Une forme métallique
qui émerge d'une étendue d'eau calme. En voix off, un homme
fait ses adieux à sa famille et dit : "Ici, tout est perdu, sauf
le corps et l'âme." En surimpression, une indication de lieu, "au
large du détroit de Sumatra".
Ce qui suit est le récit des huit jours qui ont précédé
la rédaction de ce testament nautique. L'homme se réveille brusquement
: son bateau, le Virginia-Jean, a été éperonné
par l'angle d'un container tombé d'un cargo. Se précipitant
sur le pont, l'homme voit des chaussures bon marché s'échapper
de la grosse boîte métallique. La brèche est au niveau
de la ligne de flottaison et la cabine.
L'homme dégage son voilier de douze mètres du container mais, privé de sa radio et de son matériel de navigation, il se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s'en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d'une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l'épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face. A chaque fois un peu plus usé, un peu plus fatigué, le marin solitaire essaie de parer l'adversité, avec à chaque fois un peu moins d'ingéniosité, un peu plus de malchance, un peu plus de désespoir.
Film apparemment aux antipodes de Marging call : très peu de mots et un seul acteur. Pourtant la dimension symbolique est toijours aussi lourde et évidente : le capitaliste occidental vient d'être éperonné par l'une des armes essentielles de la mondialisation, le container.
Présenté hors compétition à Cannes en 2013 et en compétition au Festival du cinéma Américain de Deauville.