Auteur dramatique désargenté, Marcel Marx partage au restaurant un maigre repas avec le peintre albanais Rodolfo, et tous deux font connaissance du musicien irlandais Schaunard, logé dans l'appartement d'où Marcel a été expulsé peu avant. La misère est le lot commun des trois amis; ils vont pourtant dilapider les quinze mille francs remis à Marcel à titre d'avance par un éditeur qui lui a confié la rédaction en chef d'une petite revue de mode. Rodolfo obtient à son tour une commande : le portrait d'un industriel, Blancheron, épris de peinture. Il y travaille tout en vivant une idylle avec Mimi, jeune provinciale venue à Paris dans l'espoir d'y être aidée par une amie, qui en fait est en prison. Il l'invite au restaurant. Au moment de l'addition, il ne trouve plus son portefeuille. Un client bienveillant paye pour lui, mais la police, entre-temps alertée, contrôle ses papiers et découvre qu'il est depuis trois ans en situation irrégulière. C'est l'expulsion immédiate.
Le retour du printemps voit également celui de Rodolfo, qui une nouvelle fois vient de franchir clandestinement les frontières. Ses deux amis le ramènent à Paris et l'aident à retrouver Mimi, qui ne travaille plus à son bureau de tabac habituel et s'est trouvé un nouveau compagnon, le toujours élégant Francis. Mais c'est avec Rodolfo qu'elle veut vivre, malgré la dureté du quotidien, égayée par quelques pique-niques au bord de l'eau. Marcel, par contre, est quitté par sa compagne Musette, qui rentre chez elle, à Strasbourg. La revue ne se vend pas, et l'éditeur retire ses subsides.
Mimi revoit Francis, mais revient vers Rodolfo. A l'automne, elle tombe gravement malade. Le médecin ordonne son hospitalisation, laissant entendre qu'elle ne reverra pas le printemps. Marcel vend ses livres les plus précieux afin qu'elle bénéficie des meilleures conditions. Schaunard vend la voiturette au volant de laquelle il démarchait. Rodolfo, lui, brade ses toiles à Blancheron, qui avait toujours marchandé. A l'aube du printemps, Rodolfo part couper des fleurs pour sa bien-aimée. Quand il revient, elle n'est plus.
D'après 'Scènes de la vie de Bohème' d'Henri Murger. Film "sur Paris", la ville de René Clair et de Marcel Carné, La vie de Bohème est tourné en banlieue parisienne, à Ivry et Malakoff, Kaurismäki ayant constaté que "Paris a bizarrement disparu".
Note d’intention « Rodolfo, réfugié albanais et grand peintre, Marcel, grand écrivain français et Schaunard, grand compositeur irlandais font la connaissance par hasard en chassant, chacun sur les mêmes champs de bataille précédés d’une meute de ruses, cet animal féroce qu’on appelle : la pièce de cinq francs. Cette comédie mélancolique, qui est soit dit en passant un mélodrame, parle de leur vie, en particulier par rapport à Mimi et à Musette, ces deux beautés de la campagne perdues dans l’abîme d’une grande ville, ainsi qu’aux figures plus ordinaires comme celle du propriétaire ou du policier pour immigrés. Leur existence de chaque jour est une oeuvre de génie ; ces hommes-là se feraient prêter de l’argent par Harpagon et auraient trouvé des truffes sur le Radeau de la Méduse. Qu’il leur tombe un peu de fortune entre les mains et vous les voyez aussitôt cavalcader sur les plus ruineuses fantaisies, buvant des meilleurs et des plus vieux et ne trouvant jamais assez de fenêtres par où jeter leur argent. Dans le film, on parle un langage particulier, emprunté aux causeries de l’atelier, au jargon des coulisses et aux discussions des bureaux de rédaction. Le vocabulaire du bohème est l’enfer de la rhétorique et le paradis du néologisme, ou le contraire. L’intrigue du film est si complexe que pour l’expliquer, il faudrait nommer une commission. Les éventuelles spectatrices sont invitées à se munir de mouchoirs, car la fin du film est probablement la plus triste depuis La Valse dans l’Ombre ». Aki Kaurismäki
Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
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