Marie-Denise Villers, née Lemoine, est issue d’une famille d’artistes. Eleve talentueuse d’Anne Louis Girodet, spécialisée dans le portrait, c’est peut-être dans ce portrait présumé de Madame Soustras, une dame de compagnie de l'impératrice Joséphine qu'elle manifeste son apétence pour ce genre. Prétextant une vue en extérieur, l'artiste semble pourtant délaisser complètement l'arrière plan paysagé, à peine détaillé et presque évanescent, afin de se concentrer plus avant sur son modèle
Revetue d’une robe noire presque exempte de détails et partiellement voilée, la jeune femme vient de délaisser ses accessoires de mode la paire de gants et la rose pour relacer sa belelrine d’un blanc éclatant. L’artiste détourne ici un motif de la statuaire classique, celui du marbre antique, Le Dieu Hermès rattachant sa sandale, conservé au Louvre
Ce geste qui peut paraître aujourd’hui anodin, participe de l’érotisation du corps féminin, ici mis en scene par une peintre femme. La composition imaginée par Villers connut une grande postérité de son temps et a été reprise sous forme de reproductions dans la presse féminine, notamment le Journal des dames et des modes.
Exposée au salon de 1799, Marie-Denise Villers reçut un encouragement officiel, sous la forme d’une bourse de 1500 francs. De nouveau exposée en 1801,1802 et 1814, soutenue par françois Gérard et Jacques Louis David, la peintre est ensuite tombée dans l’oubli, au point que son tableau, présenté au salon de 1799, célébré alors par la critique fut attribué après sa mort à David.