Un coin déshérité de la toundra finlandaise. Dans une grange isolée les "Leningrad Cowboys", musiciens agriculteurs, se produisent devant un officiel du Parti. Le "look rocker " ou presque, ils espèrent décrocher un premier contrat. Mais l'officiel décrète que c'est de la merde et conseille à leur manager, Vladimir, d'aller en Amériques car "Là-bas, ils prennent n'importe qui". Il leur donne aussi l'adresse de son cousin à Manhattan. Les bagages prêts, on n'oublie pas d'emballer Pekka, le bassiste, dans une caisse de fortune. Répétant la nuit, celui-ci s'est laissé surprendre par le froid glacial qui l'a transformé en bloc de glace. Sur le chemin de l'aéroport ils sont suivis par un indésirable admirateur : Igor, l'idiot du village. Dans l'avion, ils apprennent l'anglais dans des livres puisque seuls les Américains sont autorisés à se produire en Amérique leur a dit Vladimir
Sur le sol américain, les désillusions se succèdent. Un agent artistique leur propose bien de jouer au Madison Square Garden et au Yankee Stadium, mais il renonce à conclure l'affaire en les entendant chanter. Il leur offre malgré tout la possibilité de jouer à l'occasion d'un mariage au Mexique et leur conseille de jouer du rock'n'roll. Vladimir va acheter un livre sur le sujet et demande aux Leningrad Cowboys de se l'approprier. Vladimir et son orchestre investissent toute leur fortune dans l'acquisition d'une luxueuse Cadillac noire. Ils arrivent à Memphis, Tennessee. Quelques contrats dans des clubs autorisent un peu d'espoir mais les responsables de ces cabarets n'en croient pas leurs oreilles et préfèrent ne pas donner suite aux engagements. Il suffit de nouvelles brimades, survenues à la suite du vol du moteur de leur Cadillac, pour que les "Leningrad Cowboys " se révoltent et ligotent leur manager. Sur les routes du Texas, ils rencontrent un lointain cousin devenu pompiste. Il devient le chanteur du groupe. Igor, qui n'a jamais perdu la trace de ses idoles, libère Vladimir en échange d'une concession: il devient " roadie " - l'accompagnateur privilégié - des " Leningrad Cowboys". Enfin le Mexique. Les rockers de la Toundra - qui viennent de récupérer Pekka, décongelé, et Igor - font un triomphe devant les invités de la noce. Ignoré, Vladimir boit un dernier verre de tequila avant de se perdre dans la nuit. Depuis, "Leningrad Cowboys" est entré au "Top 50 " mexicain.
De la Finlande à l’Amérique profonde, ce premier road-movie avec les Leningrad Cowboys donne l’occasion de réviser quelques standards américains réinterprétés de façon loufoque par et de croiser Jim Jarmusch, qui joue un vendeur de voitures dans le film.
Le premier numéro musical dans la toundra joue le grand classique russe "Plaine, ma plaine". Lorsqu'il est question du premier membre de la famille à être parti pour l’Amérique et dont "on n’a plus eu de nouvelles depuis", au mur, on voit la photo d’Abraham Lincoln coiffé d’une banane. C’est l’une des manifestations les plus touchantes de l’égo finlandais, la régularité avec laquelle on cherche à prouver, avec quand même parfois un peu d’ironie que des personnalités américaines -à commencer par les présidents, ont d'une manière ou d'une autre des origines finlandaises
A New York, l'orchestre auditionne en jouant "La polka de Säkkijärvi", le morceau instrumental le plus connu de toute la musique finlandaise, un classique pour accordéon arrangé pour l'occasion par Mauri Sumen. On peut citer à ce propos une anecdote célèbre. A un moment pendant la guerre, les finlandais ont eu besoin de brouiller les ondes radio russes. Pour y parvenir, les techniciens ont fait jouer en boucle pendant trois jours en entier sans interruption "la polka de Säkkijärvi". La manoeuvre a réussi et la Finlande a été sauvée
Jim Jarmusch en vendeur de voitures. On verra plus tard d’autres cameo d'alter ego étrangers dans La vie de bohème où apparaissent Louis Malle et Samuel Fuller.
Note d’intention : « Quelque part dans la Toundra, dans les
étendues désolées, vit le pire groupe de rock’n’roll au monde. Un ensemble
sans public, sans avenir et sans le moindre potentiel commercial. Les voilà
donc qui décident d’enterrer leurs sentiments patriotiques et de partir aux
Etats Unis, là où les gens avalent n’importe quelle merde. Ce film retrace
l’histoire de leur voyage par delà l’océan et à travers le continent américain
; une histoire de bars louches et de gens simples dans l’arrière-pays du hamburger.
Acteurs moches et bons sentiments. Yeah !!! »
Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
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