(1871-1951)
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Réaliste américain |
John French Sloan (2 Août 1871 - Septembre 7, 1951) était membre du groupe des huit et une figure de proue de l'école réaliste, l'Ashcan School. Il est connu pour sa peinture de genre en milieu urbain, sa capacité de capturer la vie des quartiers de New York où il habitait dans les premières décennies du XXe siècle.
Vitrine d'un magasin d'images | 1907 | Newark, Art museum |
Movies five cents | 1907 | New York, Collection particulière |
McSorley's Bar | 1912 | Detroit Institute of Arts |
John Sloan nait Lock Haven, Pennsylvanie, le 2 Août 1871, de James Dixon, un homme aux penchants artistiques et aux revenus instables obtenus dans une succession d'emplois, et d'Henriette Sloan, une institutrice issue d'une famille aisée. Sloan grandit à Philadelphie, en Pennsylvanie, où il vit et travaille jusqu'en 1904, avant de déménager à New York.
John et ses deux surs suivent des cours de dessin et de peinture dès
leur plus jeune âge. À l'automne de 1884, il entre à l'école
secondaire centrale de Philadelphie, où ses camarades de classe sont
William Glackens et Albert C. Barnes. Au printemps de 1888, son père
subit une dépression nerveuse qui le laisse incapable de travailler.
Sloan devient responsable, à l'âge de 16 ans, de ses parents
et de ses surs. Il quitte l'école pour travailler à temps
plein comme caissier adjoint chez Porter et Coates, une librairie qui vend
aussi des gravures, qu'il a tout le temps d'examiner dans ses nombreuses heures
creuses. C'est aussi là que Sloan crée ses premières
uvres ayant été retouvées, parmi lesquelles des
copies à la plume d'après Dürer et Rembrandt. Certaines
de ses gravures sont vendues par le magasin pour une somme modique. En 1890,
l'offre d'un salaire plus élevé persuade Sloan de quitter son
poste pour A. Edward Newton, ancien employé de Porter et Coates, qui
a ouvert son propre magasin de papier à lettres. Pour Newton, Sloan
conçoit des cartes de vux et des calendriers. La même année,
il suit les cours du soir de dessin à l'Institut Spring Garden, qui
lui fournit sa première formation artistique sérieuse. Il quitte
bientôt Newton pour une plus grande liberté artistique mais moins
de revenus. En 1892, il travaille néanmoins comme illustrateur au département
des arts de The Philadelphia Inquirer. Il prend des cours du soir à
la Pennsylvania Academy of Fine Arts sous la direction de Thomas Pollock Anshutz
avec son ancien camarade William Glackens.
Lors d'une fête de Noël en 1892, Sloan rencontre Robert Henri,
un avocat charismatique ferru d'art qui devient son mentor. Henri convainct
Sloan de se tourner vers la peinture et de promouvoir une nouvelle forme de
réalisme qui contribura à redéfinir l'art américain.
En 1893, Sloan et Henri fondent the Charcoal Club (le club du charbon de bois)
qui inclut également Glackens, George Luks, et Everett Shinn.
Vers la fin de 1895, Sloan quitte The Philadelphia Inquirer pour The
Philadelphia Press qui lui offre un emploi du temps moins rigide qui lui
laisse plus de temps pour peindre. Henri l'encourage et lui envoie des reproductions
d'artistes européens, tels que Manet, Hals, Goya et Vélasquez.
En 1898, Sloan rencontre Anna Maria "Dolly" Wall (née en,
1876), et tous deux tombent immédiatement amoureux. Sloan accepte son
alcoolisme et sa prostitution passée (Dolly travaillait dans un magasin
le jour et dans un bordel la nuit). Ils se marient le 5 août 1901, et
Sloan trouvera en Dolly une femme qui croit totalement en lui mais dont les
défaillances et l'instabilité mentale conduisent à des
crises fréquentes.
