Renoir, attentif à la leçon d’Ingres et de Raphaël, commence à prendre des distances par rapport à l’Impressionnisme et redonne à la ligne, et au contour, une prééminence qu’ils avaient perdue.
Traitée à la manière d’une esquisse, cette jeune fille assise révèle les qualités sculpturales que l’on trouve dans les meilleurs nus du peintre. Des touches juxtaposées, visibles, de couleur pure, forment une sorte d’auréole, de mandorle, autour du voluptueux nu féminin. Le doux modelé du corps semble ainsi s’extraire d’un fond imprécis, dans un contraste qui ne peut que plaire à Rodin.
Rodin est particulièrement attaché à ce tableau qu’il peut acquérir chez Bernheim-Jeune en 1910 mais qu’il convoite depuis 1898. Une photographie d’époque montre que le tableau est accroché (fait rare) à l’hôtel Biron, au-dessus du secrétaire de Rodin. Le sculpteur aime à le montrer et à le commenter : « Le torse de cette jeune fille, c’est de la sculpture. Quelle merveille ! » ou « Voyez ce Nu de Renoir, voyez la qualité de cette chair ; il brille dans la nuit : un vrai Praxitèle ! »