Peu après la proclamation de l'indépendance du Mali, en 1962: Samba, fils d'un riche commerçant, est un fervent partisan du régime socialiste du président Modibo Keita. Avec quelques camarades, il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus de la collectivisation des terres, et se heurte à l'hostilité des chefs de villages. Le soir, il aime danser le twist dans des clubs branchés.
Au lendemain d'une intervention dans un village bambara, lui et ses amis ont la surprise de trouver une passagère clandestine dans leur camion, Lara, une jeune femme qui a été mariée de force au petit-fils du chef du village et veut rejoindre Bamako. Elle souhaite retourner chez les Français pour qui elle travaillait avant son mariage, mais quand elle arrive à leur propriété, le jardinier lui dit qu'ils ont quitté le pays. Un ami de Samba lui propose alors de l'héberger dans sa famille, et la mère de celui-ci lui trouve un travail.
Lara et Samba tombent amoureux et rêvent de faire leur vie ensemble. Samba veut croire que la réforme du Code de la famille donnera à Lara le droit de divorcer et permettra d'interdire les mariages forcés, mais Mariam, l'une des membres de la commission en charge de la révision de la loi, lui dit que les mentalités mettront encore du temps à évoluer. Lara est enceinte de son mari, et Samba se dit prêt à considérer l'enfant comme le sien.
Mais les réformes du gouvernement, notamment le contrôle des importations et des exportations, ainsi que l'abandon du franc CFA au profit du franc malien, déplaisent fortement aux chefs d'entreprises et aux commerçants, qui décident d'organiser une grande manifestation, qui se termine par un assaut de l'hôtel de ville de Bamako. Le père de Samba figure parmi les personnes arrêtées et accusées de tentative de coup d’État. Samba va le visiter en prison, se rend compte qu'il a été tabassé, et qu'il est prêt à mentir et à reprendre à son compte des accusations fausses. Il doute désormais du régime.
Le gouvernement socialiste s'attaque également aux clubs où l'on danse le twist, qui sont pour lui le symbole de l'influence culturelle occidentale, d'une remise en cause des traditions africaines et de la dépravation des mœurs. Les clubs se retrouvent donc fermés.
Le patron de Lara tente de la violer, elle l'assomme en cherchant à résister, et elle se retrouve accusée. Elle n'est finalement pas poursuivie, mais les autorités deviennent conscientes de son statut d'épouse en fuite. Le mari et le frère de Lara viennent à Bamako pour essayer de la retrouver, Lara doit changer de domicile.
Samba et Lara décident finalement de fuir le pays. Samba accompagne Lara à la gare où elle doit prendre le train pour Dakar, mais le frère et le mari de Lara les y retrouvent. Le frère de Lara poignarde à mort Samba, et Lara est obligée de réintégrer le domicile conjugal.
Épilogue dans le Nord du Mali, en 2012: Lara est grand-mère, et danse le twist en cachette avec ses petits-enfants. Les Islamistes ont en effet interdit la musique. Lara n'a jamais oublié sa jeunesse, ni Samba.
Cette histoire de jeunes gens idéalistes qui veulent créer un Etat socialiste après l’indépendance tout en dansant le twist et le rock’n’roll, s'inspire des photographies de Malick Sidibé et plus particulièrement de celles de « Mali Twist », à la Fondation Cartier, à l’automne 2017. Guédigian s’est inspiré de deux jeunes gens qui dansent sur l’une des photos les plus connues de Sidibé, lui en costume blanc et elle, pieds nus avec sa petite robe.
Une belle et tragique histoire d’amour pour incarner ce « moment communiste », de construction, de fête révolutionnaire où les possibles se heurtent à la contre révolution mais aussi à la tradition et aux coutumes ancestrales. La réalité du régime de Modibo Keita est présenté comme une belle éclaircie, un moment lumineux, surtout par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. Le film cherche à resoudre la contradiction entre la fête et la révolution. Les tentatives de socialisme sont toujours du côté de la raison, du travail, de l’effort, des samedis communistes, du travail collectif. Et évidemment, le capitalisme, c’est la fête, la réussite, la danse, etc... Le film montre cette erreur des dirigeants du Mali qui considéraient que ces clubs sécrétaient une idéologie contre révolutionnaire.
Pour Bamako, Guédigian choisit Thiès, à côté de l’aéroport de Dakar, qui est la deuxième ville du Sénégal, dont Senghor avait été le maire. Il y a ces avenues bordées de grands arbres, qui rappellent les quelques images de Bamako à cette époque visibles dans film Demain à Nanguila (Joris Ivens, 1960). Les monuments officiels, c’est l’architecture coloniale, qui est la même au Mali et au Sénégal. Ce qui est au bord du fleuve a été tourné à Saint-Louis, soit à Podor, tout au nord du Sénégal face à la Mauritanie.