Ébloui par la rencontre de chevaliers, Perceval, un jeune garçon élevé à l'abri du monde, croit voir Dieu et ses anges. Il décide de se rendre à la cour du roi Arthur afin d'y être adoubé chevalier, en dépit du désespoir de sa mère. En chemin il provoque la jalousie de l'Orgueilleux de la Lande qui jure de le retrouver. A la cour du roi, Perceval tue un chevalier qui a insulté la reine. De Gornemant de Goort, il reçoit des conseils et par lui est initié au maniement des armes. Dans la ville de Beaurepaire, Perceval défend les intérêts de Blanche-Fleur en repoussant les assaillants de Clamadieu des Îles. Perceval décide alors de retourner au château de sa mère. De la brume surgit un château. Un roi (le roi pêcheur) lui offre l'hospitalité. Le festin est interrompu par un étrange cérémonial : un jeune homme porte une lance qui saigne et une jeune fille un " Graal " (une coupe). Par discrétion, Perceval n'ose s'enquérir de la signification de cette procession. A son réveil, le château est vide. Il rencontre une créature hideuse qui lui reproche de ne pas avoir posé la question qui aurait guéri le roi infirme. Désormais, Perceval est condamné à errer et à ne retrouver le château de sa mère qu'après la mort de celle-ci. En poursuivant son voyage, il châtie l'Orgueilleux de la Lande. Ayant entendu vanter ses exploits, le roi Arthur décide de partir à la recherche de Perceval qu'il trouble dans sa méditation et qui décline son invitation.
Cinq années passent. Perceval retrouve le château du Graal. Un
Vendredi Saint, il apprend d'un ermite que tout son malheur vient du jour
où il a quitté sa mère et du chagrin dont elle est morte.
Pour porter à l'écran le dernier roman (inachevé) de Chrétien de Troyes (1137-1190), Eric Rohmer a commencé par le traduire. Mais en lui conservant ses tournures médiévales, et même certains mots, que nous comprenons encore peu ou prou. En gardant aussi la structure poétique : petits vers de huit syllabes. Un musicologue, Guy Robert, a retrouvé, ou parfois pastiché, des airs du XIIe et du XIIIe siècle et utilisé les instruments de l'époque : guitare sarrazine, rebec, luth, flûte traversière, chalumeau. Décors stylisés : une aire de sable, de l'herbe peinte, un rocher de carton, une rivière en verre pilé, un château de carton doré (toujours le même, seul le blason change) et trois arbres de métal... Perceval s'y promène comme le ravi de la crèche.
Ce faisant, pour Claude-Marie Trémois, Eric Rohmer est fidèle à la fois à l'éthique chrétienne et à lui-même : pour reconnaître le Graal (vase qui, selon la légende, recueillit le sang du Christ), il faut oser questionner ; pour questionner, il faut s'intéresser aux autres.
Editeurs : Potemkine et Agnès B. Novembre 2013. 30 DVD et leur déclinaison blu-ray pour les 22 films restaurés HD. 200 €. |
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