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Main basse sur la ville

1963

Voir : photogrammes du film

(Le Mani sulla città). Avec : Rod Steiger (Edoardo Nottola), Salvo Randone (De Angeli), Guido Alberti (Maglione), Marcello Cannavale. 1h45

Entrepreneur de construction, Edoardo Nottola, conseiller municipal de droite, convainc le maire de la ville et ses amis politiques, de l'aider dans son ambitieux projet d'urbanisation d'une zone agricole située en périphérie nord.

C'est alors que survient une catastrophe : ébranlé par les travaux de construction, un immeuble vétuste du quartier populaire de Vito Sant'Andréa s'effondre provoquant des morts et de nombreux blessés.

Par la bouche du conseiller De Vita, la gauche demande l'ouverture d'une enquête. Cette catastrophe est à ses yeux la conséquence d'une vaste spéculation immobilière dont Nottola est le principal artisan. De Angeli, leader du centre, soutient cette demande.

Une commission d'enquête est nommée où sont représentés les trois partis politiques. Mais Maglione, leader de la droite, et les siens, font durer la procédure. Pourtant, en dépit du respect des règlements administratifs, il apparaît évident qu'il y a eu complicité des services techniques municipaux dans la délivrance des permis. Maglione propose un blâme public contre l'entrepreneur, lequel contre-attaque en faisant état de son désir d'être nommé assesseur du futur maire.

Après avoir demandé qu'on indemnise à ses frais les familles sinistrées, Nottola se fait inscrire sur la liste centriste. Ce qui provoque une crise de confiance chez Balsamo, le médecin humaniste centriste, membre de la commission d'enquête. La liste centriste sort vainqueur des élections et De Angeli est élu maire avec l'appui de la droite.

Mais la droite refuse de soutenir la candidature de Nottola au poste d'assesseur. Pourtant, dans l'intérêt de la coalition de centre droit, la réconciliation entre Notolla et Maglione s'avère indispensable. Elle devient effective malgré la menace de scission de Balsamo et de ses amis et la violente opposition de De Vita et son groupe. Notolla peut continuer ses spéculations immobilières : on inaugure en grande pompe ses constructions sur l'ancienne zone agricole où, dès le départ, il avait prévu de les édifier.

Entrepreneur de construction, Edoardo Nottola, conseiller municipal de droite, convainc le maire de la ville et ses amis politiques, de l'aider dans son ambitieux projet d'urbanisation d'une zone agricole située en périphérie nord.

C'est alors que survient une catastrophe : ébranlé par les travaux de construction, un immeuble vétuste du quartier populaire de Vito Sant'Andréa s'effondre provoquant des morts et de nombreux blessés.

Rosi dénonce la corruption des politiques locaux qui destinent les fonds spéciaux octroyés par le gouvernement pour développer le sud (300 milliards de lires) à viabiliser des terrains choisis par un entrepreneur privé. Celui-ci les fait participer à ses opérations immobilières en échanges de modification des zones d'urbanisme au profit de terrains qu'il a achetés à vil prix, d'assainissements gratuits, de passe-droit pour une délivrance rapide de permis et d'indulgence envers l'application des règles de sécurité. Tout le monde y gagne le gouvernement qui s'attache le vote des locaux, les locaux et l'entrepreneur dont le profit approche les 5000 %.

Le coup de génie de Rosi est de faire interpréter l'entrepreneur Nottola par Rod Steiger ce qui lui donne une ampleur et une carrure que n'ont aucun des autres personnages du film. Son intelligence politique, ses moments de doute puis d'action le rendent bien plus sympathique que les politiques, au pire profiteurs (Maglione qui joue au casino pendant que Nottola s'apprête à rejoindre le parti du centre) au mieux impuissants (de Vita et Balsamo). Les plus belles séquences, la nuit seul dans son bureau ou les meilleurs bons mots ( En politique, on est amis tant que c'est utile) lui sont réservés.

De Vita est le fer de lance de la commission même si son but a été réduit de la spéculation immobilière à l'étude de l'intégrité des services municipaux dans l'affaire de vico san andrea. Il parvient à mettre en évidence que les services de la mairie édictent des règles mais ne les font pas vérifier, se réfugiant derrière un éventuel procès judiciaire en cas d'accident. L'ingénieur se réfugie derrière la stricte application de sa capacité de jugement au vu des plans à sa disposition. Il ne lui était ainsi pas possible de discerner sur les plans si les murs étaient mitoyens ou s'il y avait un mur commun pour les deux immeubles. Da Vita parvient même à prouver que l'espace public a été vendu au privé sans en aviser le conseil municipal et donc sans contrôle de l'opposition. Le permis a été obtenu en trois jours contre un an en règle générale par la société Bellavista contrôlée par Edoardo Notolla avec son fils comme directeur des travaux.

Habile sur le terrain parlementaire, il l'est beaucoup moins dans l'espace public lors de sa confrontation avec Nottola dans les nouveaux bâtiments construits par ce dernier. Coincé dans un angle, la voix caverneuse la mise en scène montre son impuissance dans sa discussion avec Nottola.

Il assiste pareillement impuissant à l'expulsion des familles de Vico San Andrea. Enfin le travelling arrière le fait apparaître tout petit lors l'avant-dernière séquence qui précède la pose de la première pierre par Nottola.

Balsamo n'a pas la même impuissance que de Vita vis à vis du peuple. De part son métier d'abord ; chirurgien, il soigne les enfants. Son indignation reste intacte quand les principes de la préservation d'un espace public sont mis en cause. Ecœuré par l'alliance de son chef, de Angeli avec Nottola, il présente sa démission mais la retire se rangeant de l'avis de ce dernier sur l'importance de rester dans le combat et l'idée qu'on ne peut le mener à bien qu'en gagnant les élections même au prix d'une alliance contre-nature. Le fait qu'on ne le voie pas lors de la séquence finale le laisse hors de la compromission de De Angeli. Rosi avait déjà épinglé ce dernier pour son goût étriqué consistant à garder pour lui au secret des œuvres d'art du passé.

"Rien ne vous arrête pour vous remplir les poches" avait dit De Vita qui souhaitait que les édifices soient bâtis selon la loi et non selon l'intérêt des puissants. Ce n'est ainsi pas tant les hommes que dénonce Rosi mais l'alliance des politiques les plus fins et des entrepreneurs les plus dynamiques pour abandonner les principes publics au nom de l'enrichissement personnel. Le carton final prend ainsi tout son sens : "Les personnages et les faits narrés ici sont fictifs. Alors que sont réels, le climat social et le milieu qui les ont générés".

Ce constat n'a hélas rien de bien exaltant ou positif. Le peuple, au-delà de la joie des élections (images d'archives avec camions de supporters, annonce sous la pluie et affichettes brûlées sur la place en fin de soirée) apparaît impuissant et sans conscience ainsi de ces mamas qui viennent quémander de l'argent à l'ancien maire qui leur distribue avec une méprisante bonhomie.

Jean-Luc Lacuve, le 20/02/2008.

Test du DVD

Editeur : Montparnasse. Février 2008

Le cinéma italien dans une nouvelle collection DVD : film restauré dans un boîtier extra fin pour 10 €. La première série comprend deux grands classiques : L'avventura et Main basse sur la ville et deux inédits en DVD : Le Bel Antonio et Les 3 visages de la peur.

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