Fin du XVIIe siècle : Anne de Grandcamp et Lucie de Fontenelle, deux petites Normandes, arrivent à l'école de Saint-Cyr, créée par Mme de Maintenon pour éduquer les filles de la noblesse ruinée par les guerres et en faire des femmes libres. Mais après une vie d'avilissements et d'intrigues, Mme de Maintenon craint les feux de l'enfer. Elle s'en remet alors à un homme d'Eglise pour ramener l'école sur le chemin de la pureté, quitte à renier ses promesses de liberté.
Premier film du producteur Denis Freyd qui fait appel à Patricia Mazuy pour un film en costume sur l'émancipation féminine. Patricia Mazuy croit d'abord qu'elle réalisera un film sur l'école militaire mais garde l'idée d'un Full metal jacket en jupon. Le projet de Maintenon est en effet de former des petites guerrières, d'émanciper les femmes en les rendant aussi fortes que les hommes. C'est la musique de John Cale, avec ses trompettes et ses tambours, qui rend continûment cette impression de film de guerre. Patricia Mazuy ne voulait ni d'une musique baroque qu'elle trouve trop froide, même d'origine espagnole ni d'une musique postromantique (De Hermann à Desplat) et préfère complètement changer en travaillant avec John Cale qui retire les violons et lui trouve cinq musiciens de haut vol à New York pour enregistrer toute la partition, chacun jouant de plusieurs instruments.
Pour figurer l'espace de liberté qu'est d'abord l'école, Patricia Mazuy fait construire deux grandes colonnes marquant l'entrée du domaine où l'on n'est pas enfermé. C'est le seul décor construit permis par le budget mais Patricia Mazuy tient absolument à tourner dans construction neuves, équivalent de la nouveauté pour l'époque du projet neuf du La Maintenon qui emménagea d'ailleurs dans un bâtiment où les maçons étaient encore au travail. Même volonté de montrer une cour rude et pas mignonne. 25 filles, 10 de la première époque et 15 plus grandes ont été sélectionnées après des mois de casting et de répétitions. Les costumes ne sont pas réalistes, beaux et utopiques, non pas le bonnet mais une fontange, grossis qui font apparaitre les jeunes filles comme des oiseaux du paradis.
Patricia Mazuy c'est davantage appuyée sur les faits historiques que sur le roman. La Maintenon historique était sans doute moins sexy et n'avait aucun humour. Lors de la représentation d'Esther, elle se rend compte qu'elle a fait des courtisanes et elle referme tout ; le projet utopique devient prison et elle veut offrir les gamines en cadeau à Dieu parce qu'elle s'en veut d'être une courtisane. Mazuy fait ainsi de la Maintenon une Maman et la putain historique. L'actrice sauve le personnage bien qu'elle finisse par jouer le rôle d'une mère destructrice. Le film aurait pu s'appeler Les forces de la nature, La Maintenon ne prend pas en compte ces forces.
Editeur : Blaq out. Avril 2014. 15 €.
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