Abbas Kiarostami s'adresse à nous depuis sa voiture garée juste derrière le petit arbre au bout des chemins sinueux du Goût de la cerise. Si les leçons de cinéma portent principalement sur Ten, elles valent pour tous ses films. Les décors de Ten et du Goût de la cerise, que l'on croit si éloignés, un seul mouvement d'appareil suffit à les raccorder. De même, Ten semble parler des femmes et de leurs problèmes alors que Le goût de la cerise aborde la vie intérieure et abstraite d'un homme. Ils ont pourtant un point commun qui est celui de l'existence qui dépasse le problème des relations entre les femmes et les hommes. Kiarostami revient à cet endroit depuis lequel il nous parle. C'est là qu'en 1996, il a acheté une caméra vidéo pour achever le dernier chapitre du Goût de la cerise.
La caméra : Les rushs du Goût de
la cerise avaient été endommagés au laboratoire.
Kiarostami termine avec ce qui avait été filmé avec la
petite caméra. Autrement, il aurait dû attendre le printemps
suivant. Il se félicite des réactions plus naturelles des figurants.
La caméra vidéo lui permet de tourner en décors naturels
sans apporter de changement, de rester fidèle à la nature du
décor comme il reste fidèle à la nature de chacun.
Le montage : ce dont nous informait la caméra vidéo était une vérité, une vérité absolue. Avec quelle aisance, la mise en scène a disparu spontanément et inconsciemment. Je voudrais dire, bien sûr, la mise en scène artificielle et conventionnelle. Et, encore une fois, effacer la mise en scène et le metteur en scène ne veut pas dire effacer l'auteur. Ce moyen, expérimenté sur ABC Africa, donne au spectateur et au cinéaste le moyen de la découverte. En quelque sorte, la caméra vidéo se débarrasse de son artifice qui est à son origine. Elle permet de libérer la caméra de sa prison, des styles imposés, des clichés et de la fausse esthétique. Elle libère l'expérimentation. Elle libère de l'emprise des moyens de production, de l'emprise du capital. Avec cette caméra, le travail solitaire est rendu à l'artiste.
Le sujet : on nous a habitué à n'apprécier la réalité que dans le moule d'une histoire comme Shéhérazade et son roi. Le spectateur doit penser à son attitude, à ses responsabilités, pas seulement vouloir ébranler les nerfs. L'oeuvre se définit entre le spectateur (et sa complexité intérieure) et le cinéaste et pas seulement par les intrigues et la technique.
Le script : La première idée tient sur une demi-page puis sur
trois pages pour prendre une décision. Je n'ai plus besoin du scénario
auprès des producteurs ou du ministère de la guidance islamique.
Histoire d'une psychanalyste mise en procès car patiente encouragée
à divorcer ; cabinet ferme et patientes reçues dans une voiture.
Intérêt pour la voiture (je dirais plus tard mais le psychanalyste
ne parle pas monologue pas très intéressant ; durant le repérage
rencontre des gens aux histoires intéressantes même matériaux
assemblés dialogue par les personnages eux même un ouvrier une
vielle femme pieuse.
Les lieux : Une raison pour changer le mouvement ou le changer, objectif le
camera fixe avec espace en mouvement espace propice à la discussion
chacun est avec soi et avec l'autre on le regarde quand on attend une réponse
fixe et en mouvement. Espace ouvert de la maison pas idéal pour régler
les conflits (apte aussi à créer des conflits). absence du regard
critique du metteur en scène, attention à couper deux angles
et deux objectifs plus néfaste pour l'ordre ou la structure du film
plus important que sujet et histoire. sécurisante bruit des voitures
La musique : réalité nos actions passées. Dans mon premier
film, Le pain et la rue, j'avais mis de la musique mais pas dans le second.
Dans Le passager, j'avais engagé un musicien mais je n'ai retenu que
5 minutes sur 17 de sa partition.
Musique étrangère interprétation mariage par correspondance.
Où est la maison de mon ami : musique sous pression car besoin pour tenir le
spectateur malheureusement vrai la musique squatte le film crainte du producteur
; contraint le spectateur triste heureux, ému incite le spectateur
à s'enflammer.
Nietzsche : ce qui est profond réclame un voile. Vol à la tire
on vole son spectateur de sa raison plus grave que de lui faire les poches.
Musique seulement pour le dénouement : la fin n'est pas claire; attention
le film s'approche de sa fin eton finit ainsi le chapitre avec la mélodie.
