Dans un paysage hollandais, un enfant sinstalle aux commandes dun modèle réduit davion et sécrit : «Maman, je menvole en Chine !».
Un vieil homme est assis sur une chaise, au milieu du désert. Autour de lui, des techniciens ont hérissé la crête de la dune de micros destinés à enregistrer le vent lorsquil se lèvera. Mais, alors que le bulletin météo annonce divers cataclysmes autour du monde, en Chine tout reste désespérément calme. Une légende chinoise raconte que «dix soleils dans le ciel menaçaient de brûler la terre. Dépêché par lEmpereur céleste, Hou Yi tira neuf flèches. Neuf soleils moururent : la Terre et les hommes étaient sauvés».
À un vieux professeur darts martiaux qui sentraîne en plein air, Joris Ivens confie : «Cest le secret de votre souffle que je cherche. Moi, je suis un vieil asthmatique». «Pour vous, expirer cest mourir», lui répond le sage. «Pour vivre mieux, il faut savoir faire circuler le souffle dans tout le corps». Après avoir rendu visite au bouddha de Dazu qui a mille mains pour consoler et mille yeux pour tout voir, Joris Ivens retourne dans le désert. Un médecin ausculte le cinéaste et lui conseille de prendre garde à sa santé : le vent va arriver
Le vieil homme passe la nuit assis sur sa chaise et fait plusieurs rêves. Dans lun deux, il est interpellé par un poète de légende. On raconte que, «un soir divresse, voulant étreindre la Lune, un poète rebelle sest noyé. Depuis plus de mille ans, à chaque anniversaire, le riz jeté aux poissons lempêche dêtre mangé». Dans un autre rêve, le vieil homme rencontre Changie, la femme de Hou Yi, qui regrette de sêtre envolée sur la Lune car ici il ny a pas le moindre souffle de vent. Pour tromper son ennui, elle regarde vers la Terre : un camarade, à la tribune dun congrès, exhorte les villageois à développer la production agricole.
De retour à la vie réelle, le vieil homme part à la campagne. On ouvre devant lui une valise cadenassée dans laquelle un masque à la bouche arrondie laisse échapper un souffle de vent. «Que ce masque te donne la force de poursuivre ton chemin !», dit-on au vieil homme qui, en échange, offre une bobine du premier film damour quil a réalisé en 1930.
Assis sur la Grande Muraille de Chine, le vieux cinéaste recueille plusieurs confessions à laide dun micro perche : «Je suis le Föhn, le diable de lEurope gothique. Je brûle les pommes de larbre de vie. Les Tunisiens mappellent Chili Je suis la tornade du Nebraska Je suis lodieux Simoun, un jour je franchirai le mur du son. Lenfant fantasque et cruel dArgentine ( )». Depuis un hélicoptère, nous découvrons la Grande Muraille, puis larmée des 7 000 guerriers, gardiens du tombeau de lEmpereur. Devant le refus des autorités de laisser filmer le site, le cinéaste reconstitue lensemble à laide de reproductions.
De retour dans le désert, lattente reprend. Une vieille sorcière propose, en échange de deux ventilateurs, de faire sur le sable un dessin magique destiné à faire lever le vent. Peu à peu, la tempête se lève et parcourt le sable du désert, comme un frisson. La sorcière exulte. Le vieil homme se lève de sa chaise et part dans le désert balayé par le vent.
Avec : Henxiang Han, Joris Ivens, Guilian Liu, Hongyu Liu, Zhuang Liu, Marceline Loridan, Hong Wang. 1h20.