Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

Les sept samouraïs

1954

Voir : Photogrammes
Genre : Aventures

(Shichinin no samurai). Avec : Takashi Shimura (Kanbei, le chef des samouraïs), Toshiro Mifune (Kikuchiyo, le paysan samouraï), Yoshio Inaba (Gorobei), Seiji Miyaguchi (Kyuzo, maître de sabre), Minoru Chiaki (Eikachi), Daisuke Kato (Shichiroji), Isao Kimura (Katsushiro), Kamatari Fujiwara (Manzo), Bokuzen Hidari (Yohei), Kuninori Kodo (Gisaku), Yoshio Kosugi (Mosuke), Keiko Tsushima (Shino), Shimpei Takagi (le chef des bandits). 3h20.

En 1586 à l'époque Sengoku, dans un Japon médiéval ravagé par des guerres civiles, les paysans sont fréquemment opprimés par des guerriers qui les rançonnent. Une troupe de bandits à cheval s'apprête à attaquer un village lorsque l'un d'entre eux se rappelle qu'ils en ont déjà raflé le riz à l'automne. Leur chef décide de reporter l'attaque et d'attendre la prochaine récolte. Yohei, un paysan qui a surpris la discussion, court aussitôt avertir les autres villageois. Réunis sur la place centrale, ils sont effondrés ; les uns se lamentent tandis que d'autres cherchent vainement des solutions. Ils finissent par consulter Gisaku, l'Ancien du village. À la surprise de tous, celui-ci est du même avis que Rikichi et conseille d'engager des samouraïs pour défendre le village.

Quatre villageois partent donc dans le bourg le plus proche pour recruter des samouraïs. La tâche s'annonce délicate : le premier qu'ils abordent est offusqué et refuse en bousculant violemment Rikichi, invoquant une question d'honneur. Dix jours passent et le découragement gagne les paysans qui finissent par se disputer.

Ils sont alors témoins d'un évènement qui provoque un attroupement : un vieux samouraï, Kanbei, a accepté de sauver un enfant qu'un voleur retient en otage dans une grange. Il se fait raser le crâne et se déguise en bonze afin de déjouer la méfiance du bandit, qu'il tue. Alors que les paysans suivent Kanbei, bien décidés à l'aborder, ils sont devancés par deux samouraïs qui se trouvaient parmi la foule ayant assisté à la scène. Katsushiro, le plus jeune, implore respectueusement Kanbei de le prendre comme disciple, mais celui-ci, annonçant qu'il est un ronin, cherche à l'en dissuader et refuse son offre. Kikuchiyo, l'autre guerrier, s'approche à son tour : ses manières rustres et son allure de fanfaron déplaisent au vieux samouraï qui s'en détourne et s'éloigne avec Katsushiro.

Les paysans parviennent enfin à lui faire leur demande mais Kanbei est perplexe : il estime qu'au moins sept samouraïs seront nécessaires pour défendre le village, alors que Gisaku n'avait demandé de n'en engager que quatre. Kanbei semble sur le point de refuser, évoquant à la fois sa lassitude des combats et la difficulté de recruter autant de bons samouraïs contre la seule récompense de repas, mais l'intervention d'un ouvrier lui fait alors prendre conscience du sacrifice consenti par les paysans : ceux-ci offrent du riz aux samouraïs alors qu'eux-mêmes ne se nourrissent que de millet. Kanbei accepte ainsi de les aider.

Deux paysans, dont Manzo, retournent au village pour annoncer la nouvelle. Gisaku n'est pas étonné de devoir recruter sept samouraïs et avoue même avoir pensé qu'il en fallait dix. Au bourg, les recherches se poursuivent : Gorobei accepte le premier, avant tout pour la personnalité de Kanbei, lequel est ensuite rejoint par Shichiroji, un de ses anciens compagnons d'armes. Gorobei rencontre par hasard Heihachi, un samouraï plein d'humour et de bon sens, qui fend le bois d'un aubergiste en échange de nourriture. Kanbei et Katsushiro sont enfin témoins d'un duel entre deux samouraïs, facilement gagné par Kyuzo dont la maîtrise impressionne les deux hommes, mais ce dernier refuse dans un premier temps la proposition de Kanbei.

