En 1969, Paula se rend à Atlantic City, petite ville de la province française. Elle doit rencontrer son ami Richard Politzer qui lui avait écrit de venir le rejoindre. Quand elle arrive, elle apprend qu'il est mort. Paula commence alors une enquête qui l'amène à rencontrer d'étranges personnages comme Typhus, petit homme bavard qu'elle assomme. On ne le retrouve assassiné dans l'appartement où David Goodis écrit son roman inachevé, auprès de sa petite amie musicienne Doris Mizoguchi. Paula se rend à l'hôpital où elle interroge un médecin, puis s'attarde dans un café où un serveur et un client parlent d'une manière comique de la fonction du langage.
La police enquête maintenant sur la mort de Typhus, alors que Doris Mizoguchi a elle aussi été assassinée chez Goodis. En regardant agir Widmark et Aldrich, elle comprend mieux ce que signifie l'expression " police parallèle". Elle est arrêtée pendant l'interrogatoire de Goodis, puis relâchée. Son itinéraire est alors jalonné de cadavres. D'abord Donald, qui lui avait apporté une photo de Richard. Puis Widmark, abattu par Goodis alors qu'il menaçait Paula. Enfin Goodis lui-même, froidement abattu par Paula d'une balle dans la tête.
Au péage d'une autoroute, Paula aperçoit le journaliste Philippe Labro, dans une voiture d'Europe N° 1. Sur le chemin du retour, ils commencent une discussion politique fort désabusée. En leitmotiv, pendant le film, on avait entendu des fragments de discours de Waldeck-Rochet, tandis que le mot " liberté " était criblé de balles...
Godard entreprend de tourner Made in USA au pied levé pour dépanner son ami et producteur Georges de Beauregard. Le film est tourné avec la même équipe avant, pendant et après Deux ou trois choses que je sais d'elle : Du 16 au 30 juillet tournage exclusif de Made in USA puis du 8 au 27 août tournage exclusif de Deux ou trois choses puis, du 28 août au 8 septembre tournages des deux films, un le matin, un l'après-midi.
Godard écrit le scénario à partir du roman policier de Richard Starck, The Juggler, sorti en 1965 et traduit selon les éditions françaises soit par Bleu blanc rouge soit par Rien dans le coffre. Godard acclimate l'histoire américaine et purement policière à l'actualité française de l'époque et au décor un peu rétro de la banlieue parisienne. Lors de la sortie du film, il décrivait ainsi le sous-scénario politique de son adaptation :
" j'ai relié le thème à un épisode marginal et lointain de l'affaire Ben Barka. J'ai imaginé que Fignon n'était pas mort, et qu'il s'était réfugié en province, qu'il avait écrit à sa petite amie de venir le rejoindre. Celle-ci le rejoint à l'adresse prévue et, quand elle arrive, elle le trouve vraiment mort. J'ai situé mon film en 1969, deux ans après les législatives de mars dernier. Au lieu de s'appeler Fignon, mon personnage s'appelle Politzer"
Source : Godard au travail, Alain Bergala. Ed. Cahiers du Cinéma, 2006