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Résumé repris de Wikipedia, avec quelques ajouts mineurs :
Ouverture.
László Tóth, survivant juif hongrois de l'Holocauste, séparé de force de sa femme et de sa nièce orpheline après avoir été envoyé au camp de concentration de Buchenwald, émigre aux États-Unis. Alors que son navire entre dans le port de New York, il aperçoit la Statue de la Liberté. Architecte formé au Bauhaus, László se rend en bus à Philadelphie, où il reste avec son cousin Attila et l'épouse catholique de celui-ci, Audrey, pendant qu'il cherche du travail. Tout juste arrivé, Attila accueille László en lui révèlant que sa femme Erzsébet et sa nièce Zsófia sont toujours en vie, mais coincées en Europe en raison de la mauvaise santé d'Erzsébet.
Partie 1 : l'énigme de l'arrivée (1947-1952)
En 1947, Attila propose à László de travailler dans son magasin de meubles. Il est logé dans une chambre de fortune, situé dans un placard caché derrière la salle d'exposition du magasin, et utilise une salle de bain de service à l'arrière du bâtiment. Il apprend également qu'Attila a abandonné ses origines juives et s'est assimilé à la culture américaine en nommant son business non pas Molnar mais "Miller & Sons" (parce que les Américains ont confiance dans les familles).
Ils sont bientôt chargés de rénover la bibliothèque d'un immense manoir appartenant au riche industriel Harrison Lee Van Buren, à la demande de son fils Harry, pendant que son père est absent. Harry leur propose 1 000$ pour la rénovation, mais László le convainc que les travaux couteront le double, ce que Harry accepte. Après une soirée arrosée dans l'appartement d'Attila et Audrey pour fêter cela, cette dernière exprime son dédain pour László et suggère qu'il vive ailleurs.
De retour au manoir et les travaux tout juste finis, Harrison rentre à la maison plus tôt que prévu, et est furieux de découvrir cette "rénovation surprise". Il licencie les hommes sur le champ et son fils Harry refuse de payer les honoraires. Attila exige que László quitte leur maison, le blâmant pour l'échec du projet et l'accusant à tort d'avoir dragué sa femme qui a menti pour assurer son expulsion. Trois ans plus tard, László, devenu héroïnomane, travaille comme ouvrier pour charger du charbon et vit dans un logement social avec Gordon, un père célibataire afro-américain avec lequel László s'est lié d'amitié peu après son immigration alors qu'il faisait la queue à une soupe populaire. Un jour, Harrison rend visite à László sur son lieu de travail afin de lui présenter ses excuses, et lui apprendre que la rénovation de sa bibliothèque a été publiée dans un article paru dans un magazine architectural populaire. Curieux, Harrison découvre que László était un architecte accompli en Europe et que certains de ses travaux ont survécu à la guerre.
Harrison remet à László les 2 000 $ d'honoraires que son fils avait refusé de payer au départ - que Gordon et László dépenseront ensuite en héroïne - et invite László à une fête en son honneur, où il lui demande de construire sur la colline toute proche dominant la ville de Doylestown un grand projet en hommage à la défunte mère d'Harrison : un centre communautaire comprenant une bibliothèque, un théâtre, un gymnase et une chapelle, le tout dans un seul et même bâtiment. Les travaux commencent immédiatement, László vivant et travaillant sur place et employant Gordon - tous deux encore héroïnomanes. Harrison présente László à son avocat personnel, qui accélère l'immigration de la femme et de la nièce de László.
Entracte de 15 minutes sur la photo d'un mariage en Hongrie durant les années 30 sur laquelle défile un compte à rebours.
Partie 2 : la dureté de la beauté (1953-1960)
En 1953, László accueille Erzsébet et Zsófia à la gare et découvre qu'en raison de la guerre, sa femme Erzsébet, atteinte d'ostéoporose causée par la famine, est en chaise roulante, et sa nièce Zsófia est incapable de parler. Lors d'un déjeuner, Harrison est étonné d'apprendre qu'Erzsébet a étudié à Oxford en Angleterre, ayant un meilleur accent anglais que son mari qui vit pourtant maintenant depuis 5 ans aux Etats-Unis, et qu'Harrison insulte d'accent de "cireur de chaussures".
Pendant la construction du centre communautaire, László se heurte aux entrepreneurs et aux consultants embauchés par Harrison qui s'écartent de sa conception afin de réduire les coûts , et à Harry qui l'insulte en lui disant que lui et sa famille sont uniquement « tolérés », et faisant des remarques obscènes sur Zsófia. László avertit Zsófia d'éviter Harry bien que celui-ci l'a apparemment déjà agressé. Après le déraillement d'un train transportant des matériaux, causant des blessés graves, et les frais juridiques qui en découlent, Harrison arrive sur le chantier furieux et annonce à László que le projet est abandonné et licencie tous les ouvriers sur le champ.
