Ce Mao de tee-shirt, aux lèvres très peintes, au visage tour à tour bleu ou brouillé d'ombres noires, n'est pas seulement confronté à sa transformation en motif décoratif stabilisant ses traits. La série lithographiée fait face à une série de soleils couchants, tout en douceur, réalisée au même moment. Billy Wilder, Hollywood et le crépuscule de ses vedettes ne semblent pas si loin de ce Warhol, dont on peut toujours se demander ce qu'il avait sous la perruque, au-delà de son goût pour la provocation.
Introduire l'image de Mao dans la société américaine était une provocation. Multiplier le signe du dollar, d'une part, et la faucille et le marteau, de l'autre, en était une autre. On peut remarquer aussi que l'emblème du capitalisme ne paraît pas flambant neuf, mais pris dans une sorte de cambouis, quand celui du socialisme se ramollit dans son ombre d'un rouge sanglant. Le monde en deux blocs en prend un coup. Warhol ne prend pas parti.