Une histoire de vent
1988

Dans un paysage hollandais, un enfant s’installe aux commandes d’un modèle réduit d’avion et s’écrit : «Maman, je m’envole… en Chine !».

Un vieil homme est assis sur une chaise, au milieu du désert. Autour de lui, des techniciens ont hérissé la crête de la dune de micros destinés à enregistrer le vent lorsqu’il se lèvera. Mais, alors que le bulletin météo annonce divers cataclysmes autour du monde, en Chine tout reste désespérément calme. Une légende chinoise raconte que «dix soleils dans le ciel menaçaient de brûler la terre. Dépêché par l’Empereur céleste, Hou Yi tira neuf flèches. Neuf soleils moururent : la Terre et les hommes étaient sauvés».

À un vieux professeur d’arts martiaux qui s’entraîne en plein air, Joris Ivens confie : «C’est le secret de votre souffle que je cherche. Moi, je suis un vieil asthmatique». «Pour vous, expirer c’est mourir», lui répond le sage. «Pour vivre mieux, il faut savoir faire circuler le souffle dans tout le corps». Après avoir rendu visite au bouddha de Dazu qui a “mille mains pour consoler… et mille yeux pour tout voir”, Joris Ivens retourne dans le désert. Un médecin ausculte le cinéaste et lui conseille de prendre garde à sa santé : le vent va arriver…

Le vieil homme passe la nuit assis sur sa chaise et fait plusieurs rêves. Dans l’un d’eux, il est interpellé par un poète de légende. On raconte que, «un soir d’ivresse, voulant étreindre la Lune, un poète rebelle s’est noyé. Depuis plus de mille ans, à chaque anniversaire, le riz jeté aux poissons l’empêche d’être mangé». Dans un autre rêve, le vieil homme rencontre Changie, la femme de Hou Yi, qui regrette de s’être envolée sur la Lune car ici il n’y a pas le moindre souffle de vent. Pour tromper son ennui, elle regarde vers la Terre : un camarade, à la tribune d’un congrès, exhorte les villageois à développer la production agricole.

De retour à la vie réelle, le vieil homme part à la campagne. On ouvre devant lui une valise cadenassée dans laquelle un masque à la bouche arrondie laisse échapper un souffle de vent. «Que ce masque te donne la force de poursuivre ton chemin !», dit-on au vieil homme qui, en échange, offre une bobine du premier film d’amour qu’il a réalisé en 1930.

Assis sur la Grande Muraille de Chine, le vieux cinéaste recueille plusieurs confessions à l’aide d’un micro perche : «Je suis le Föhn, le diable de l’Europe gothique. Je brûle les pommes de l’arbre de vie. Les Tunisiens m’appellent Chili… Je suis la tornade du Nebraska… Je suis l’odieux Simoun, un jour je franchirai le mur du son. L’enfant fantasque et cruel d’Argentine… (…)». Depuis un hélicoptère, nous découvrons la Grande Muraille, puis l’armée des 7 000 guerriers, gardiens du tombeau de l’Empereur. Devant le refus des autorités de laisser filmer le site, le cinéaste reconstitue l’ensemble à l’aide de reproductions.

De retour dans le désert, l’attente reprend. Une vieille sorcière propose, en échange de deux ventilateurs, de faire sur le sable un dessin magique destiné à faire lever le vent. Peu à peu, la tempête se lève et parcourt le sable du désert, comme un frisson. La sorcière exulte. Le vieil homme se lève de sa chaise et part dans le désert balayé par le vent.

 

Test du DVD

Editeur : Arte vidéo. mars 2009. Edition triple DVD. 45 €

DVD 1 : 1946 - 1966 : L’Indonésie appelle, Le Seine a rencontré Paris, … à Valparaiso, Rotterdam – Europort, Pour le Mistral. DVD 2 : 1968 - 1976 : Le 17ème parallèle, Comment Yukong déplaça les montagnes : Une histoire de ballon. Lycée N°13 Pékin et La pharmacie N°3 : Shangai. DVD 3 : 1980 - 1988 :Une histoire de vent.

 

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Avec : Henxiang Han, Joris Ivens, Guilian Liu, Hongyu Liu, Zhuang Liu, Marceline Loridan, Hong Wang. 1h20.

dvd chez Carlotta Films