La madone Benois pourrait être l'une des deux madones commencées
par Léonard de Vinci, comme il le dit lui-même, en octobre
1478. L'autre serait alors La madone à l'illet (1474, Alte Pinakothek de Munich). Il est probable que la Madone
Benois soit le premier travail exécuté
par Léonard comme peintre indépendant de son maître
Andrea del Verrocchio. Il existe deux études préparatoires
de ce tableau, conservées au British Museum de Londres.
Durant des siècles, le tableau a été considéré
comme perdu. C'est seulement en 1909 que l'architecte Léon Benois
(qui donne son nom au tableau) l'a sensationnellement exposé
à Saint-Pétersbourg, avec une partie de la collection
de son beau-père. Vers 1790, la Madonna Benois est en possession
du général Alexandre Korsakov et elle quitte l'Italie
pour la Russie. À la mort du général, son fils
vend le tableau pour 1 400 roubles à un certain Sapozhnikov,
un marchand d'Astrakhan. Léon Benois en devient le propriétaire
lorsquil épouse la petite-fille de Sapozhnikov.
En 1908, la revue Starye Gody organise la première exposition
publique du tableau. À cette occasion, le conservateur de lAcadémie
Impériale de peinture de Saint-Petersbourg, Ernest de Liphart
est le premier à l'attribuer à Léonard de Vinci
: "J'ai le courage de mon opinion malgré le tollé
que soulèvera cette attribution. Le tableau n'est pas plaisant
à première vue, j'en conviens ; mais étudiez-le
et vous vous laisserez gagner peu à peu par le charme mystérieux
de cette uvre de jeunesse, toute modeste, de celui qui fut plus
tard le grand, l'unique Léonard. " Leon Benois vend le tableau
en 1914 au musée impérial de l'Ermitage.
Cette composition de Léonard a largement été copiée
par de jeunes peintres, notamment par Raphaël pour sa
Madone aux illets (1507, The National Gallery de Londres)
L'accumulation des vernis sur le tableau a pu donner l'impression que
la Vierge est édentée. Une observation rigoureuse de sa
bouche cependant montre au moins quatre séparations (traits noirs)
sous la lèvre supérieure. Le tableau ne semble pas pour
autant achevé : des parties du vêtement paraissent ainsi
être à l'état de sous-couches. Qui plus est, certains
endroits du tableau ont été repeints : le ciel que l'on
voit par la fenêtre, le tour de la bouche, le cou de la Vierge
ainsi que le fond noir.
Les deux personnages, la mère et son fils, sont positionnés
sur la toile de manière que le centre de la composition soit
la fleur avec laquelle ils jouent.