Filumena Marturano revient chez elle, évanouie. Alfredo, son homme à tout faire, va chercher le patron, Domenico Soriano commerçant appartenant à une famille napolitaine aisée, dans son épicerie. Rentré à la maison, Domenico apprend du docteur que Filumena est mourante. Il se souvient..
Pendant la guerre, il avait rencontré dans un bordel Filumena alors âgée de dix-sept ans, effrayée par les bombardements. Deux ans plus tard, en 1945, il la rencontre dans un bus surchargé, l'emmène en voiture et devient son amant.
Alors que l'Italie se dirige vers la république, il la voit toujours régulièrement au bordel et la sort parfois à l'hippodrome... quand celui-ci est vide et qu'il ne risque pas d'y rencontrer ses amis.
Lorsque Filumena exige de sortir du bordel, il l'installe dans un appartement... mais c'est pour éviter que celui-ci ne soit réquisitionné par la ville pour loger une famille nombreuse.
Les années passent. C'est Filumena qui dirige son épicerie. Quand elle déclare à Domenico qu'elle a refusé une proposition de mariage dans l'espoir d'être sa femme, celui-ci lui propose de rencontrer sa mère. Mais celle-ci est grabataire et un peu folle et c'est un rôle de servante qu'il confie à Filumena. Pire, au décès de celle-ci, alors que la bourgeoisie afflue chez lui, il confine Filumena dans l'arrière cuisine. Un jour à la boutique, il se laisse surprendre embrassant Diana, la jeune caissière devant Filumena.
Aujourd'hui, peu fière de lui, Domenico se laisse convaincre par le prêtre, que Filumena a appelé, d'épouser celle qui fut pendant vingt ans sa concubine et qui va bientôt mourir. Alors qu'il appelle la jeune Diana pour fixer son mariage, il voit surgir derrière lui Filumena qui lui demande de la considérer désormais comme sa femme. Se sachant berné par Filumena Alfredo et Rosalia, Domenico éclate de fureur et reste insensible aux explications de Filumena. Alors que son tout nouveau mari s'est blessé tout seul dans sa colère, Filumena se souvient...
Sa vie au bordel n'était pas des plus facile. Un jour après un coup de fil, elle demande, affolée, à Alfredo de l'emmener en voiture là où le bus de sa seconde rencontre avec Domenico la conduisait. Alfredo découvre qu'elle a un fils qu'elle a caché à Domenico de peur qu'il ne l'oblige à avorter. Amoureux d'elle depuis toujours, Alfredo lui propose de l'épouser. Et Filumena de lui révéler qu'elle a encore deux autres fils. Ceux-ci viennent parfois manger des gâteaux à l'épicerie.
Aujourd'hui donc, Domenico est sur de son fait : le mariage extorqué est nul. Ce que confirme son avocat. Filumena renonce à son mariage mais avant de quitter la maison fait venir ses trois enfants afin de leur révéler qu'elle est leur mère. Domenico, pressé de la voir parti se montre goujat comme à son habitude et ses enfants, au courant de sa vie passée de prostitué, se montrent d'abord ironiques. Mais Filumena les convint sans peine de son amour et ses trois enfants acceptent leur mère.
Filumena jette alors la figure de Domenico le billet de 100 lires qu'elle portait plié dans un bijou autour du cou et lui révèle qu'il portait la date du jour où elle tomba enceinte de lui et que, comme à son habitude, il avait payé ses services. Elle révèle ainsi à Domenico qu'un de ses trois enfants est de lui. En déchirant le morceau du billet sur lequel elle a inscrit la date de la conception de l'enfant, elle empêche Domenico de savoir lequel de ses trois enfants est le sien.
Domenico enquête de plus en plus fiévreusement pour savoir lequel des trois enfants est le sien. Il emmène même Filumena sur le Vésuve pour lui soutirer l'information. Apres une dernière scène, l'amour entre eux s'avère le plus fort. Domenico rend les armes et décide d'épouser Filumena et de reconnaître les trois enfants.
Une fois la cérémonie accomplie Filumena pourra enfin pleurer sur son bonheur si difficilement acquis.
Tiré de l'uvre du dramaturge Eduardo de Filippo, maître incontesté de la comédie napolitaine qu'il définit comme "la fusion tantôt harmonieuse, tantôt grinçante, entre rire et larmes, grotesque et sublime, drame et comédie", Mariage à l'Italienne en respecte fidèlement les principes glissant de la comédie au mélodrame après les deux flash-back successifs de Domenico et Filumena.
La première partie est dominée par la vision de Domenico pleine de mauvaise conscience et une Filumena toujours ravissante et radieuse malgré les avanies que lui fait subir son amant. La comédie du mariage est vite expédiée au profit d'une dispute entre les nouveaux mariés où c'est la vision de Filumena qui s'impose sur les années passées. Mère courage angélique rien ne dit qu'elle parviendra à sauver son bonheur. La vision d'une couronne funéraire dans un plan de vitre, le petit caillou exhibé comme l'image de ce que sont devenus les curs des amants, la confrontation de la mère et des trois enfants, la séquence du billet déchiré, la renonciation des amants sur le Vésuve sont autant de remarquables séquences de mélodrame. De bout en bout, qu'elle semble avoir dix-neuf ans ou quarante, vêtue d'une robe légère ou défigurée par la souffrance, Sophia Loren illumine le film de sa beauté.
Les dialogues sont toujours remarquables : "Là où tu m'as trouvée tu y venais toi aussi" ; "Non je ne pleure pas : on pleure quand on a connu le bonheur et que l'on ne l'a plus" ; "Ca doit être vrai puisque tu es calme. Tu as repris ton air de patron. "Tu te rappelles de tes costumes mais pas du jour où tu m'as donné ce billet".
Jean-Luc Lacuve le 24/08/2008