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Choeur de Tokyo

1931

Voir : Photogrammes
Thème : Le couple

(Tokyo no gassho/Tokyo no kôrasu). Avec : Tokihiko Okada (Shinji Okajima), Emiko Yagumo (sa femme), Hideo Sugawara (son fils), Hideko Takamine (sa fille), Tatsuo Saito (Le professeur de gymnastique), Chouko Iida (Mme Omura), Takeshi Sakamoto ( le viel employé), Reiko Tani (Le patron), Kenichi Miyajima (son secrétaire). 1h30.

Un cours de gymnastique ; les élèves sont espiègles et le professeur note sur un calepin le nom des élèves dissipés. Le jeune Okajima a gardé sa veste et le professeur lui ordonne de l'enlever. Il revient penaud car il n'a rien en dessous et est victime des puces.

Mais ce temps est maintenant passé et Shinji Okajima est employé dans une compagnie d'assurance. La situation économique est difficile mais il a bon espoir de ramener un mois de prime qui permettra à la famille d'acheter un vélo pour le fils aîné. Okajima obtient sa prime mais, de retour à sa place, son collègue âgé lui apprend que lui est viré car il a assuré deux clients qui sont morts presque immédiatement. Cette malchance coûteuse pour la compagnie est la cause de son renvoi. Okajima est révolté par cette injustice et rameute ses collègues qui sont tous d'accord pour que l'employé puisse négocier avec son patron. Celui qui parle le plus fort refuse toutefois d'aller voir le patron et c'est Okajima qui s'en charge. Son attitude ne plaît pas à son patron qui, devant la colère de son employé le renvoie. Okajima essaie de prendre la chose à la légère et demande au collègue pour qui il s 'est vainement battu de l'accompagner acheter un vélo.

Ce vélo est impatiemment attendu par son fils qui doit user de ruse pour emprunter brièvement le vélo d'un de ses camarades. Et c'est plein d'espoir qu'il voit arriver son père. Mais, au lieu du vélo promis, Okajima tend à son fils une trottinette que celui-ci rejette violemment lorsqu'il comprend qu'elle est censée remplacer le vélo. Les cajoleries d'Okajima n'y changeront rien, le fils insiste pour avoir son vélo. Il insiste tant et tant que Okajima, excédé, lui administre une violente correction.

De retour, la mère prend fait et cause pour son fils ne comprenant pas que son mari ne tienne pas promesse. Et celui-ci doit bientôt avouer qu'il est licencié. Il accepte néanmoins d'acheter un vélo son fils qui le désire tant.

Okajima se rend régulièrement à Tokyo chercher du travail mais n'en trouve pas. Il voit son ancien collègue réduit à l'état d'homme sandwich.

De retour chez lui, il apprend que sa fille est victime de dysenterie pour avoir mangé une brioche offerte par sa femme. Celle-ci n'ose l'envoyer à l'hôpital, trop coûteux pour leurs moyens actuels. Mais Ojkajima ne veut prendre aucun risque et insiste pour sa fille soit soignée à l'hôpital. Dans celui-ci, où ils se retrouvent tous, le médecin les rassure sur l'état de santé de la fille qui ne craint plus rien.

De retour à la maison, la femme constate que les affaires de la commode ont disparu. Le père lui intime l'ordre de ne pas troubler le jeu auquel il s'adonne avec ses enfants. Sans doute a-t-il vendu ces vêtements pour payer les frais d'hôpital mais qu'importe puisque les enfants sont en bonne santé. La mère approuve et vient rejoindre la ronde familiale.

Okajima est de nouveau à la recherche d'un travail. Il rencontre par hasard son ancien professeur de gymnastique que se propose de l'aider. Il l'invite chez lui où avec sa femme il tient un restaurant "un repas équilibré vaut un repas complet". Il lui demande dans un premier temps de l'aider à porter des calicots et distribuer des affichettes. Ojkajima répugne à ce travail honteux et harassant. Sa femme et ses enfants s'étant rendu à Tokyo l'ont aperçu faisant ce travail. Sa femme le lui reproche amèrement. Okajima lui explique que ce n'est qu'un pis-aller en attendant mieux. Sa femme comprend et vient faire la cuisine dans le restaurant.

Un soir, les anciens élèves viennent fêter leur vieux maître. Celui-ci les reçoit joyeusement non sans leur avoir demandé de participer aux frais. Au cours de la fête, on vient apporter une lettre au patron. Un de ses collègues lui annonce qu'une place de professeur d'anglais est libre dans son collège de filles.

Même si le poste est dans un autre département, Okajima accepte avec joie. Les deux époux appréhendent toutefois cette séparation se demandant s'ils n'ont pas vécu là leurs jours les plus heureux.

La dysenterie, qui peut être mortelle pour un enfant, est une menace qui pesait déjà sur Femme d'une nuit (1929) et que l'on retrouvera dans Une auberge à Tokyo (1935).

Même si la mort épargne toujours les enfants chez Ozu, elle n'en conduit pas moins les parents à des gestes extrêmes lorsque, trop pauvres, ils ne peuvent payer les soins d'hospitalisation. Ici, Okajima a encore quelques économies. Il sera simplement, si l'on peut dire, contraint de vendre les vêtements de la famille.

Le moment où sa femme découvre cette disparition des vêtements est l'un des plus beaux du film. Interloquée, elle regarde son mari qui joue avec les enfants. Elle comprend son geste et sa joie de se savoir tous réunis en famille, la menace mortelle s'étant éloigné. Elle rejoint la ronde du jeu.

découverte (voir : vide)
découverte (voir : larme)

L'ensemble des annotions psychologiques très fines qui passent sur les visages des époux Okajima est balayé par le rythme endiablé de la ronde enfantine.

Cette obstination à continuer le cycle de la vie, Okajima l'accomplit en souriant toujours avec une abnégation qui rendrait courage à n'importe quel spectateur.

Les enfants sont, comme d'habitude, exigeants. La colère du fils est ici compréhensible ne connaissant pas le licenciement de son père et subissant durement son exclusion du groupe des autres enfants. La correction que lui administre Okajima est d'autant plus émouvante ainsi que le regret qui suit et sa volonté de faire plaisir à son fils quoi qu'il dû en coûter aux finances de la famille.

Très fine analyse des frustrations du couple mais aussi de la chaleur possible de leurs relations.

Jean-Luc Lacuve le 28/02/2007

critique du DVD Editeur : Carlotta-Films. Février 2007. Langue : japonais. Sous-titres : français. Son : mono. Format : 1,37.
critique du DVD

Coffret 5+1 films : J'ai été diplômé, mais… (1929), Choeur de Tokyo (1931), Une auberge à Tokyo (1935), Été précoce (1951), Le Goût du riz au thé vert (1952), Printemps précoce (1956).

 

 
critique du DVD Editeur : Carlotta-Films. Avril 2014. Coffret 14 films, 12 DVD. Intertitres et langue : japonais, sous-titres : français. 60,19 €.

Choeur de Tokyo (1931), Où sont les rêves de jeunesse ? (1932), Une femme de Tokyo (1933), Histoire d'herbes flottantes (1934),Une auberge à Tokyo (1935), Le fils unique (1936), Il était un père (1942), Récit d'un propriétaire (1947), Printemps tardif (1949), Été précoce (1951), Le Goût du riz au thé vert (1952), Voyage à Tokyo (1953), Printemps précoce (1956), Crépuscule à Tokyo (1957).

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