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La marquise d'O

1976

Voir : Photogrammes
Genre : Mélodrame

Die marquise von O...). D'après la pièce d'Heinrich von Kleist. Avec : Edith Clever (Julietta, Marquise d'O), Bruno Ganz (Le comte), Peter Lühr (le Colonel Lorenzo, père de la Marquise), Edda Seippel (la mère de la Marquise), Bernard Freyd (Leopardo), Otto Sander (le frère). 1h47.

M..., ville de la haute Italie; Dans un club de gentlemen on rit de l'annonce de la marquise d'O... paru dans le journal local : "La soussignée fait savoir qu'à son insu elle s'est trouvée enceinte. Le père de l'enfant qu'elle va mettre au monde est prié de se présenter. Nous sommes pour des raisons de famille décidée à l'épouser. Elle est pourtant la fille du gouverneur de la citadelle. Veuve depuis trois ans et mère de deux jeunes enfants elle était à la mort de son mari revenue vivre chez ses parents. C'est alors que la guerre contre les russes éclata.

La citadelle était en mauvaise posture et la marquise avait fui à travers champs. Elle est en passe de subir les outrages de ses vainqueurs lorsqu'un jeune lieutenant-colonel russe la sauve du déshonneur. Bientôt le père doit se rendre et le comte promet de veiller sur sa fille. Il vient la voir alors qu'elle est endormie dans une aile abandonnée du château. Au matin, le général russe rend sa liberté au père qui félicite le comte. Celui-ci refuse de dénoncer les agresseurs de la marquise mais l'un d'eux ayant été blessé et nommant ses acolytes, le général les fait fusillé. La marquise n'pas le temps de remercier son sauveur car les troupes russes quittent le château. Quelques jours plus tard, un messager apprend à la famille que le comte est mort.

La famille doit quitter le château et prendre un appartement en ville. Tout semble revenir à la normale. Tout juste Julietta a-t-elle de curieuses sensations qui lui font penser à ses grossesses précédentes. Elle en rit avec sa mère

Peu de temps après. Le comte réapparait à la stupéfaction de la famille qui le croyait mort. Il croit observer une certaine lassitude dans les traits de Julietta et lui demande de l'épouser. Il n'est pas venu auparavant car grièvement blessé puis envoyé là où l'armée avait besoin de lui. Il ne veut pas se rendre à Naples puis Constantinople sans qu'une impérieuse exigence de son âme obtienne claire réponse à sa demande d'épouser la marquise. Le père surpris mais flatté demande un délai car sa fille avait promis de ne se plus se remarier. Le comte insiste, en appelle à des circonstances impératives pour obtenir une réponse plus rapide. Le marquis ne peut que lui proposer de revenir faire sa cour au retour de Naples. Le comte ne s'en satisfait pas et, sans famille, se porte lui-même garant de sa réputation : le seul acte indigne qu'il a commis n'est connu que de lui-même et il est sur le point de le réparer. Comme le gouverneur exige un délai minimum, le comte renonce à sa mission militaire au risque d'une destitution pour rester avec Julietta. Le père et la fille, lors du diner du soir, finissent toutefois par convaincre le comte de rejoindre Naples et de revenir dès sa mission terminée avec la promesse de fiançailles proches.

Plusieurs semaines s'écoulèrent et le venter de La marquise s'est arrondi. Un médecin l'affirme enceinte et quand elle le prie de ne pas plaisanter se permet de plaisanter vulgairement sur son état. La mère et la fille n'en croient pas un mot et font appel à une sage-femme. Ses parents outragés la chassent et veulent garder ses enfants. Julietta refuse de se séparer de ses enfants et ses réfugie avec ses deux filles dans ses terres. "Révélée à elle-même par cette belle fermeté, elle sut émerger toute seule de l'abîme où le destin l'avait précipitée... Sa raison fut assez forte en ce cas inouï, pour rester entière, et se plier à la sainte et inexplicable loi de l'Univers

Décidée à accepter l'enfant mais inquiète qu'il puisse être rejeté par la société, elle prend l'initiative de faire passer dans le journal local une annonce demandant au père inconnu de se faire connaître : elle se déclare décidée à l'épouser, quel qu'il soit.