En 1958, László et Erzsébet s'installent à New York, où il travaille comme dessinateur dans un cabinet d'architecture, et elle en tant que rédactrice de la section cosmétique pour un journal. Zsófia, qui a recouvré la capacité de parler, attend un enfant avec son mari, Binyamin. Ils annoncent qu'ils font leur Aliyah et qu'ils déménagent à Jérusalem. László annonce en même temps qu'Harrison l'a recontacté pour relancer le projet de construction et l'invite à se rendre en Italie pour quelques jours. Ces deux nouvelles laissent Erzsébet triste, se sentant seule et abandonnée.
László retrouve Harrison dans les mines de Carrare pour acheter du marbre auprès d'Orazio. Le soir même, après une soirée arrosée, Harrison viole un László ivre, l'insultant de sangsue sociale, qui ne demande qu'à être persécuté. De retour aux Etats-Unis, László, encore traumatisé par ce qu'il s'est passé, devient de plus en plus belliqueux, licenciant impulsivement Gordon lors d'une dispute. Il se lamente auprès d'Erzsébet qu'ils ne sont pas les bienvenus en Amérique, lui expliquant les mépris qu'il a subi de la part d'Harrison, Harry et Audrey.
Après que László ait failli tuer Erzsébet en lui donnant de l'héroïne pour soulager la douleur de son ostéoporose, elle propose qu'ils vivent à Jérusalem avec Zsófia et sa famille, ce qu'il accepte. Peu de temps après, Erzsébet, qui utilise désormais un déambulateur au lieu d'un fauteuil roulant, rend visite un soir à Harrison et le traite de violeur devant sa famille et ses associés. Son fils Harry, enragé, la pousse violemment dehors, avant que Maggie n'intervienne et ne l'aide à rejoindre son taxi. Dans la panique, Harry et Maggie se rendent compte que leur père a disparu, et Harry organise une expedition afin de le retrouver. Tous partent en direction du centre communautaire, mais Harrison reste longtemps introuvable avant que le gardien du bâtiment déclare distinguer quelque chose dans la labyrinthe du sous-sol.
Épilogue : première Biennale d'architecture à Venise (1980)
En 1980, Erzsébet est décédée et une rétrospective des œuvres de László est organisée à Venise. L’exposition comprend le centre communautaire, enfin terminé en 1973, après une interruption de dix ans. Zsófia, accompagnée de sa fille maintenant adulte et d’un László vieillissant, prononce un discours soulignant la façon dont László a conçu le centre communautaire Van Buren pour ressembler aux camps de concentration qui ont emprisonné les Tóth, et qui fonctionne comme un moyen de traiter les traumatismes. Le chef-d’œuvre comporte aussi une chapelle, dont le toit à 20 mètresde hauteur, comporte une brèche en forme de croix qui laisse pénétrer la lumière pour illuminer d’une croix un bloc de marbre blanc de Carrare. Zsófia y voit une "invitation à la libre pensée, à la libre identité". Elle termine en affirmant que László lui a dit un jour : "Peu importe ce que les autres essaient de vous vendre, c’est la destination qui compte, pas le voyage."
Le film est monumental par sa durée, sa présentation en deux parties séparées par un entracte, et la présence d'un prologue et d'un épilogue. Il l'est tout autant par le lien qu'il tente d'établir entre la psychologie de l’après-guerre pour les Juifs et l'architecture moderne, en particulier le brutalisme et le fonctionnalisme. Sept ans de préparation ont été nécessaires, Covid compris, pour réaliser ce film ambitieux avec un soutien financier ridicule, 10 millions de dollars et seulement trente-trois jours de tournage en pellicule 35 mm.
Les survivants de l'Holocauste en 1947
László Tóth, juif hongrois, survit à l'Holocauste après avoir été envoyé au camp de concentration de Buchenwald alors que sa femme et sa nièce ont survécu à Auschwitz. Les séquelles les plus marquantes de cette famille sont d'avoir perdu respectivement, sexe, jambes et paroles.
Attila cherche lui à dissimuler ses origines juives. Il a modifié son nom et épousé une catholique. Quand Lazlo est interrogé sur ce qu'il a vécu dans les camps lors d'un dîner mondain, il refuse de parler d'un traumatisme que nombre de survivants n'ont pu exprimer.