En 1903, Sloan a peint une soixantaine de toiles. En Avril 1904, il déménage
à New York pour Greenwich Village où il peint certaines de ses
uvres les plus connues, notamment McSorley's
Bar, Sixth Avenue Elevated at Third Street, and Wake of the
Ferry. Son séjour à New York est une période prolifique,
mais il vend peu, et il continue de vivre sur ses gains de pigiste pour The
Philadelphia Press jusqu'en 1910. En 1905, il compléte ce revenu
en dessinant des illustrations pour des livres (y compris The Moonstone)
et pour des revues telles que Collier's Weekly, Good Housekeeping,
Harper's Weekly, The Saturday Evening Post, et Scribner's.
Sloan participe en 1908 à une exposition aux Galeries Macbeth d'un groupe qui comprend les cinq artistes du Charcoal Club de Philadelphie ainsi que Maurice Prendergast, Ernest Lawson, et Arthur B. Davies. Ils seront par la suite collectivement connu sous le nom "The Eight" (le groupe des huit).
Sloan consulte un médecin pour aider Dolly à surmonter son alcoolisme. Celui-ci lui propose de tenir un journal dans lequel il écrira ses pensées les plus positives sur elle, dans l'espoir qu'elle le lira et se libérera ainsi de sa crainte que Sloan la quitte. Couvrant la période de 1906 au début de 1913, le journal débordera rapidement son objectif initial et sa publication, en 1965, fournira une chronique détaillée des activités de Sloan.
Le mécontentement croissant de Sloan pour ce qu'il appelle "la
ploutocratie gouvernementale" l'amene à rejoindre le parti socialiste
en 1910. Il devient directeur artistique de The Masses pour le numéro
de décembre 1912 et dessine pour d'autres publications socialistes
tels que Call (L'appel) et Coming Nation (La nation à venir). Comme
Sloan n'aimait pas la propagande, son travail pour ces magazines manquaient
souvent de contenu politique. C'était inacceptable pour une large part
de ses collègues de The Masses, qui l'obligent à démissionner
de son poste en 1916. Plus tard, il sera aussi déçu par le Parti
communiste américain, bien qu'il continue à espérer que
l'Union soviétique réussisse à créer une société
égalitaire.
En 1913, Sloan peint une toile de très grand format pour la reconstitution
de la grève historique Paterson. Les figurant, plus d'un millier, sont
appelés à ce spectacle au bénéfice des travailleurs
en grève des usines de soie, au Madison Square Garden. En Février
1913, Sloan participe à l'Armory Show. Il est membre du comité
organisateur et expose également deux tableaux et cinq eaux-fortes.
cette même année, le collectionneur Albert C. Barnes achete un
tableau de Sloan. Ce n'était que la quatrième vente d'une toile
pour Sloan (bien que souvent à tort considéré comme sa
première). Pour Sloan, l'exposition des uvres européennes
modernes de l'Armory Show marque un abandon progressif des thèmes urbains
qu'il avait peint précédement. En 1914-15, au cours des étés
passés à Gloucester, au Massachusetts, il peint en plein air
des paysages dans un nouveau style plus coloré influencé par
Van Gogh et les peintres fauves.
À partir de 1914, Sloan enseigne (dix ans) à l'Art Students
League et plus brièvement à l'École d'art George Luks.
Ses élèves le respectaient pour ses connaissances pratiques
et son intégrité, mais craignaient sa veine caustique. Peintre
célèbre mais qui avait pourtant peu vendu, il prévenait
ainsi ses élèves: «Je n'ai rien à vous apprendre
qui vous aidera à vous faire un vivre ".
L'été 1918 est le dernier passé à Gloucester.
Les 30 prochaines années, il passera quatre mois d'été
à Santa Fe, Nouveau-Mexique, où le paysage désertique
lui inspire une nouvelle concentration sur le rendu de la forme. Alors que
la majorité de ses uvres ont été réalisées
à New York, il développe alors un intérêt marqué
pour les arts autochtones américains et les cérémonies,
et devient un défenseur des artistes indiens. Il promeut aussi le travail
de Diego Rivera, qu'il nomme "le seul artiste sur ce continent qui est
la classe des maîtres anciens."
En 1943, son épouse, Dolly, décéde. L'année suivante, Sloan épouse Helen Farr, qui préservera ses uvres. Le 7 septembre 1951, John Sloan meurt d'un cancer à Hanover, New Hampshire.