L'acteur : l'acteur incarne tous les éléments invisibles de la mise en scène mais lui non plus ne doit pas se faire remarquer Relation réciproque poème de Polona (?) relation entre la balle et son joueur qui la lance puis court après. Il cite pour la deuxième fois Zavattini, le grand scénariste du néoréalisme. Seules les prostituées ne voulaient pas apparaître à l'écran, rôle de composition mais non professionnelle.
Les accessoires. L'habit c'est plus harmoniser l'habit avec la personnalité
plus que d'harmoniser les habits entre eux. Intervention sans s'en rendre
compte : le foulard blanc mais pas dans tous les détails meilleurs
costumiers maquilleurs pour eux-mêmes.
Le réalisateur. une œuvre doit refléter la personnalité du metteur en scène. Le metteur en scène supervise la scène. Le réalisateur : celui qui réalise, qui rend vrai.
Générique final participants sans titre
Ne supervise pas et ne rend pas réel la réalité qui existait avant moi, juste enregistrer la réalité
Garçon intriguer sur la mère ; toutes les mères pouvaient s'identifier pour parvenir à la réalité il faut la briser ; le vert indépendamment du vert de la feuille rendue abstraite. Dissociation pour atteindre autre chose le son et l'image distincts le son n'est pas le soutien de l'image considère référence à Bresson supprime les dialogues et regarde ce qui reste de la scène. Maintenant on supprime les images pour voir ce que les dialogues font ressentir
Esthétique du cinéma briser la réalité pour par un nouvel agencement obtenir quelque chose d'autre. L'œuvre est plus vraie que la nature, le cinéma ne doit pas nous laisser pendre la place d'un juge. Scène de la vie conjugale plus tard j'ai compris le film quand le scénario est traduit. Un film n'est pas à comprendre. On ne comprend jamais. C'est l'ambiguïté qui nous attire ; la compréhension de sa réalisation et de son histoire. L'art représente l'ambiguïté entre l'enfer et le paradis qu'est la vie d'un homme. Inciter le spectateur à réfléchir. Bresson nous créons, non en additionnant mais en réduisant ne pas se réfugier dans les symboles et les signes. Éliminer les points de vue et le nombre des plans. Fable de Ermanno Olmi. La première génération de cinéastes a regardé la vie. La seconde a vu les films de la première génération et la réalité. La 3eme génération seulement les films. la 4eme ni film ni la vie mais seulement les catalogues techniques
La dernière leçon. Je me sens responsable devant les auditeurs et spectateurs de ce film, des étudiants de cinéma principalement. Ma méthode n'est pas celle d'Hitchcock qui préparait si bien ses films qu'il aurait pu les tourner par téléphone ou s'il avait été absent. Moi, je suis un autodidacte et un expérimentateur. Je n'ai jamais étudié le cinéma, pas même comme assistant. Je ne voudrais pas être mal-didacte dans ces leçons, valables pour moi.
Les artistes ont le devoir d'être réalistes. Même si elle ne nous convient pas, la réalité est le point de départ de tout changement. Quand on dit cinéma, on pense cinéma américain comme lorsque l'on dit musée on pense au Louvre. Le pouvoir du cinéma américain dépasse le pouvoir de l'armée américaine…et crée peut-être plus de problèmes encore. A Locarno, je me souviens que les salles n'étaient pleines que pour les films américains. On ne peut éviter de les prendre au sérieux. Mitterrand a demandé aux cinéastes de résister au cinéma américain pour les 100 ans du cinéma. Mais comment ? En Iran, on a crié "À mort, l'Amérique ! " mais les dirigeants veulent d'un modèle américain. Vous étudiants vous n'êtes pas autodidactes car vous m'écoutez . Mon cinéma disait un ami c'est comme faire pousser de l'herbe dans une assiette. Si vous voulez du succès, n'oubliez pas la formule du cinéma américain. Ce cyprès est lancé au sommet de la colline auprès de qui se vent-il ? Déclare Kiarostami avant se tourner sa caméra vers les industrieuses fourmis d'abord passées inaperçues au milieu de la route.
Dans ce film, réalisé spécialement pour l'édition DVD, Kiarostami se révèle bien comme ce cinéaste sensible de la captation des choses mais aussi celui de la géométrie et de l'organisation secrète.
DVD 1 : Au travers des oliviers - DVD 2 : Le gôut de la cerise - DVD 3 : ABC Africa - DVD 4 - DVD 5 : Le vent nous emportera - DVD 6 : Ten - DVD 7 : 10 on ten |
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DVD 6 : Ten - DVD 7 : 10 on ten |