Un financier véreux, Nicolas Saccard, est rudement concurrencé dans ses spéculations boursières par le banquier Gunderman, homme plus avisé et plus honnête. Acculé à la ruine, Saccard joue son va-tout sur l'aviateur Jacques Hamelin, un brave garçon qui possède une option sur des terrains pétrolifères en Guyane. Sa cote remonte d'un coup. Le jeune homme est porté à la vice-présidence de la société et s'apprête à accomplir un raid aérien particulièrement audacieux.
La presse s'en mêle, les actions s'enlèvent par paquets. La T.S.F. annonce que l'avion du héros s'est abattu en flammes. Fausse nouvelle, que Saccard se garde bien de démentir. Sans égard pour l'épouse éplorée de l'aviateur, il consolide encore ses positions.
Mais sa goujaterie et sa cupidité vont le perdre. Line Hamelin, poussée par l'ancienne maîtresse de Saccard, l'intrigante baronne Sandorf, jette sur le marché un gros paquet d'actions. C'est la déroute. Convaincu de tripotages, Saccard est emprisonné, tandis qu'Hamelin, un instant compromis, est acquitté.
Pour Noël Burch, L'argent est le meilleur film de L'Herbier et un des tous meilleurs films muets. Pas aussi parfait que Loulou de Pabst mais du même niveau que Le Mabuse de Lang ou La roue de Gance.
Noël Burch aime l'entrain, l'enthousiasme et même l'ostentation dans les mouvements de caméra. Saccard, le méchant, est le personnage le plus sympathique du film, le seul qui désire, qui a un corps. Dans la scène du tapis, Saccard se repaît de la pauvreté des Hamelin. Son désir érotique prévoit le chantage sexuel, le même que celui du Forfaiture de De Mille, auquel il pourra soumettre la jeune femme.
Le couple des Hamelin est un couple de mélodrame avec
un mari aveugle proche du naturalisme de Stroheim.
La bourse est laissée à l'Herbier pendant les trois jours des vacances de l'Assomption. Le budget passe de 3 à 5 millions de francs ce qui ira jusqu'à générer le pugilat dans le bureau de Jean Sapene.
L'herbier refuse d'avoir à demander l'aval des héritiers Zola. Il fait campagne dans la presse : "Adapter c'est créer" écrit-il rappelant les exemples de Molière avec Don Juan de Corneille avec Le cid, de Goethe avec Faust qui avaient toute liberté pour transformer le matériel de départ.
D'après le roman d'Emile Zola. Avec : Pierre Alcover (Nicolas Saccard), Brigitte Helm (La Barone Sandorf), Marie Glory (Line Hamelin), Yvette Guilbert (La Méchain), , Alfred Abel (Alphonse Gunderman). 2h44.