Le soir venu, Kanbei déclare ne pas considérer Katsushiro comme un membre de l'équipe, à cause de son trop jeune âge, mais Rikichi, soutenu par les autres samouraïs, parvient à le faire changer d'avis. Kyuzo apparaît alors sur le pas de la porte et les informe laconiquement qu'il a finalement décidé de les rejoindre. L'ouvrier déjà intervenu plus tôt fait alors irruption en annonçant avoir trouvé un samouraï féroce. Il s'agit en fait de Kikuchiyo, qui arrive saoul et tente vainement de prouver à Kanbei qu'il est un vrai samouraï, à l'aide d'un makimono qui mentionne la généalogie d'une famille de samouraïs. Il parvient seulement à provoquer l'hilarité de Kanbei et de ses compagnons car la personne dont il revendique l'identité est censée avoir treize ans et porter un prénom féminin.

Kanbei décide de partir pour le village dès le lendemain bien qu'ils ne soient que six. Pendant ce temps, au village, Manzo coupe de force les cheveux de sa fille, Shino, et lui ordonne de s'habiller en garçon, pour la protéger du danger que représentent à ses yeux les samouraïs. Cet acte, commis par un des paysans ayant participé au recrutement, ne passe pas inaperçu et provoque une grande inquiétude chez les autres villageois. De leur côté, les samouraïs se mettent en route, accompagnés par Kikuchiyo qui s'entête à les suivre malgré leur évident désaccord.

À l'annonce de leur arrivée au village, au lieu de les accueillir, tous les paysans courent se cacher, laissant la place déserte. Tandis que Gisaku reçoit Kanbei et ses hommes, une alerte retentit soudain : les villageois affolés sortent des maisons et se pressent autour des samouraïs, accourus aussitôt. Il s'agit en réalité d'une fausse alerte feinte par Kikuchiyo qui s'adresse de façon railleuse aux paysans pour les sermonner. Ayant ainsi démontré son utilité, il est finalement admis parmi les samouraïs qui sont dorénavant au nombre de sept.

Le lendemain, Kanbei et Gorobei, accompagnés par Katsushiro, inspectent les lieux avec une carte, afin de déterminer la tactique défensive à adopter, pendant que les autres samouraïs préparent les paysans au combat. Katsushiro, qui s'est éloigné pour contempler la nature, croise Shino, qu'il prend d'abord pour un jeune homme cherchant à se soustraire à l'entraînement. En se jetant sur elle pour la maîtriser, le jeune samouraï réalise qu'elle est une femme. Tous deux restent troublés par cette rencontre. Kikuchiyo découvre chez Manzo un stock d'armes et d'armures qu'il ramène fièrement à ses compagnons. Ils s'en indignent car elles ont certainement été prises à des samouraïs vaincus tués par les paysans. Kikuchiyo, vexé, laisse exploser sa colère dressant un portrait peu flatteur des paysans, affublés de tous les vices, qu'il justifie cependant par les exactions dont les samouraïs sont fréquemment coupables. Kanbei, ému, comprend alors qu'il est fils de paysan. Secoué, Kikuchiyo s'isole et vient finalement passer la nuit dans la grange en compagnie de Rikichi (qui loge les samouraïs dans sa propre maison).

Plus tard, Kyuzo surprend Katsushiro venu en cachette donner du riz à Shino qui préfère l'apporter à une vieille femme indigente. Apprenant cela, les samouraïs prennent conscience de la condition misérable des villageois. Leur générosité les pousse à redistribuer une partie de leur ration de riz aux enfants du village. En aparté, Katsushiro remercie Kyuzo de ne pas avoir révélé ses rapports avec Shino. Les samouraïs, après s'être enquis de la date et de la durée des récoltes, exposent leur stratégie : après la moisson, les champs seront inondés, un pont devra être détruit et les quelques maisons situées de l'autre côté de la rive seront évacuées. Ceci émeut leurs habitants qui songent à se défendre seuls mais Kanbei rappelle à tous avec autorité que l'intérêt collectif doit l'emporter sur les préoccupations individuelles. La moisson s'organise ensuite par groupe, sous la protection des samouraïs postés dans les champs. La vue des nombreuses femmes, jalousement cachées jusque-là et sortant pour travailler dans les champs, rend Kikuchiyo euphorique. Avec humour, Heihachi conseille à Rikichi de se marier car les couples, dit-il, travaillent mieux ; Rikichi est violemment bouleversé par cette remarque sans que les samouraïs parviennent à en connaître la raison.

