avait aperçu la maison sans lumière le comprend mais son père lui met la pression pour qu'il gagne la finale de la natation qu'il déteste. Déstabilisé mentalement, Tommi stoppe son effort. Son père le renie.
La famille de son ami est prête à l'emmener aux sports d'hiver. La nuit du départ, il rejoint pourtant son père qui admet que son fils fasse du foot.
A l'école, le camarade muet lui renvoie la balle et Tomasso cherche sa jeune camarade sans doute pour lui dire cette fois clairement qu'il en est amoureux. Il n'en a pas le temps ce jour là. Le surveillant lui remet un cadeau de sa mère, un portrait avec un mot aussi affectueux que puéril qui fait pleurer Tommi.
Vision émouvante mais assez conventionnelle de l'enfance. Seuls les enfants font preuve de lucidité : le père est trop colérique pour assumer les contraintes sociales et la mère trop innocente pour faire valoir en elle autre chose que sa beauté. Si Viola s'en tire avec une certaine légèreté, Tomaso est plus durement traumatisé comme le souligne la séquence du cauchemar. Il lui reste à assumer sa position de spectateur, en haut sur les toits, à la pêche avec le père de son ami.
Kim Rossi Stuart semble accorder une petite chance de résilience à Tomaso: il ne part certes pas au sport d'hiver avec ses amis mais fait admettre à son père qu'il n'a pas à tout vouloir contrôler et la phrase "Anche libero va bene" sonne comme une libération. La séquence du cadeau de la mère accompagné de son mot émouvant et enfantin replonge toutefois Tommaso dans ses traumatismes.
Jean-Luc Lacuve le 13/05/2007
La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour quelqu'un touché par un traumatisme, à prendre acte de son traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression et le poison que ce traumatisme peut causer. C'est " vivre avec ", dans le sens où cela fait partie de la vie de cet individu, ne le diminue pas mais au contraire lui permet de revivre. La résilience est rendue possible grâce à la réflexion, à la parole, et dans le meilleur des cas grâce à l'encadrement médical d'une thérapie, d'une analyse. Une phrase célèbre qui permet de résumer la notion de résilience est de Nietzsche : " Ce qui ne tue pas rend plus fort. ". En France et après John Bowlby qui avait introduit le terme dans ses écrits sur l'attachement, c'est l'éthologue Boris Cyrulnik qui développe le concept de résilience en psychologie. (source : Wikipedia)
Libero est le premier long métrage réalisé par un des jeunes comédiens les plus en vue du cinéma italien, Kim Rossi Stuart. Né en 1969, il a débuté en 1975 aux côtés de son père Giacomo dans La Grande bourgeoise de Mauro Bolognini. Aperçu ensuite dans Le Nom de la rose, il a tourné sous la direction d'Antonioni (Par-delà les nuages, 1995), Gianni Amelio (Les Clefs de la maison, 2004), Roberto Benigni (Pinocchio) et Michele Placido (il est l'un des voyous de Romanzo Criminale, sorti au début de l'année 2006).