Parce que la compagnie qui l'emploie depuis quinze ans va être privatisée, parce qu'il est étranger (français à Londres) et qu'il n'a jamais eu de vrai statut, Henri Boulanger est licencié sans préavis.
Il veut en finir avec la vie. Par pendaison : mais le crochet fixé au plafond cède sous le poids. Le gaz : une grève interrompt sa tentative alors qu'il a la tête dans le four. Il rassemble alors toutes ses économies et se rend dans un bar sordide en quête d'un tueur. Pour mille livres, il fait affaire avec des professionnels du trépas qui exécuteront promptement et proprement ce qu'il n'a su faire lui-même.
Au pub en face de chez lui, pour la première fois, il se met à boire et à fumer. Pour la première fois aussi, il se résoud à aborder une femme les yeux dans les yeux, une belle et blonde marchande de fleurs, Margaret, qui, miracle, lui redonne goût à la vie.
Fuyant les deux tueurs qui l'attendent déjà chez lui, il finit la nuit avec la jeune femme, à qui il raconte sa drôle d'histoire. Elle va même chez lui récupérer ses affaires, tandis qu'il cherche à annuler le contrat. Mais le " Honolulu Bar " est déjà enfoui sous les décombres d'un chantier de démolition. Le couple s'installe dans un petit hôtel, le " Splendid ", pour échapper à un troisième tueur, Harry, qui avait suivi Margaret jusque chez elle et qui vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer mortel.
Henri retrouve les deux premiers tueurs en train de cambrioler un bijoutier, qu'ils tuent sans le vouloir (!) avant de s'enfuir, non sans avoir placé l'arme dans les mains d'Henri. Celui-ci, dont la photo fait la une des journaux, doit se cacher. Margaret le cherche, et le retrouve comme serveur dans un petit snack à hamburgers tenu par un autre Français, Vic. Les amants projettent de fuir en France lorsque l'arrestation des deux tueurs vient innocenter Henri. Mais celui-ci est retrouvé par Harry qui, refusant d'être miné par le cancer, se tire une balle en plein coeur.
Le Londres que montre Kaurismäki est celui de la fin de l’East End qui va être détruit et reconstruit pour devenir un quartier d’affaires. Ces ruines, tout comme les bureaux de la compagnie des eaux, sont des images des mondes originaires destructeurs et mortifaires qui cherchent à entrainer Henri dans la mort.
Henri est d'abord sauvé par sa maladresse (le clou) et le hasard (la grève du gaz) puis par l'amour qu'il ressent pour Margaret. Le burlesque de Kaurismäki tient souvent au fait que le pire n'est jamais sür.
Note d’intention : « J’ai tourné J’ai engagé un tueur car à 10 ans, le film d’Henri Cass Last Holiday m’a marqué au point d’en garder la même impression aujourd’hui, après avoir vu des milliers de bons et de mauvais films. Je ne pense cependant pas que J’ai engagé un tueur ressemble à son modèle et là n’est d’ailleurs pas son intention. Il s’agit simplement d’un certain état d’esprit. J’ai réalisé le film en Angleterre car les gens y parlent une langue civilisée que je maîtrise moi-même passablement. Le tournage est grandement facilité si le réalisateur comprend au moins une partie des dialogues. Les acteurs ont plus de mal à sauter les répliques qu’ils n’aiment pas ou sont trop paresseux pour dire. Le scénario a été écrit en pensant à Jean-Pierre Léaud et Margi Clarke et ce qui a été formidablement pratique c’est qu’ils ont effectivement joué les rôles en questions ! Kenneth Colley, pour sa part, est un si bon acteur qu’il peut jouer, si nécessaire, le vilain petit canard et n’a pas besoin d’analyse de texte à l’avance. La structure cinématographique du film balance entre Dreyer et Melville, sans jamais les atteindre. La vie est dure mais divertissante ». Aki Kaurismäki
Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
|