Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent datteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C'est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.
À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d'une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s'éloigne de lui et les disputes avec l'un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.
À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l'évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l'assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des "Black Panthers", de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l'intérieur, mais aussi en père de famille
La réalisation très classique du film ne l'empêche pas d'être un vibrant hommage au long combat des Noirs pour l'égalité des droits. La période historique retracée, de 1926 à 2009, est en effet très ample mais Daniels ne l'axe que sur ce seul sujet politique.
Cinq présidents sont montrés à l'écran. Quatre le sont dans la continuité historiques : Dwight D. Eisenhower (1953-1961), John F. Kennedy (1961-1963), Lyndon B. Johnson (1963,1969) et Richard M. Nixon (1969-1974). Les époques de Gerald Ford (1974-1977) et Jimmy Carter (1977-1981) font l'objet d'extraits télévisés. Le cinquième président montré à l'écran est Ronald W. Reagan (1981-1989) dont les deux mandats sont pour Gaines l'objet d'une prise de conscience des limites de l'intégration à l'époque contemporaine. Il démissionne sous le mandat de Reagan et ni George H. W. Bush (1989-1993) ni Bill Clinton (1993-2001) ni George W. Bush (2001-2009) ne sont montrés... pas plus que Barack Obama que l'on voit à la télévision et dont on entend la voix, off.
Daniels travaille surtout l'opposition entre les certitudes des Blancs, retranchés sur leurs valeurs, et les ruses, les combats mais surtout les doutes qui assaillent les Noirs tout au long de leurs combats pour l'égalité des droits. C'est l'incertitude sur les décisions à prendre qui rend intéressant le parcours de la famille Gaines. Cecil croit en l'intégration par la seule compétence. Martin Luther King lui-même dira que cette compétence reconnue dans certains domaines contribue à la bonne image qu'ont les Blancs des Noirs. Mais le combat est nécessaire. Daniels choisissant de montrer l'aporie du combat violent, c'est, classiquement par la non-violence et, à l'époque contemporaine, par le droit de vote, qu'ont été acquis l'égalité des droits.
Cette option consensuelle, la réconciliation de la famille et l'élection d'Obama donnent l'impression, au final, d'avoir assisté à la légende dorée du combat pour les droits civiques.
Jean-Luc Lacuve le 01/09/2013
(The Butler). Avec : Forest Whitaker (Cecil Gaines), Oprah Winfrey (Gloria Gaines), Vanessa Redgrave (Annabeth Westfall), David Oyelowo (Louis Gaines), Yaya Alafia (Carol Hammie), Nelsan Ellis (Martin Luther King), Robin Williams (Dwight D. Eisenhower), John Cusack (Richard Nixon), James Marsden (John F. Kennedy), Liev Schreiber (Lyndon B. Johnson), Alan Rickman (Ronald Reagan), Jane Fonda (Nancy Reagan). 2h12.