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Couvent Sainte-Marie de La Tourette

1960

Couvent Sainte-Marie de La Tourette
Le Corbusier, 1956-1960
Béton armé
Ronchamp,Haute-Saône

Le couvent Sainte-Marie de La Tourette se situe dans la commune d'Éveux, à environ 25 km au nord-ouest de Lyon, dans le département du Rhône en France. L'ensemble conventuel comporte une église, un cloître, une salle de chapitre, des salles de cours, une bibliothèque, un réfectoire, des parloirs, des cuisines et une centaine de cellules individuelles, le tout en béton armé.

La conception est le fruit d'une collaboration étroite de Le Corbusier avec son associé André Wogenscky. Iannis Xenakis, compositeur et architecte, s'est particulièrement impliqué dans la création harmonique12 des « pans de verre ondulatoires », vitrages verticaux sertis dans des panneaux géométriques (en claustra) de béton qui illuminent certaines parties telles que les galeries du cloître : ces vitrages se veulent l'adaptation de son œuvre Metastasis.

L'église a été détachée du reste des bâtiments, de façon à pouvoir protéger le couvent des vents du Nord, aérer l'espace et ne pas donner de sensation d'étouffement. On peut noter, devant les fenêtres du couvent aux extrémités des couloirs de distribution, des « fleurs de béton », c'est-à-dire des formations de béton dressées en face des grandes fenêtres des couloirs, comme pour en gâcher la vue. En réalité, Le Corbusier estimait que si une fenêtre donne directement sur un paysage, on finit très vite par l'oublier et ne plus y prêter attention. Le Corbusier a ainsi eu l'idée de ces « fleurs » afin que, pour pouvoir voir le paysage, le passant dans le couloir soit obligé de se pencher à la fenêtre et ainsi fasse plus attention au paysage environnant. Les couloirs sont éclairés par de longues meurtrières horizontales qui donnent sur la cour intérieure et sont accentuées par des « morceaux de sucre » (parallélépipèdes de béton qui font partie de la structure porteuse). Les façades tournées vers la cour intérieure sont constituées de « carrés Mondrian » de béton et de verre.

Les toitures-terrasses forment un cloître de méditation entouré par un mur d'un mètre soixante-dix de haut. Le cloître de circulation adopte une géométrie particulière, en forme de croix désaxée au centre du couvent.

Le principe hors-sol de cette construction sur pilotis qui comporte cinq étages en élévation permet de conjuguer l'organisation horizontale des espaces intérieurs avec la forte déclivité du terrain (cependant que la terre ainsi « libérée » est devenue une friche de terre battue, sans aucune végétation). Le couvent constitue de ce fait l'un des premiers bâtiments français en forme de pyramide renversée. Le couvent, isolé, s’insère dans le paysage naturel avec une grande expressivité ; on peut en apprécier le contraste depuis le versant opposé de la vallée. Le récent lycée Germaine-Tillion à Sain-Bel, qui a justement été érigé sur la colline en face, a été conçu de façon à rappeler l'architecture du couvent qui lui fait face.

Le Corbusier déclara : « Ce couvent de rude béton est une œuvre d'amour. Il ne se parle pas. C'est de l'intérieur qu'il se vit. C'est à l'intérieur que se passe l'essentiel. »

Réalisée avec une économie drastique, l'église en forme de quadrilatère fait l'objet d'un programme spécifique sur la lumière. Il s'agit d'un lieu plutôt sombre, car éclairé uniquement avec des fentes horizontales murales, l'essentiel de la lumière venant elle de la crypte (sur laquelle donne l'église). Cependant, ces fentes, parées de vitraux, ont été orientées selon la position du soleil et assurent ainsi un éclairage constant de l'intérieur. De plus, le haut du mur de l'église orienté vers l'ouest est troué sur toute sa longueur d'une large fente, qui permet au soleil couchant d'été d'éclairer pleinement l'église et de teindre la moitié du plafond en orange.

La crypte absidiole, adjacente à l'église (l'église domine la crypte comme un balcon) est elle relativement colorée, comparée à la sobriété des autres bâtiments. Son élégante courbure lui donnent le surnom d' "oreille" ou de « piano ». Son éclairage est lui traité au moyen d'un dispositif multiple de puits de lumière, conçus comme des cheminées. Ils sont métaphoriquement appelés « canons à lumière », car ils permettent un excellent éclairage de la crypte. L'église est accolée d'une crypte et d'une sacristie qui forment le transept, lui donnant un plan en croix latine.

Les cellules des frères dominicains (longues de 5,92 m, larges de 1,83 m et de la hauteur de 2,26 m, celle d'un homme le bras levé) sont des volumes simples qui mettent en application l'optimisation d'un espace individuel minimal, adaptant le principe modulaire de Le Corbusier. Disposant d'un lit, d'un espace de toilette, d'un bureau et d'une loggia qui ouvre sur le grand paysage, organisant le repos, l'activité et la méditation.Le réfectoire destiné aux rassemblements nombreux favorise davantage la communication, disposant de larges baies lumineuses intégrant le panorama à l'architecture.

Les toitures-terrasses sont restaurées en 1981.

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