En Pologne, à Cracovie, Weronika, une jeune fille d'aujourd'hui, douée pour le chant, souffre (elle a le coeur fragile), étudie, aime comme tout être de son âge, sans doute, mais avec, en plus, la curieuse impression de ne pas être seule, d'avoir, loin d'ici, un double et d'en ressentir les mystérieux appels. Alors qu'elle traverse une place envahie par des manifestants, où se trouve bloqué un car de touristes français, elle aperçoit parmi eux celle qui lui ressemble traits pour traits et qui prend la scène en photo... Plus tard, lors d'un concert, Weronika, au plus beau moment du chant qu'elle interprète, a un malaise et meurt.
En France, à Clermont-Ferrand, Véronique enseigne la musique à des enfants. Même si elle n'en a pas la conscience nette elle nous apparaît comme la réplique d'un personnage que nous connaissons déjà. Elle aussi est gauchère, aime marcher pieds nus ou se frotter un anneau d'or sur la paupière. Là où la première s'est brûlée sur un four chaud, la seconde a instinctivement évité d'approcher sa main. Et le coeur de cette nouvelle Véronique s'est renforcé, a reconquis sa pleine vitalité quand celui de l'autre a flanché.
Véronique décide d'abandonner le chant. Elle confie à son père qu'elle a eu, un jour, l'impression d'être désormais seule au monde. Elle tombe amoureuse d'Alexandre, le marionnettiste un peu medium. Il lui suggère que nous pouvons être deux, avoir, loin de nous, notre reflet, comme sur la photo prise par Véronique en Pologne, un jour de manifestation. Prendre conscience de cette série de correspondances est une manière, pour la jeune fille, de profiter de l'équilibre et de la force qu'elle vient de retrouver.