Godard dit avoir beaucoup aimé le film Microcosmos parce que les cinéastes
ont su trouver les angles, préexistants, à même de filmer
les insectes. Il reprend des images de Microcosmos, fourmis et dindon. Le
dindon lui fait penser au Condor, et ce mot dérive vers la légion
Condor puis, lorsque le dindon senvole, limage de lescadrille
Malraux simpose à lui. Dans Lespoir, Malraux pensait, en
voyant les combattants depuis son avion, à des insectes
La boucle
est bouclée.
À loccasion de la sortie de For ever Mozart, Godard, sollicité par Laure Adler, participe à lémission Le Cercle de Minuit, sur Antenne 2. Il a souhaité la présence dun écrivain, Philippe Sollers, de deux philosophes, Jean-François Lyotard et Alain Finkielkraut, et dun critique de cinéma, Jean-Claude Biette. A cette occasion, il se livre à deux petits exercices, dont celui-ci est le second, qu’il appelle ses gammes, en référence aux musiciens.
Après sa première gamme, Le monde comme il ne va pas, Godard met en image le cheminement de sa pensée, car : "Penser cest faire des rapprochements" affirme-t-il à la suite de Pierre Reverdy : "L'image est une création pure de l'esprit. Elle ne peut naître d'une comparaison, mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte Plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique." (Nord-Sud, 1918).