Le tableau a été réalisé pour le banquier Jean Pointel, grand amateur et ami de Poussin, en 1648. Selon Félibien, le peintre aurait exécuté le tableau sous les yeux de son commanditaire, qui se trouvait à Rome de 1647 à 1649. Ce dernier désirait un tableau qui puisse rivaliser avec La Vierge cousant de Guido Reni (Saint-Petersbourg, Ermitage) tout juste acquise par Mazarin. Le succès de la composition, dès son arrivée à Paris, valut à Pointel plusieurs offres d'amateurs qui voulaient acquérir la toile. Après la mort de Pointel, c'est le duc de Richelieu, autre grand collectionneur de Poussin, qui achète le tableau, qu'il vendra à son tour au roi en 1665. Copiée à de nombreuses reprises, cette composition s'impose comme l'une des plus abouties et célèbres de Poussin.
Une jeune fille de Chaldée
Le peintre s'inspire d'un récit de la Genèse. Abraham, qui désire marier son fils Isaac à une fille de son pays d'origine, la Chaldée, charge son fidèle serviteur, Eliézer, de partir en quête de la belle. Parvenu à Nakhor et ne sachant comment procéder, Eliézer demande l'aide de Dieu. Il lui est alors dit que la jeune fille se désignera en lui offrant à boire, à lui ainsi qu'à ses chameaux. Arrivant près d'un puits où de nombreuses jeunes filles puisent de l'eau, Eliézer est ignoré par toutes, seule la belle Rébecca se soucie de son sort. Eliézer reconnaît alors la promise. C'est ce moment précis que Poussin a choisi de représenter. La jeune fille porte la main à son coeur en guise de reconnaissance alors qu'Eliézer lui tend des bijoux en faisant la demande en mariage au nom de son maître.
D'après l'antique
La scène s'organise en une longue frise s'inspirant des sarcophages antiques. Au premier plan sont mis en valeur, détachés du groupe, les deux personnages principaux. Le reste est constitué de groupes de jeunes filles, grâce auxquelles Poussin montre sa grande capacité d'invention par la variété des poses et des expressions, qui prennent également leur source dans l'étude des reliefs antiques. L'équilibre de la composition est aussi due au savant dosage des couleurs chaudes et froides, qui distinguent les personnages et qui les détachent d'un fond de paysage grandiose et calme animé par des architectures d'inspiration classique
Notice du Louvre