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Le semeur au soleil couchant

1888

Le semeur au soleil couchant
Vincent Van Gogh, juin 1888
Huile sur toile, 64 x 84,5
Otterlo, Musée Kröller-Müller


Van Gogh s'inspire du semeur (1850) de Jean-François Millet, qu'il admire énormément. Il a délà fait des dizaines de dessins après ce modèle, mais à Arles il veut peindre une nouvelle version "moderne". Non plus sombre, gris et sans beaucoup de couleur, comme Millet, mais avec des couleurs éclatantes et des contrastes vifs.

Le semeur (1850) de Jean-François Millet
transfiguré par Van Gogh

Toute l'attention est attirée sur le terrain avec des mottes de terre, peintes en peinture épaisse, bleu-violet et orange, presque comme un relief. Le semeur fait son travail et le soleil domine la scène comme source éternelle de lumière et d'énergie.

L'aspect frappant de cette peinture est que derrière le semeur, qui sème la terre labourée d'un large geste de bras, le maïs mûr peut encore être vu. Avec cela, Van Gogh se réfère au cycle de la nature et de la vie. Le thème du semeur a aussi pour lui un aspect religieux: le semeur sur la terre représente le semeur de la parole de Dieu.

Au tout début de sa carrière, Van Gogh écrivait (Etten, Septembre 1881)

Cher Théo, Quoique je vienne à peine de t'écrire, j'ai encore quelque chose à te dire. Notamment qu'il y a eu changement dans mon dessin, tout autant dans ma façon de faire que dans le résultat. A la suite aussi de choses et d'autres que Mauve m'a dites, j'ai recommencé à travailler d'après modèle vivant. J'ai heureusement réussi à convaincre diverses personnes, entre autres Pier Kaukman, l'ouvrier. L'étude soigneuse, le dessin constant et répété des Exercices au fusain de Bargue, m'ont donné une meilleure conception du dessin des figures. j'ai appris à mesurer et à voir et à chercher les grandes lignes. Si bien que ce qui jadis me semblait désespérément impossible, va devenir petit à petit possible, Dieu merci. Jusqu'à cinq fois j'ai dessiné un paysan avec une bêche, "un bêcheur2, dans toutes espèces d'attitudes, deux fois un semeur, deux fois une fille avec un balai. Ensuite, une femme avec un bonnet blanc, qui épluche des pommes de terre, et un berger appuyé sur son bâton, et enfin un vieux paysan malade, assis sur une chaise près du foyer, la tête dans les mains et les coudes sur les genoux. Evidemment, je n'en resterai pas là; une fois qu'un mouton a passé le pont, tout le troupeau suit. Il faudra que je dessine sans cesse des bêcheurs, des semeurs, des laboureurs, hommes et femmes. Que j'examine et étudie tout ce qui fait partie de la vie à la campagne. Comme bien d'autres l'ont fait et le font encore. En face de la nature, je ne me sens plus impuissant comme jadis. De La Haye, j'ai rapporté des Conté en bois (ainsi que des crayons) et je m'en sers beaucoup pour travailler. Je commence également à travailler au pinceau et à l'estompe, avec un peu de sépia ou de l'encre de Chine et de temps en temps avec un peu de couleur. Il est certain que les dessins que j'ai faits ces derniers temps ressemblent très peu à ce que j'ai fait jusqu'ici. La dimension des figures est à peu près celle d'un Exercice au fusain. En ce qui concerne le paysage, j'estime que d'aucune façon il n'a à en souffrir, bien au contraire il y gagnera.

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