Le jeune Oliver Twist vit dans un orphelinat de l'Angleterre victorienne. Alors qu'il ose demander un supplément de nourriture, il s'attire les foudres des directeurs, qui décident de le vendre. Oliver est placé dans une entreprise de pompes funèbres dont les affreux propriétaires ne font que le brimer. Le petit garçon décide de s'enfuir et de rejoindre Londres.
Là-bas, il fait la rencontre de jeunes voleurs, tous sous la protection d'un vieillard un peu louche, Fagin. Alors que le petit groupe l'initie à l'art du chapardage, Oliver est arrêté pour un vol qu'il n'a pas commis, sur la personne de M. Brownlow. Ce dernier se prend d'affection pour Oliver et décide de le recueillir. Mais cela n'est pas du goût de Fagin, qui craint que le jeune garçon ne s'épanche sur ses activités...
Le film s'ouvre sur la gravure qui figure en tête du premier chapitre de l'ouvrage de Blanchard Jerrold, London-a pilgrimage (1872), illustré par Gustave Doré.
La disparition de Mrs Bumble est la conséquence d'un parti pris narratif qui constitue la principale appropriation du roman par le cinéaste. Dans le roman, Mrs Bumble détient le médaillon qui a appartenu à la mère d'Oliver, une jeune femme de très bonne famille abusée par un séducteur. Le médaillon prouve l'identité d'Oliver et après quelques coups de théâtre, le jeune garçon retrouve à la fin le statut social de sa mère et une partie de sa fortune.
Dans le film, Roman Polanski ne retient aucun des éléments liant Oliver à sa famille : ni les scènes du début, montrant l'arrivée de la mère enceinte à l'asile, ni Mrs Bumble, ni le médaillon, ni le portrait qui orne le mur de Brownlow, ni le personnage de Monk, demi-frère maléfique qui poursuit Oliver de sa haine. L'Oliver Twist de Roman Polanski est un garçon sans passé, sans histoire et sans classe. Il n'est l'enjeu d'aucun complot et il n'obtiendra de la vie rien d'autre que ce que le hasard voudra bien lui donner. Il n'est personne et pourrait être tout le monde. Et ce choix d'un personnage sans racine, d'un observateur quasi neutre, cet abandon de toute référence au mélodrame familial ou au drame social recentre la narration sur l'apprentissage pur et simple de l'humanité et notamment sur le rapport Oliver- Fagin.