Ce tableau fait partie d'une série très importante, de différentes tailles, représentant Vénus ou un nu féminin, produits en quantités par Cranach et son atelier. Ces tableaux sont très populaires parmi la clientèle humaniste.
Ils se rattachent cependant à une conception de Vénus appartenanant à une tradition allemande qui tire son inspiration de l'art gothique. L'air juvénile, les formes sveltes, les petits seins, les hanches étroites, le front bombé, autant de caractéristiques physiques des femmes (y compris des Vierges) qui entrent dans la composition de l'art allemand depuis le XIVe siècle.
La Vénus, loin d'être pudique, e porte un collier à la manière des courtisanes, elle montre son sexe d'un doigt et regarde le spectateur d'un il aguicheur. Elle est vêtue, de manière provocante, d'un simple voile transparent. Pour certains tableaux il s'agira d'un ajout ultérieur. Le voile est ici d'origine. Pour mieux faire ressortir la blancheur d'ivoire du corps, Cranach le fait se détacher sur le fond sombre du feuillage, conception germanique de la nature qui trouvera son plein épanouissement lors du romantisme.
L'étrange mouvements des jambes est caractéristique de Chranach, maitre du maniérisme gothique qui réunit peintres et sculpteurs italiens, allemands ou français, admirateur de la "linea serpentina", qui leur semblait la plus belle de toutes les formes. Cranach ignore ici la conception de L'Eve de Dürer (1504), qui est basée sur une étude objective et scientifique des proportions du corps humain. Chranach sait pourtant traduire les modeles plus contemporains dans sa langue personnelle aux arabesques linéaires comme le prouve sa Nymphe de la riviere allongée près de la fontaine (1518).