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Portrait de Madame X

1884

Portrait of Madame X (Madame Pierre Gautreau)
John Singer Sargent, 1884
Huile sur toile 209 × 110 cm
New York, Metropolitan

Son œuvre la plus controversée, Madame X (Madame Pierre Gautreau), réalisée en 1884, est aujourd'hui considérée comme son meilleur portrait et elle était la préférée de Sargent. (Il écrira en 1915 : "Je crois que c'est la meilleure chose que j'ai faite")

Cependant, lorsqu'il est présenté à Paris au Salon des Beaux-Arts de 1884, le tableau déclenche une réaction si négative que Sargent part s'installer à Londres. Une fois encore, l'assurance de Sargent l'avait conduit à risquer une nouvelle expérience qui tourna mal. Alors qu'il était normalement toujours sollicité pour ses portraits, Madame Gautreau n'avait pas commandé le tableau et il l'avait poursuivie pour obtenir qu'elle pose. Sargent écrit à l'une de leurs connaissances communes : "J'ai grand désir de peindre son portrait et j'ai raison de croire qu'elle le permettra et s'attend à ce que quelqu'un propose un tel hommage à sa beauté. … Vous pouvez lui dire que je suis l'homme d'un prodigieux talent"»

Il lui faut toute une année pour achever le portrait. La première version du portrait de Madame Gautreau, avec son fameux décolleté, sa peau si blanche et son port de tête altier sur une bretelle tombée de son épaule donne un effet global encore plus audacieux et sensuel. Sargent remet en place la bretelle pour tenter d'apaiser le scandale, mais le mal est fait. Les commandes françaises se tarissent et il admet lui-même à son ami Edmund Gosse en 1885 qu'il envisage d'abandonner la peinture pour la musique ou les affaires.

À propos de la réaction du public, Judith Gautier écrit : "Est-ce une femme ? Une chimère, la licorne héraldique cabrée à l'angle de l'écu ? Ou bien l'œuvre de quelque ornemaniste oriental à qui la forme humaine est interdite et qui voulant rappeler la femme, a tracé cette délicieuse arabesque ? Non, ce n'est rien de tout cela (…) Si ce sein bleu, ces bras serpentins ce teint où l'héliotrope est pétri avec la rose, ce profil effilé, cette lèvre pourpre, ces yeux demi-clos, veloutés d'ombre ont en effet quelque chose de chimériques, cela tient uniquement à la chimérique beauté que la toile évoque … "

Sargent exposera fièrement ce tableau dans son atelier de Londres jusqu'à ce qu'il la vende au Metropolitan Museum of Art de New York, en 1916, quelques mois après la mort de Madame Gautreau.

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