La première, à l'Opéra de Londres, de "Sainte Jeanne " - ceuvre signée Lord Ambrose d'Arcy - est émaillée d'incidents et interrompue par l'apparition au milieu de la scène du cadavre d'un machiniste pendu à une poutre. L'Opéra est réputé hanté par un mystérieux fantôme...
La prima donna refusant de reprendre le rôle, la jeune Christine est engagée. Mais, résistant aux avances d'Ambrose, elle est renvoyée, ainsi que le producteur du spectacle - Harry - qui est intervenu pour la défendre.
Harry découvre bientôt la partition manuscrite de la "Sainte Jeanne" qui se joue à l'Opéra. Mais celle-ci est signée par un certain "Professeur" disparu dans l'incendie de la boutique d'un éditeur de musique. Menant leur enquête, les deux jeunes gens apprennent que le "Professeur" brûlé vif, a plongé dans la Tamise. Mais son corps n'a jamais été retrouvé.
Christine est enlevée par un nain monstrueux et se retrouve devant un homme affublé d'un masque et jouant de l'orgue. L'inconnu lui explique qu'il fera d'elle une grande chanteuse.
Entre-temps, Ambrose décide de monter à nouveau son opéra et réengage Harry. Ce dernier, inquiet de la disparition de Christine, trouve l'embouchure d'une rivière souterraine à l'endroit où le "Professeur" s'est noyé. Guidé par le son d'un orgue, qu'il a déjà entendu dans l'enceinte de l'Opéra, Harry se retrouve face au Fantôme qui le supplie de le laisser achever la formation musicale de Christine, à qui il prédit un brillant avenir de cantatrice. Il lui raconte aussi comment, compositeur inconnu, il a vendu sa musique à Ambrose qui se l'est appropriée. Furieux, il a mis le feu chez l'imprimeur de musique et s'est grièvement brûlé aux mains et au visage.
Quelques semaines plus tard, "Sainte Jeanne" est à nouveau joué et Ambrose confronté au Fantôme. Le soir de la première, Christine est sur scène. Un machiniste poursuit le nain qui se dissimule dans les cintres et provoque la chute du gigantesque lustre suspendu au-dessus de la tête de Christine. Le Fantôme, caché dans une loge, arrache son masque, bondit et sauve Christine. Mais l'immense lustre le tue.
Fisher décrit deux univers bien distincts. L'univers de l'opéra qui est le lieu de la normalité et l'univers du fantôme et représente l'anormal. L'opéra est le lieu ou se réunit toute la société pour assister aux divers opéras représentés. Cet univers de la normalité est donc figuré par la société elle-même et ceux qui la compose.
Description de deux univers
L'univers de l'anormal, représenté par le fantôme, est un monde complètement dominé par le fantôme. Cependant, il arrive au fantôme d'errer dans l'opéra c'est-à-dire dans le monde normal. Il ne peut s'y montrer aux yeux des habitants de cet univers, car ce dernier étant le représentant de l'anormal, il n'a nullement sa place au sein de cet univers, il ne peut qui errer. Quand le fantôme se présente pour la première fois face à Christine cette dernière prend peur et s'évanouie. Ce comportement est tout à fait louable puisqu'étant résidente de l'univers de la normalité elle ne peut concevoir qu'un tel être puisse être résident lui aussi de ce monde.
Le fantôme prend place deux fois dans l'univers de l'opéra. La première fois pour parler à Christine et la seconde fois à la fin du film. Lors de cette seconde esquisse, le fantôme observe Christine chantait. Mais lorsque qu'un lustre menace de lui tomber dessus à la fin du chant, le fantôme enlève son masque et sauve Christine. Ce geste est symbolique puisqu'en enlevant son masque, le fantôme veut démontrer à cette société (qui représente la norme) qu'en étant différent nous pouvons tout de même faire partie de cette norme. Le fantôme ne pouvait mourir dans l'univers de la normalité qu'en enlevant son masque. S'il avait gardé son masque cela serait rentrer en contradiction avec cette jonction entre les deux univers. Cela aurait voulu dire que l'univers du normal et de l'anormal forment un seul et même univers ce qui est faux.
Une vision personnelle du personnage du fantôme
Terence Fisher offre au spectateur dans son film, un portrait personnel du fantôme. Dans la version de Rupert Julian réalisé en 1925, ce dernier offrait une version terrifiante du fantôme. Le personnage avait emprisonné Christine et c'est elle qui lui avait arraché son masque. De plus la seule apparition du fantôme dans l'opéra était lors d'un bal qui avait été donné et ce dernier avait revêtu le costume de la mort (cette scène était par ailleurs tourné en couleur par l'acteur). Dans le film de Julian le fantôme n'avait pas une dimension humaine comme dans le film de Fisher. Ce dernier lors de la séquence de fin finit de peindre le portrait de son personnage. Lorsque Christine chante, Fisher filme en gros l'il du fantôme. Ce plan a une forte signification mais elle peut-être prise de deux façons différentes. Dans un premier cas, le spectateur peut voir dans ce plan une humanisation du fantôme et c'est-à-dire une normalisation de l'anormal. Rappelons-le, le fantôme était auparavant un résident de cet univers de la norme. En filmant le fantôme en train de pleurer, cela lui redonne sa dimension humaine, normale qu'il avait perdue. Dans un second cas le spectateur peut voir dans ce plan une incompréhension. Il ne comprendra pas ce dernier car pour lui, le fantôme ne peut en aucun cas faire parti de cet univers. Lui rendre son humanité de en le filmant en train de pleurer nuit justement au portrait qu'en a fais dès le début le réalisateur. C'est tout de même le personnage qui charge son compagnon de saboter la pièce mais également de tuer le dératiseur et même un décorateur.
Anthony Boscher le 05/11/2007
Editeur : Bach Films, octobre 2007.Version : Originale
Anglais sous-titrée Français Son : Mono. 1h24.
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Supplément : Le film d'horreur par Laurent Préyale |