Après la moisson, les paysans fortifient sommairement le village et creusent un fossé qu'ils inondent. Lors du battage, ils s'étonnent que les bandits ne soient pas encore venus et imaginent même qu'ils puissent ne pas venir du tout, mais Kanbei est persuadé qu'il faut rester vigilant. Katsushiro et Shino continuent de se voir secrètement dans le bois. Un hennissement les alerte et les amène à découvrir la présence de trois cavaliers sur la colline. Katsushiro se précipite pour en informer Kanbei, déjà prévenu par Shichijori. La nouvelle se répand et la panique menace de s'emparer des villageois. Les trois hommes, que Kanbei identifie aussitôt comme des éclaireurs, ont manifestement remarqué la présence des samouraïs et ces derniers décident donc de les intercepter. Deux d'entre eux sont tués et le troisième est interrogé avant que les villageois ne le lynchent.

À partir des indications recueillies, les samouraïs décident de monter une expédition contre les bandits afin de réduire leur nombre, estimé a priori à quarante. Kyuzo, Heihachi et Kikuchiyo guidés par Rikichi, chevauchent jusqu'à leur camp qu'ils atteignent au petit matin. Ils mettent le feu aux bâtiments à l'intérieur desquels dorment les bandits, mais aussi des jeunes femmes. L'une d'entre elles, à l'air profondément mélancolique, aperçoit les premières flammes mais se garde stoïquement de donner l'alarme. Les samouraïs sabrent les brigands qui sortent dans une grande confusion pour fuir l'incendie qui se propage. Alors qu'ils s'apprêtent à se replier, la femme, qui sans le savoir les a aidés, apparaît sur le seuil d'une des bâtisses en flammes : Rikichi se rue à sa rencontre mais en le reconnaissant, celle qui est en réalité son épouse, enlevée par les bandits, préfère retourner dans le brasier. Il tente désespérément de la rejoindre, et c'est en cherchant à l'en empêcher que Heihachi est touché par un tir d'arquebuse, et succombe à sa blessure.

Tous au village se sont rassemblés pour rendre un dernier hommage à Heihachi. Kikuchiyo va chercher l'étendard que celui-ci avait confectionné pour les représenter, paysans et samouraïs, unis. Le bruit de cet étendard flottant au vent se confond soudain avec celui, venant de la montagne, de chevaux au galop : les bandits apparaissent sur la crête et dévalent la pente mais ils sont bloqués par les barricades et le fossé inondé. Les samouraïs dénombrent trente-trois brigands et trois fusils en leur possession. Gorobei abat l'un d'eux d'une flèche et s'étonne que Kanbei ait décidé de laisser un passage non protégé au nord ; celui-ci lui répond que toute forteresse a besoin d'un point faible pour attirer l'ennemi. Les villageois détruisent le pont sous la supervision de Kikuchiyo. Celui-ci autorise un jeune couple avec enfant à traverser vers le mauvais côté pour rejoindre Gisaku, resté dans le moulin avec la volonté d'y mourir. Un peu plus tard, les bandits mettent le feu aux maisons abandonnées et Kikuchiyo tente de sauver Gisaku et sa famille. Il ne peut secourir que l'enfant du jeune couple en sanglots. Effondré, il révèle à Kanbei sa véritable nature : lui aussi, comme cet enfant, a été orphelin.

La nuit, des bandits essaient de pénétrer dans le village mais ils sont facilement maîtrisés et six sont tués. Kanbei est persuadé qu'une attaque sera lancée au nord le matin suivant et préconise une tactique à suivre pour les laisser entrer par petits groupes et les tuer un à un pendant que le gros de l'armée des brigands se verra la route coupée. Le problème, ce sont les fusils qui peuvent les décimer de loin. En attendant l'aube, Kyuzo se charge de dérober un des fusils en s'infiltrant dans le camp des bandits. Lorsqu'il revient en annonçant aussi la mort de deux bandits, Katsushiro lui avoue son admiration.

