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Hors jeu

2006

(Offside). Avec : Sima Mobarak-Shahi (Le jeune fille du bus), Shayesteh Irani (celle qui fume), Ayda Sadeqi (la joueuse de foot), Golnaz Farmani (celle au tchador), Mahnaz Zabihi (celle déguisée en soldat), Nazanin Sediq-zadeh (la plus jeune), Safdar Samandar (le soldat d'Azerbaijan), Mohammad Kheir-abadi (le soldat de Mashad), Masoud Kheymeh-kabood (Le soldat de Téhéran). 1h33.

Un père remercie le chauffeur d'une voiture qui sur sa demande fait arrêter un car de supporters. Nous sommes le 8 mai 2006 : l'Iran est en passe de se qualifier pour la Coupe du monde de football. Et la fille de cet homme est partie sans rien dire après l'école pour se rendre au stade. Le père a beau inspecter le car, sa fille ne s'y trouve pas. Abandonné par son chauffeur, il n'a plus qu'à partir au stade avec le car.

Dans un autre car de supporters déchaînés en route vers le stade, une fille déguisée en garçon s'est discrètement glissée parmi eux. L'un la repère et prévient ses camarades qui lui demandent de la laisser tranquille. Pendant une échauffourée entre deux supporters, le garçon prévient la jeune fille de ses faibles chances d'entrer au stade interdit aux femmes et propose de l'aider. Elle refuse.

Une fois au stade, la jeune fille doit acheter un billet le double de son prix à un revendeur qui a tout de suite vu qu'il pouvait exploiter la situation. L'adolescente se rend compte qu'elle a sous-estimé la fouille intensive à l'entrée du stade. Elle est tout de suite repérée par les soldats qui l'arrêtent. L'un des soldats en profite pour utiliser le portable de la jeune fille mais refuse qu'elle appelle ses parents pour les rassurer. Elle est conduite dans un enclos à proximité immédiate des portes du stade..dans lequel elle retrouve d'autres jeunes files qui, comme elle, ont tenté sans succes de voir le match.

Les jeunes filles essaient de convaincre les soldats de les libérer. Le chef de ceux-ci craint les pénalités que lui infligerait son supérieur et qui l'empêcheraient de retourner s'occuper de son bétail. Arrive une jeune fille menottée qui avait trouvé comme camouflage un vêtement militaire mais avait eu le tord de prendre une place réservée dans la tribune officielle sans porter un uniforme d'officier.

Pour aller aux toilettes, l'une des jeunes filles est affublée d'un poster de joueur. Ces toilettes ont bien du mal à être libérées par les garçons. Ceux-ci l'aident à échapper à la surveillance de son gardien. Elle reviendra quelques temps plus tard ne voulant pas pénaliser celui-ci.

Le match se termine sur le score de 1 à 0 pour l'Iran contre l'Emirat de Bahreïn synonyme de qualification pour la coupe du monde. Le car de la police les conduit à la brigade des mœurs où elles risquent ainsi que leurs parents une sévère remontrance. Mais dans la liesse populaire, le camion est pris dans un embouteillage et les jeunes filles s'enfuient.

analysePanahi réalise à la fois un superbe documentaire sur le vécu de la censure religieuse en Iran et un très beau film choral autour de jeunes filles, fières de leur passion et prêtes à braver les lâches interdits mâles que l'on fait peser sur elles.

Le film est extrêmement bien joué et découpé. Les quarante jours de tournage ont permis cet enchaînement fluide de la description de chacune des six jeunes filles qui prennent tour à tour le devant de la scène. La jolie jeune file du début s'efface et l'on ne comprendra qu'à la fin qu'elle est moins là pour le football que pour rendre hommage à son ami mort avec une dizaine d'autres, victimes dans la cohue du match précèdent Iran- Japon.

Ce sont donc cinq autres filles, jamais nommées, que Panahi fait exister : la rebelle qui fume, la joueuse de football, l'intrépide déguisée en soldat, celle qui s'inquiète pour son oncle et la copine de la fille que le père recherche. Des liens lâches se tissent entre elles unies par la même passion désintéressée du football et par leur révolte face à la bêtise de la censure ressentie par les gardiens eux-mêmes, qu'ils acceptent avec le moins de veulerie possible. L'agissement de ces hommes commence plutôt mal : le vendeur de posters et de places d'entrée abuse de la situation en vendant le ticket le double de son prix, le premier soldat confisque le téléphone portable à son profit mais, les efforts des deux soldats pour se conduire dignement dans une situation qu'ils subissent tout autant offre un condensé d'humanité pleine d'un humour amer.

Remarquable aussi, l'utilisation du poster, achat forcé puis masque de fortune.

Mais le film donne aussi l'impression d'avoir été tourné en une seule journée et de constituer un documentaire sur ce 8 mai 2006 où l'Iran est en passe de se qualifier pour la Coupe du monde de football. Les images, toutes en vidéo numérique, ont été volées au nez et à la barbe de la censure, Panahi n'ayant évidemment pas les moyens de se payer des milliers de figurants. Certains soldats sont de vrais soldats qui ont coursé la jeune actrice. Ces plans ainsi que les rares volés aux limites du terrain dans les toilettes donnent une fièvre réaliste au documentaire alors que les clameurs du stade rendent plus cruelle encore la mise à l'écart des jeunes filles.

Jean-Luc Lacuve Le 11/06/2007

 

voir aussi :

Test du DVD Editeur : MK2, juin 2007. : Durée du film : 88’ - Durée du DVD : 120’ Version originale Stéréo et 5.1 - Sous-titres : Français et néerlandais
Alalyse du DVD

Suppléments :

  • Rencontre avec le réalisateur

  • Bande annonce

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