Quatre lithographies sont tirées d'un tableau qui existe également en quatre versions. On y voit un couple lové en une étreinte.
L'homme est de profil, penché en avant, presque prostré. On ne distingue pas son visage. La femme est penchée sur lui et l'enserre de ses bras en une attitude qui pourrait paraître protectrice, maternelle. Leurs traits s'effacent dans cette étreinte fusionnelle. La bouche de la femme est posée sur la nuque de l'homme. Ses cheveux roux se répandent sur ses bras et sur la tête de l'homme, le caressant mais aussi l'enfermant comme ses bras.
A la fois alcôve protectrice et prison, ses mèches rousses
font aussi songer aux tentacules d'une pieuvre, à des serpents ou à
des flots de sang. Cette image menaçante et ambiguë est renforcée par
le premier titre du tableau « Amour et douleur ». Le titre final, Vampire,
ne laisse pas de doute, cette femme est en train d'aspirer le sang de
l'homme : loin de le protéger, elle le tue. Le baiser féminin se change
en morsure vampirique. Une grand ombre noire, effrayante, entoure et
surmonte le couple. « Elle pencha la tête vers lui et il sentit deux
lèvres chaudes, brûlantes, se poser sur sa nuque. Un frisson le parcourut,
un frisson de volupté. Et il la serra convulsivement contre lui »
Munch découpait à la scie de grands morceaux de bois qui épousaient les grandes masses de son dessin, puis les assemblait à la façon d’un puzzle dont il pouvait, de ce fait, varier à l’infini les couleurs d’impression.