Lorsque le comte revient de Naples c'est le frère de Julietta qui lui explique qu'elle se dit enceinte à son insu. Le comte s'affirme convaincu par ce que dit la marquise. Il se rend chez elle pour lui renouveler sa demande mais elle refuse. Son frère lui montre alors le journal où elle se dit décidée à épouser le père de son enfant. Ses parents sont offusqués de cette initiative. Dans le numéro suivant du journal, un inconnu fixe à la marquise d'O un rendez-vous le 3 à onze heures du matin chez son père le gouverneur pour trouver celui qu'elle cherche. Quelques jours plus tard le gouverneur reçoit une lettre de sa fille qui ne demande pas pardon mais, prenant acte que la maison lui est fermée, demande à ce que le père de son enfant lui soit envoyé quand il se présentera. Cela met en rage le père et la mère. Celle-ci décide de tendre un piège à sa fille. Elle lui fait croire que le père est Leopardo puis devant l'innocence manifeste de sa fille, prête à admettre cette explication, s'écroule en lui demandant pardon

Le 3 à onze heures, c'est le comte qui apparaît. Epouvantée, ulcérée, la marquise le repousse : " J'entendais un scélérat mais non un diable ". Son père la convainc néanmoins d'épouser le comte dès le lendemain avec un contrat qui lui donnera tous les devoirs de l'époux sans aucun droit. Le mariage est célébré. Aussitôt après les conjoints se séparent. " Le comte pris un appartement en ville et y demeura plusieurs mois, sans mettre le pied chez le gouverneur. Mais après le baptême d'un fils, la colonelle l'invita régulièrement ". Il fait part de sa peine. Il raconte à Julietta un rêve d'enfance où il associa dans son délire lorsqu'il était blessé au cygne Thinka. Il lui avait jeté de la boue mais Thinka avait plongé dans l'eau et en était ressorti plus blanc que jamais en se rengorgeant de sa pureté. " Tu ne m'aurais pas semblé être un diable, si à ta première apparition, je ne t'avais pris pour un ange... " lui répond la comtesse Julietta en se jetant dans les bras de son époux : " Une logue suite de jeunes Russes succéda au premier. Heinrich v. Kleist"

Rohmer lit parfaitement l'allemand même s'il le parle peu. Il aime davantage Kleist que Goethe et Schiller, trop flamboyants. Lors de la vision du film personne n'osera, en France, rire à l'humour de Kleist qui est perçu comme un dieu romantique. La coproduction allemande avait mandaté un dialoguiste pour adapter la nouvelle de Kleist au cinéma. Rohmer s'oppose à ce travail : l'adaptation détruit la nouvelle. Le dialogue de Kleist lui parait bien meilleur et fournir un scénario à suivre à ligne à ligne.

Ayant refusé la surcharge du texte, Rohmer refuse aussi les accessoires baroques du décorateur. Il quitte le château prés de Nuremberg pour aller chez un loueur de meubles à Paris et remplir une camionnette de meubles Louis XVI. Rohmer montre à Margaret Menegoz le tableau de Füssli pour lui donner une idée de ce qu'il souhaite pour la scène du viol.

Le cauchemar (Johann Heinrich Füssli, 1781)
voir : forteresse

Rohmer peut choisir des acteurs de la prestigieuse Schaubühne de Berlin où exercent notttament Gruber et Peter Stein. Edith Clever sera Julietta, Marquise d'O et Bruno Ganz, le comte. Seuls, la mère et le père n'appartiennent pas à cette troupe.

Grand Prix spécial du jury à Cannes en 1976.

 

Test du DVD

Editeurs : Potemkine et Agnès B. Novembre 2013. 30 DVD et leur déclinaison blu-ray pour les 22 films restaurés HD. 200 €.

Digipack 8

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