(1890-1964)
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Post-impressionniste |
Nature morte métaphysique avec triangle | 1920 | Milan, Pinacothèque de Brera |
Nature morte | 1960 | Succession Michelangelo Antonioni |
Il est le premier des cinq enfants qu'auront ses parents, Andrea Morandi et Maria Maccaferri. Dès l'enfance il manifeste une grande passion pour la peinture, et malgré les réticences de son père, il s'inscrit à l'académie des beaux-arts de Bologne en 1907. Il en sort en 1913. Il dira plus tard n'y avoir pas appris grand-chose de ce qui lui servait dans son art.
L'exemple d'autres peintres joue un grand rôle dans sa formation : à la IXe biennale de Venise où il se rend en 1911 il découvre Renoir. Il visite également Florence la même année, où il admire particulièrement les œuvres de Giotto, Masaccio et Ucello dans les églises et à la Galerie des Offices. Il voit aussi des toiles de Monet et Cézanne à l'exposition internationale de Rome de 19112. Il connaissait déjà Cézanne, qui aura sur lui une grande influence, par les reproductions en noir et blanc du livre de Vittorio Pica, « Gl'Impressionisti Francesi », publié en 1908 à Bergame.
En 1913 et 1914 Morandi s'intéresse au futurisme : il rencontre Balilla Pratella puis Marinetti, Boccioni et Russolo, et assiste à des soirées futuristes à Modène au printemps 1913 et à Bologne en janvier 1914. Il expose pour la première fois en 1914 à l'hôtel Baglioni de Bologne en compagnie de Osvaldo Licini, Mario Bacchelli, Giacomo Vespignani et Severo Pozzati. Il expose également à la première « exposition libre futuriste » à Rome en avril 1914. Il est invité à la seconde « Sécession Romaine », où il présente le « Paysage de neige » de 1913, alors que le groupe futuriste en est exclu. Il a l'occasion d'y voir un mur entier de toiles de Matisse et un autre d'aquarelles de Cézanne.
Son service militaire, commencé en 1915, se termine au bout d'un mois en raison d'une grave maladie, à la suite de laquelle il est réformé.
Les années de maturité de Morandi sont peu fertiles en évènements : le peintre mène à Bologne une vie calme et ordonnée, en compagnie de ses trois sœurs, célibataires comme lui, dans l'appartement de la via Fondazza hérité de leurs parents. À partir de 1915 et jusqu'en 1929 Morandi enseigne le dessin dans les écoles élémentaires de Bologne. En 1930, il devient titulaire de la chaire de gravure à l'Académie des beaux-arts de Bologne.
En 1919 Morandi fait la connaissance de Carlo Carra et de Giorgio de Chirico, grâce au critique Giuseppe Raimondi. Il signe avec Mario Broglio, fondateur de Valori Plastici un contrat pour la vente de ses œuvres. Morandi, qui se lie d'amitié avec Carra, rejoint alors brièvement l'« école métaphysique » : il participe notamment à des expositions collectives en Allemagne en 1921 et au « Printemps de Florence » en 1922.
Par la suite il participe à des expositions du Novecento à Milan. Il exposera aussi dans différentes villes italiennes, en Grèce, en Autriche, aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Suisse.
Le 23 mai 1943, il est arrêté par la police politique en raison de ses relations avec des résistants membres du Parti d'action, dont Carlo Ludovico Ragghianti. Il passe une semaine en prison, se réfugie à Grizzana et rentre à Bologne en septembre 1944. Le jour même de la libération de Bologne, le 21 avril 1945, Roberto Longhi inaugure une exposition personnelle de 21 tableaux de Morandi.
Les natures mortes sont la partie la plus importante de son œuvre de Giorgio Morandi. Dans de petits formats, elles représentent des objets ordonnés avec soin sur une table dans l'atelier, pour être observés et peints. Ces objets sont facilement identifiables de toile en toile ; ce sont des bouteilles, sucriers, bols, pots récupérés dans les brocantes ou donnés en cadeau par des amis ou trouvés dans la rue, et peints de couleurs à peine différentes pour la construction tonale de l'ensemble. Ses objets,dont des bouteilles blanches à partir de 1950, sont rendues neutres par la couleur ou par le plâtre blanc avec lequel ils ont été préparés et privé de transparence et de valeurs mimétiques. Le positionnement des objets dans le cadre est fait avec un soin particulier porté sur la géométrisation de l'espace où se lit : carrés, diagonales remarquables. Un lent travail de maturation est alors mis en œuvre par le dessin et la peinture par reprises successives, superpositions de couleurs faites d'une pâte ample avec des dégradés de gris d'une extrême sensibilité, qu'amplifie une sorte de délectation morose. Représenter le visible et avec des formes aller au delà du visible, dispositions, ignore les aléas de l'être accord du fragile et de la permanence, de l'immédiat avec la durée peinture métaphysique narrative et symbolique.
"Chez Morandi la poussière est veloutée, comme un doux manteau de feutre qui, dit-il uniformise les objets et apporte un sentiment de paix. La poussière atteste la compagnie fidèle de ces objets envers Morandi depuis de très nombreuses années. La poussière parle de temps long d'immobilité et d'acceptation de ce long écoulement. Dans le déjà là de l'atelier et des objets, elle apporte quelque chose de très précieux. Elle est la matière même de l'écoulement de la vie, son expression tactile et visuelle. On sait que Morandi ne se contente pas de simple poussière mais qu'il l'enrichit de raclures de peinture et de craie, la rendant plus présente et plus dense. Elle devient ainsi l'équivalent familier et roturier de la poussière du marbre, transformant les objets en sculptures. En les nappant, elle leur accorde ce titre de noblesse que sont les traces du passage du temps. Dans l'atelier, à travers les nombreux filtres que le peintre a mis en place pour jouer avec lui, le temps se décante et se transmute en cette fine poudre enveloppante. Les peintures possèdent à leur tour cette qualité presque duveteuse. La poussière retient dans ses mailles, les sensations, elle les pétrifie légèrement. L'atelier et la chambre se fondent en un seul et même espace. Le temps long des perceptions intimes et celui de la peinture se calcifient sur le tableau (Anne Malherbe, catalogue de l'exposition de Grenoble en 2021)".
En 1948, il reçoit le premier prix de peinture de la Biennale de Venise ; en 1953 le Grand Prix de gravure de la IIe Biennale de São Paulo, et en 1956 le Grand Prix de peinture de la IVe Biennale. Dans les années 1950-60 il devient un des maîtres du peintre italo-américain Giuseppe Napoli à qui il dédicace une de ses Natura Morta.
Giorgio Morandi meurt le 18 juin 1964 après une maladie de près d'un an