L'attaque intervient comme prévu et la stratégie de Kanbei fonctionne. Les bandits cessent leurs offensives après plusieurs échecs. Le village fait le bilan et se repose. Kikuchiyo s'aventure dans les bois sans en avertir les autres : il voit le chef des brigands tuer ceux qui tentent de fuir, puis il dérobe un autre fusil. À son retour, Kanbei le réprimande pour son acte isolé.

Quelques bandits parviennent alors à entrer dans le village et à tuer plusieurs villageois, dont Yohei. D'autre part, Gorobei est tué d'un coup de fusil à la lisière du village. Le soir, Kanbei note que le bilan est désormais plus lourd pour le village et qu'il reste encore treize bandits. Kyuzo et Kanbei s'inquiètent de la fatigue qui guette les villageois, même si les bandits ont eux aussi besoin de répit. Les paysans leur offrent du saké et de la nourriture, puis Kanbei va réconforter Kikuchiyo, qui est resté près des tombes. Katsuhiro rencontre Shino, qui s'effondre dans ses bras, pendant que Manzo cherche sa fille. Celui-ci surprend alors les deux amoureux sortir de la même maison. Alors que Shino a l'air apaisée et heureuse, son père se précipite sur elle avec fureur. Kanbei, qui passe par là, retient les coups de Manzo. Les cris ont ameuté d'autres villageois, Shichijori puis Rikichi demandent à Manzo de faire preuve de tolérance. La pluie s'abat alors sur le village et tout le monde se retire peu à peu, laissant Shino en pleurs et Katsuhiro immobile et muet, en retrait.

Au matin, Kanbei conseille de laisser entrer les derniers brigands pour pouvoir les encercler au carrefour du village. Kikuchiyo et Kanbei en tuent près de la moitié dès les premiers instants. Le chef des bandits se réfugie dans la maison où sont regroupées les femmes. De là, il tue Kyuzo d'un coup de fusil dans le dos. Kikuchiyo se précipite à l'intérieur où il est lui aussi gravement touché mais il poursuit son effort pour tuer le chef avant de succomber à son tour. Katsuhiro est désespéré et veut venger la mort de Kyuzo et de Kikuchiyo, mais Kanbei lui annonce que tous les bandits sont morts.

La bataille est terminée. Des sept samouraïs, seuls Kanbei, Katsuhiro et Shichijori ont survécu ; mais le village est sauvé. La vie quotidienne peut finalement reprendre son cours. Les femmes piquent les champs de riz en chantant au rythme de la musique jouée par les hommes. Les trois samouraïs observent cette scène de loin, en quittant le village. Alors qu'ils marquent un arrêt vers les tombes, Katsuhiro croise Shino. Ils échangent un regard mais Shino rejoint les autres paysannes dans le champ. Kanbei constate que les paysans ont gagné ce combat mais pas eux, les samouraïs.

Oscar du meilleur film étranger, c'est comme film d'action que Les sept samouraïs sera d'abord apprécié. La version intégrale distribuée au Japon en 1954 ne l'a été en France et dans de nombreux pays qu'à partir de 1980. La version courte de 2h10 occultait totalement l'aspect social du film. Les sept samouraïs est bien pourtant davantage un drame social qu'une sorte de western à la japonaise.

Des samouraïs respectant le code de l'honneur

Après la capitulation du Japon en 1945, le gouvernement d'occupation américain (SCAP) assimile le bushido, code d'honneur des samouraïs, aux kamikazes et au nationalisme japonais, et décide ainsi pendant un temps de limiter la production de jidai-geki, genre cinématographique historique au Japon. Les hommes qui marchèrent sur la queue du tigre, le quatrième long métrage qu'a réalisé Kurosawa, tourné en août et septembre 1945, est ainsi interdit à cause de son histoire féodale et n'obtient son visa d'exploitation qu'en 1952. Kurosawa ne peut donc réaliser son premier véritable film historique qu'avec Rashomon, sorti en 1950, avant la fin de l'occupation du Japon (1945-1952).

