Sur le quai d'un port, un homme attend devant un bateau avant de s'éloigner. Sous l'arche d'une ruelle la nuit, un homme semble en étrangler un autre, une silhouette s'enfuit.
C'est le soir et Sofia s'inquiète. Le père n'est pas rentré. Elle regarde dans la rue puis revient et dispose à la demande de la mère un châle pour le protéger du froid quand il rentrera. La mère semble un peu perdue, répétant les mêmes interrogations et souhaitant d'autant plus le retour de son mari qu'il doit enfin lui donner des nouvelles de leur fils Joao. Aussi quand Gebo entre elle le harcelle. Gebo consent à admettre que son correspondant lui a donné de bonnes nouvelles de leur fils, Joao, parti depuis huit ans. Lui et Sofia savent que Joao n'a jamais donné de nouvelles; Pire Gebo l'a vu une nuit dans une ruelle semblant étrangler un étranger puis 'enfuyant. Mais pour satisfaire sa femme, il lui fait croire qu'il obtient régulièrement des nouvelles et reste ainsi un fils attentionné.
Malgré l'âge et la fatigue, Gebo poursuit ainsi son activité de comptable pour nourrir sa famille et supporte sa femme à laquelle il ment pour la rendre heureuse tant elle ne vit plus qua dans l'attente passionnée de son fils. Son absence l'a aigri et elle s'en prend à Sofia, sa belle-fille qu'elle insulte à la troisième personne comme si celle-ci était absente, alors qu'elle est juste derrière elle. Gebo apprécie sa belle-fille qu'il recueillie toute enfant et qui l'aide à amadouer sa femme
Le soir tard survient Joao qui se moque de la triste misère dans laquelle il retrouve sa famille. Il ne s'assoit à côté de son père que pour mieux en rire.
Le lendemain, Candidinha la vielle voisine et Chamiço, l'artiste, metteur en scène de théâtre, l'ami de toujours veinent rendre visite à la famille les félicitant d'être de nouveau réunis. Gebo dit qu'il ne rêve pas mieux que vivre ainsi toujours. Il a ramené une serviette contenant 7500 escudos et Candidinha évoque ce qu'elle ferait de cette somme.
Le soir Joao vole cet argent et n'hésite pas à jeter Sofia au sol quand elle s'interpose. Celle-ci aura beau aller prier dans la rue, ses yeux plein de larmes n'y changeront rien. Seul un ivrogne matchera, saoul devant leur porte.
Apres trois jours, la police vient chez eux. Gebo s'accuse du vol. Le soleil l'éclaire enfin.
Sans doute le film est plus retors qu'il n'y parait et pourrait constituer un appel à la révolte des pauvres gens puisque, Gebo en fait le constat, un seul choix s'offre à l'homme : souffrir ou s'enrichir.
Sont abordés tous les petits riens qui peuvent rendre les pauvres heureux, la chaleur d'une conversation de bon voisinage, l'odeur du café et des gâteaux, la répétition satisfaite des mêmes gestes, la prière pleine de larmes à la vierge. C'est tout cela que tente de sauver Gebo alors que sa femme court vers le naufrage en rêvant d'une réconciliation et d'un retour qui ne viendront que pour mieux les quitter. Joao exprime la révolte de celui qui ne veut pas se résigner à rester pauvre.
Gebo a vu, dans l'ombre, son fils dérober une valise, ou a-t-il lui-même dérobé la valise ou l'a-t-il ramené dans le seul but qu'elle soit volée par son fils ? Qu'il la mette sous le nez de son fils avec l'indication de la somme mirobolante qu'elle contient est incontestablement un appel au vol que Gebo lance à son fils. Le soleil qui perce enfin quand la police vient l'arrêter après des jours de pluie et d'orage sonne comme une délivrance. Sans doute cette délivrance le conduira en prison. Du moins s'est-il défait pour son fils de la résignation qui aurait conduit celui-ci à la même triste vie que la sienne.
Jean-Luc Lacuve le 31/09/2012.