Longtemps attribuée à Titien, cette Judith révèle une confrontation directe avec la peinture du maître vénitien, qui séjourna également à Augsbourg lors de la Diète de 1548, dans l’entourage direct de Charles Quint dont il fit de nombreux portraits. Les figures grandeur nature, rares dans la peinture de chevalet de Sustris pendant les années italiennes, occupent une large part de la production destinée à la clientèle germanique. Plus encore qu’à Titien, Judith renvoie aux figures à mi-corps de Paris Bordon, par sa stature vigoureuse, sa gestuelle étudiée et le traitement virtuose des textiles. Brillant élève de Titien, Bordon avait travaillé en 1540 à Augsbourg pour les Fugger et d’autres grandes familles locales. Avec ce tableau, Sustris ré- pondait à un goût bien spécifique pour une peinture vénitienne sensuelle dans son évocation des matières et monumentale dans sa construction formelle, sans pour autant renoncer à son naturalisme personnel
Source : Musée des Beaux-arts de Caen