En Ukraine comme dans le pays entier, la guerre est en train de se terminer. En 1918, la misère et la famine s'installent partout. Une mère entourée d'enfants affamés pleure ses autres fils partis à la guerre, un paysan frappe son cheval plein d'une rage impuissante. Au front se déroulent les derniers combats : les gaz mortels figent dans un rire ultime les dernières victimes de la guerre. Les soldats désertent les champs de bataille et retournent vers la mère patrie.
Après la révolution d'octobre de 1917, l'Ukraine proclame son independance et enterrine sa séparation d'avec la russie en janvier 1918. La bourgeoisie ukrainienne organise le gouvernement central à Kiev et s'oppose à l'armée rouge. Timosh, soldat revenu depuis peu du front, prend la parole au congrès pan-ukrainien et dénonce la politique de classe du nouveau gouvernement. Il se met à défier les autorités locales. Il prône l'adoption du système soviétique et incite les ouvriers de l'Arsenal de Kiev à prendre les armes pour la Révolution.
L'arsenal se transforme en foyer de résistance et d'opposition des ouvriers au gouvernement de Kiev. Les cosaques ukrainiens attaquent l'usine. Épuisés, mal armés, les défenseurs de l'arsenal seront massacrés. Timosh n'a plus de munitions dans sa mitrailleuse. Refusant de se rendre, il jette une pierre et s'offre aux balles des ennemis. Ils tirent, tirent encore : Timosh ne tombe pas. Timosh découvre sa poitrine et défie ses ennemis effrayés de sa résistance.
C'est tout le lyrisme de Dovjenko qui s'offre dans ce film militant à la gloire de la révolution dans une Ukraine alors en résistance contre l'armée rouge. Nulle théorie du montage ici pour venir enrayer le grand accord de l'homme et de la nature. La guerre est méprisable parce qu'elle balaye les sols, affame les gens et fait perdre ses trois fils à la mère qui s'en va ensuite ensemencer les champs pour nourrir ses enfants survivants.
Le montage est toujours utilisé pour accroître l'empathie avec les personnages souvent dans une série de plans de plus en plus rapprochés. La majorité du film aligne en revanche le plus souvent des plans lents et majestueux où le rire expressionniste des vainqueurs d'aujourd'hui ne saurait vaincre la détermination lente et obstinée du peuple.
Editeur : Montparnasse, avril 2009. Format : 1.37.
|
|
Première vague des classiques du cinéma russe.
|