Khmyr, un paysan naïf par à la recherche du bonheur dans la Russie tsariste, puis dans la Russie soviétique finit par le trouver, après bien des vicissitudes en rejoignant un kolkhoze.
Alexandre Medvedkine a su mêler ici pamphlet et comédie, discours politique et farce, détails quotidiens très concrets et une certaine imagerie dEpinal russe qui puise dans la tradition des arts populaires. La force des images, lart du plan, le sens du rythme et des situations de Medvedkine achèvent de faire dde ce film l'un des plus singuliers de lhistoire du cinéma.
Il se présente comme un conte populaire où Khmyr cherche son bonheur là où il ne peut se trouver, cela dans le cadre dévénements souvent fantastiques, mais dont le caractère insolite est justifié par des associations didées historiques ou psychologiques de la plus grande précision. Une quête de la vitalité et de la liberté où le bonheur de lindividu soppose à celui de la collectivité. Khmyr dérange parce quil est incapable de suivre la « triste humanité ». La dernière image du film de Medvedkine est un plan serré sur ce paysan et sa femme qui rient de ce quil leur arrive. Ils rient, et nous donnent ainsi limage dun bonheur possible.
Malgré les personnages stylisés il y a dans le caractère de chacun dentre eux quelque chose de très authentique, puisé à la réalité quotidienne. Lune des plus belles découvertes de Medvedkine dans ce film, ce sont les masques des soldats tsaristes où est figée une expression de vénération, la bouche ouverte comme pour crier ce « hourra ». Lorsquils marchent au pas, il ny a là rien dextraordinaire. Mais lorsquils gardent cette expression figée en saisissant à bras le corps un Khmyr bien décidé à mourir, pour le mener au cachot, on voit apparaître une situation sinistre à travers la loufoquerie.
Animateur du collectif d'extrême gauche Slon, Chris Marker réalisa en 1993, après la mort dAlexandre Medvedkine, Le Tombeau d'Alexandre, portrait hommage au réalisateur soviétique et méditation sur l'histoire de l'ex-URSS, composé d'archives photographiques, de témoignages, d'extraits de films. Chris marker a réalisé la sonorisation et les intertitres de la version française.
Editeur : Montparnasse, avril 2009. Format : 1.37.
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Première vague des classiques du cinéma russe.
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