A partir de janvier 1881, le marchand Paul Durand-Ruel effectue des achats réguliers à Renoir. Le peintre réalise alors les voyages qu'il n'a jamais pu faire et qui complètent son expérience artistique. Le premier de ses périples le conduit en Algérie, sur les traces de Delacroix qu'il admire. Renoir y vit une expérience visuelle aussi intense que celle de son aîné. Séduit par les couleurs et par cette nature "d'une richesse incroyable", il réalise quelques paysages purs, qui sont assez rares dans son oeuvre.
Ce champ de bananiers se situe dans le jardin d'Essai du Hamma, créé en 1832 à Alger. La vue en contre-plongée permet d'ailleurs d'apercevoir, au-dessus des feuilles les plus hautes, les maisons d'Alger la Blanche situées de l'autre côté de la baie. Pour occuper cette position, Renoir a certainement peint son tableau depuis le premier étage d'un bâtiment.
La luxuriance de la végétation envahit une grande partie de la toile, à la façon d'une tapisserie à thème tropical. Le foisonnement des feuilles de bananiers introduit une animation tumultueuse dans la composition. Les différentes couleurs se fondent harmonieusement grâce à la touche très délicate, presque cotonneuse de Renoir.
Présenté des années plus tard au Salon de la Société des peintres orientalistes de 1895, Champ de bananiers y est très remarqué. La Chronique des arts mentionne à cette occasion ce paysage "superbe sous la lumière égale du soleil".