Pire, László, son épouse Erzsébet et leur nièce Zsófia doivent faire face à ce que signifie « être Juif » dans leur pays d’adoption. Ils tentent de déterminer si les amabilités qu’ils échangent avec leurs bienfaiteurs non-Juifs sont sous-tendues par l’antisémitisme. Celui ci affleure vite chez Harry, qui rappelle à László qu'il n'est que toléré alors que la soif d'humiliation envers les plus faibles dégénère d'une remarque sur l'accent de Lazlo à un peuple accusé de ne pouvoir se défendre, remarque d'Harrisson avant de violer Lazlo.
Les films documentaires sur le développement de Philadelphie et de la Pennsylvanie et l'omniprésence de chansons d'époque donnent l'impression que le monde américain se développe sans eux. Ces citations musicales et visuelles, collages hétérogènes, succèdent à celle de la statue de la Liberté aperçue la tête en bas lorsque Toth descend du bateau, première image en déséquilibre de l’Amérique.
Face aux méthodes brutales des capitalistes protestants, l'architecte juif cherche à préserver son art en se repliant sur le projet secret de construire un labyrinthe symbolique reliant pour lui Buchenwald à Auschwitz. D'où cette errance dans les sous sol où est drainée l'eau de pluie où semble s'apaiser Lazlo. Ce sera le lieu où sera vraisemblablement retrouvé le corps de Harrisson, lui bien incapable d'affronter les traumatismes auxquels sa personnalité trouble est confrontée
Splendeurs publiques et secrètes du brutalisme
Conduit à des replis symboliques Toth, bien au contraire exalte, la perfection, la grandeur, la lumière au travers du brutalisme, mouvement architectural de l'après guerre qui vient du français « brut ». Le « béton brut » est le terme employé par Le Corbusier, qui voit dans ce matériau de construction un aspect sauvage, naturel et primitif lorsqu'il est utilisé sans transformation. Cette architecture provient des formes développées par Ludwig Mies van der Rohe et se distingue notamment par la répétition de certains éléments comme les fenêtres, et par l'absence d'ornements et le caractère brut du béton.
Biopic fictif, le film s'inspire principalement de la vie et l'œuvre de Marcel Breuer ainsi que de l'œuvre du Corbusier. Né en Hongrie en 1902 et mort à New-York en 1981, Marcel Breuer créée pendant sa période Bauhaus, la "chaise B3", plus connue sous le nom de Wassily Chair, la première chaise en tubes d’acier pliés créée en 1925 pour Wassily Kandinsky, inspirée en partie par un guidon de vélo et que l'on retrouve plus ou moins dans la création du bureau tricycle du film.
En 1935, en raison de la montée au pouvoir du parti Nazi en Allemagne et pour échapper à la persécution des personnes d’origine juive, Breuer s’installe à Londres et émigre aux États-Unis en 1937 et travaille aussi avec Walter Gropius, ancien collègue du Bauhaus, sur la création de plusieurs maisons des environs de Boston. En 1953, Breuer réalise le siège de l’UNESCO à Paris. Cela marque un tournant dans sa carrière avec la réalisation de plus grands projets et l’adoption du béton comme premier matériau. Il devient l’un des pratiquants du Brutalisme et construit le Whitney Museum of American Art à New York avec Hamilton P. Smith.
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La chaise B3 Marcel Breuer, 1925 |
Chaise longue de la villa Savoye Le Corbusier, 1931 |
En 1931, Le Corbusier réalise la Villa Savoye qui comporte une chaise longue qui ressemble à celle de la bibliothèque de Harrisson. Mais c'est surtout La chapelle Notre-Dame du Haut (1955) qui peut avoir servie d'origine au mémorial construit par Thot. La chapelle catholique de Le Corbusier est en effet située au sommet de la colline de Bourlémont qui surplombe le nord de la ville de Ronchamp. L'église en forme de quadrilatère fait l'objet d'un programme spécifique sur la lumière. Il s'agit d'un lieu plutôt sombre, car éclairé uniquement avec des fentes horizontales murales, l'essentiel de la lumière venant elle de la crypte (sur laquelle donne l'église). Cependant, ces fentes, parées de vitraux, ont été orientées selon la position du soleil et assurent ainsi un éclairage constant de l'intérieur. De plus, le haut du mur de l'église orienté vers l'ouest est troué sur toute sa longueur d'une large fente, qui permet au soleil couchant d'été d'éclairer pleinement l'église.
Exemple plus monumental, le Couvent Sainte-Marie de La Tourette (1960). L'ensemble conventuel comporte une église, un cloître, une salle de chapitre, des salles de cours, une bibliothèque, un réfectoire, des parloirs, des cuisines et une centaine de cellules individuelles, le tout en béton armé.
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Chapelle Notre-Dame du Haut Le Corbuiser, 1955 |
Couvent Sainte-Marie de La Tourette Le Corbusier, 1960 |
Jean-Luc Lacuve, le 22 février 2025