Ariane, abandonnée sur l'île de Naxos, fut surprise par Bacchus, couronnée par Vénus et admise parmi les dieux.
Le Tintoret a représenté Ariane tendant timidement la main pour recevoir l'anneau nuptial des mains d'un Bacchus plein de tendresse et de respect.
Vénus, légère et splendide, apporte son concours en couronnant Ariane et en accompagnant la main qui s'apprête à recevoir l'anneau.
La couleur et les courbes des nus laissent une incroyable impression de légèreté et de pureté. Et ces mains, qui se rapprochent sur fond de mer et de ciel, sont d'une grande délicatesse.
Ici Ariane symboliserait Venise, née de la mer comme Vénus, favorite des dieux et libre, couronnée reine des mers.
L'allusion à la cérémonie annuelle des noces du Doge avec la mer est évidente.
Cette œuvre, avec La Forge de Vulcain, Mercure et les Grâces, Mars chassé par Minerve, est une des quatre allégories exécutées par le Tintoret en 1576 - 1578 pour célébrer la concorde et l'union dans la République de Venise. Elle devait pour sa part symboliser les richesses répandues sur la cité par la grâce divine. Mais dans ces quatre tableaux, comme il arrive souvent dans la Renaissance italienne, la peinture est polysémique. Ainsi l'allégorie politique trouve-t-elle ici également une dimension cosmique, dans la possibilité d'y comprendre une figuration des Saisons et des quatre éléments ... On a donc pu voir dans Mercure et les Grâces l'évocation du printemps et l'élément Air, dans La forge de Vulcain l'allégorie de l'hiver et le Feu, dans Mars chassé par Minerve l'été et Terre, et dans Vénus, Ariane et Bacchus le symbole de l'automne (couronne de pampres sur la tête de Bacchus) et l'élément Eau : "On y voit Ariane, retrouvée sur le rivage par Bacchus, tandis que Vénus, posant une couronne d'or sur sa tête, la déclare libre et l'admet parmi les divinités célestes : ce qui représente Venise, née au bord de la mer, riche non seulement de tous les biens terrestres mais ceinte aussi d'un couronne de liberté" (Ridolfi, Vite dei Tintoretto da le Maraviglie dell'arte, 1648). On considérait que le tableau pouvait évoquer aussi les noces symboliques de Venise et de la mer ...
Source : Academie de Nancy-Metz