Editeur : MK2, juin 2007 : Durée du film : 88’ - Durée du DVD : 120’ - Version originale Stéréo et 5.1 - Sous-titres : Français et néerlandais.

LES COMPLÉMENTS 42’

  • Rencontre avec le réalisateur
  • Bande annonce


Un père remercie le chauffeur d'une voiture qui sur sa demande fait arrêter un car de supporters. Nous sommes le 8 Mai 2006 : l'Iran est en passe de se qualifier pour la Coupe du monde de football. Et la fille de cet homme est partie sans rien dire après l'école pour se rendre au stade....

Panahi réalise à la fois un superbe documentaire sur le vécu de la censure religieuse en Iran et un très beau film choral autour de jeunes filles, fières de leur passion et prêtes à braver les lâches interdits mâles que l'on fait peser sur elles (voir critique).

Dans la rencontre avec Jafar Panahi réalisée par Louis Danvers et Malik Jeddi et proposée en bonus, le cinéaste dit avoir été inspiré par le désir de sa propre fille d'assister à un match de foot. Elle en avait été empêchée par les gardes mais avait réussit à contourner l'interdiction pour rejoindre son père.

Panahi a souhaité donner l'impression que le film a été tourné en un jour. C'est le cas pour le début, le milieu et la fin pour d'évidentes raisons financières car il n'a pas les moyens de mobiliser des milliers de figurants.

Panahi explique le système de censure avec une première commission du scénario qui impose des scènes à enlever ou à rajouter puis une deuxième commission une fois le film terminé avec également des coupes ou des rajouts.

Il décide de proposer à la censure une version vidéo car elle est moins stricte que pour un film en 35 mm, de donner un faux scénario où il n'y avait pas de filles et de donner un autre nom que le sien comme réalisateur car, interdit deux fois, il aurait subi une sévérité injustifiée.

Le tournage s'est déroulé sur quarante jours. Cinq jours avant la fin, un quotidien annonce que Panahi fait un film sur le football. Il doit alors se cacher mais heureusement ces cinq derniers jours sont consacrés aux scènes dans le bus sur une petite route à l'écart de Téhéran. Panahi s'est ensuite enfui en France pour monter le son et réaliser la post production.

Panahi ignorait si l'Iran allait gagner ou non ce match contre l'Emirat de Bahreïn et avait donc prévu deux fins possibles. Celle-ci est la plus heureuse et correspond au désir de Panahi... fervent admirateur de l'équipe d'Iran.


Tous les acteurs sont des débutants, sans aucune expérience devant la caméra. Les jeunes filles sont des étudiantes en cinéma ou en art dramatique. Le soldat azéri ne parlait pas bien le farsi et Panahi a utilisé son besoin de réflexion pour retraduire le texte de sa langue vers le farsi pour en faire un personnage travaillé par ses contradictions entre la défense de son métier d'agriculteur et sa sympathie pour ces jeunes filles. La plus grande difficulté est qu'un amateur ne sait pas garder la même émotion sur plusieurs jours de tournage. C'est au metteur en scène de veiller à cette continuité dans la direction d'acteurs.


Panahi avait prévu plusieurs découpages. Il se dit influencé par ses études de cinéma et la méthode de Hitchcock. Mais dit-il, le résultat est terne dans les documentaires ou les films sociaux comme le sien. Il importe de savoir donner du sens à l'imprévu.

Son idéal pour l'Iran est que chacun puisse vivre avec les autres dans la liberté et le bonheur. Cette touche d'humour social un peu amer, on le retrouve dans l'hymne final chanté par les supporters. Créé il y a soixante ans quand un poète du nom de Golgolab a quitté sa maison et a vu un soldat étranger importuner un de ses compatriotes. Il fait référence à l'Iran profond sans référence au régime politique. Entièrement en farsi sans arabe ni anglais, il exalte un patriotisme ni racial, ni ethnique, ni national, ni religieux. C'est une renaissance de la grande culture perse bien avant que les religieux ne l'aie réduit à une république islamiste parmi d'autres.


Panahi conclut en se disant persuadé que l'on fait un film en se posant la question : "Quand je fais un film, est-ce que je peux dire qu'il est de moi ? " Il ne doit ni chercher à plaire, ni à la censure, ni à la critique ni au public. Après, on se pose ces questions : comment montrer le film au public ? A qui va-t-il plaire ? Mais les deux phases doivent être séparées.


 
présente
 
Hors jeu de Jafar Panahi