Lorsqu'il s'attelle aux Sept samouraïs, Kurosawa commence donc un projet qui lui tient à cœur. Après avoir exploré les XIe et XIIe siècles dans Les hommes qui marchèrent sur la queue du tigre et Rashomon, le cinéaste traite pour la première fois d'une période turbulente de l'histoire japonaise, dite des "provinces en guerre" (1490-1600). Lorsque Kikuchiyo essaie de prouver qu'il est un samouraï, il fournit un document mentionnant une personne nommée Kikuchiyo et cette dernière est née pendant la deuxième année de l'ère Tensho, soit en 1574, puis Kanbei se moque de lui en remarquant qu'il devrait alors avoir 13 ans. De façon traditionnelle au Japon, on dit qu'un enfant a un an lorsqu'il naît. L'action se situerait donc en 1586.

L'héroïsme est le thème central, que Kurosawa traite en confrontant un petit groupe d'hommes courageux au sein d'une communauté villageoise relativement égoïste à laquelle ils apportent pourtant secours. Les personnages de samouraïs sont abordés d'une façon alors inédite car ils ne défendent plus des seigneurs mais des gens de basse condition sociale. Ces rônins, c'est-à-dire des samouraïs sans maître, se voient engagés sans rémunération pour défendre des paysans contre des pillards, leur permettant de respecter le bushido, code d'honneur des samouraïs qui implique le respect des paysans. Les bandits sont eux aussi des rônins, qui ont fait un autre choix, celui de trahir le bushido. En confrontant ces deux attitudes, Kurosawa peut encore valoriser les traits humanistes et généreux des samouraïs loin du cynisme du Garde du corps (1961) ou du caractère désabusé des personnages de Sanjuro (1962).

Kikuchiyo, interprété par Toshiro Mifune, fait le lien entre samouraïs et paysans grâce à ses origines paysannes mais aussi à travers ses maladresses et ses pitreries. Orphelin, comme il le révèle soudainement en recueillant l'enfant des bras de sa mère morte, sa mort au combat est aussi le signe d'une solidarité limitée entre les deux castes déshéritées des rônins et des paysans, chacun reprend un chemin parallèle.

Un film marquant pour la représentation de la violence

Les sept samouraïs feront l'objet d'un remake américain, Les sept mercenaires de John Sturges et influencera indirectement Sam Peckinpah, Francis Ford Coppola, ou encore George Lucas qui déclarera avoir vécu "une expérience bouleversante" et un "véritable choc culturel" à la vue de ce film. Ce sont notamment les deux courtes scènes avec utilisation du ralenti qui marqueront ces réalisateurs : la mort du kidnappeur tué par Kanbei, déguisé en bonze, et la mort du samouraï trop présomptueux par Kyuzo. Ne sont filmés au ralenti que les deux écroulements par terre des deux victimes. Dans le premier cas cependant, cet écroulement est monté avec en alternance avec le regard incrédule de Kikuchiyo ce qui étire plus que de raison cette mort et lui donne un caractère tragique d'autant plus qu'elle est accompagnée de musique. Cette esthétisation de la violence pour en marquer le caractère tragique au-delà de la personne sur laquelle elle s'applique sera reprise par Arthur Penn dans Bonnie et Clyde (1967) et par Sam Peckinpah dans La horde sauvage (1969).

L'action proprement dite, l'attaque du village par 33 bandits, des rônins, samouraïs sans maitre, n'occupe que la dernière heure du film avec des combats peu spectaculaires puisque la stratégie de Kanbei consiste à ne laisser entrer les bandits un par un pour être tués par la masse des paysans. L'action héroïque de Kyuzo qui s'en va voler un fusil chez les ennemis n'est pas montrée. Les samouraïs ne sont ni des héros ni des surhommes. On voit Kikuchiyo pleurer devant le spectacle de la pauvreté des paysans et Kanbei déclarer après la victoire finale, devant le spectacle des samouraïs morts : " Nous avons encore perdu ! Ce sont les paysans les vainqueurs, pas nous !... "

Retour