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Le sacrifice d'Isaac

1597

The Sacrifice of Isaac
Le Caravage 1597-1598
Huile sur toile, 104 x 135 cm
Galerie des Offices, Florence

Dans La Genèse, Dieu met la foi d'Abraham à l'épreuve. Les protestants comme les catholiques ont considéré ce sacrifice comme une importante préfiguration de celui du Christ, qui s'offrit lui-même pour sauver l'humanité.

Conformément à la tradition figurative établie, l'artiste a peint le moment décisif du récit : l'ange intervient au moment où Abraham tend la main et s'écarte du texte : l'ange retient physiquement Abraham en saisissant son bras, au lieu de s'adresser à lui depuis les cieux.

Depuis qu'il avait réalisé Judith et Holopherne en 1599 ou 1600, Le Caravage avait fait montre dans sa conception des grands tableaux de peinture d'histoire, d'une prédilection sans ambiguïté pour les toiles horizontales. Ce format lui permettait de développer la tradition de l'Italie du Nord des figures à mi-corps et de trois-quarts disposées au premier plan, près du plan de l'image, et de ce fait se prêtait à merveille à une confrontation dramatique des personnages représentés. Pourtant son choix de peindre le sacrifice d'Isaac (qu'il a exécuté en 1597-98 pour le cardinal Maffeo Barberini, important commanditaire romain et futur pape Urbain VII) sur une toile horizontale était peu commun. En effet, il excluait du coup la possibilité de faire descendre l'ange d'en haut, ce qui permettait à la plupart des artistes, dont Rembrandt plus tard, de créer un effet spectaculaire. Il entend faire ici apparaître l'ange au même niveau et à la même échelle que les personnages principaux de la scène. La manière dont l'ange aborde Abraham, quasiment dans le rapport d'un être humain à un autre être humain, constitue l'aspect le plus novateur de cette peinture.

Seuls le profil gracieux et idéalisé aux boucles blondes et les ailes du personnage sur la gauche indiquent que cette créature est d'un ordre différent de celui du jeune homme terrifié et du vieux patriarche qui se retourne vers lui.

Le naturalisme presque douloureux avec lequel le Caravage montre l'angoisse d'Isaac opère un effet d'autant plus saisissant qu'il tranche avec une composition qui reste statique et ordonnée à partir des triangles simples dont les cotés sont composés par les bras et les épaules des personnages principaux. Comme souvent chez Le Caravage le modèle (dans ce cas le même jeune homme qui jouait le rôle de Cupidon dans L'Amour vainqueur) est d'une présence physique presque palpable. Alors qu'Abraham presse la tête d'Isaac sur l'autel de pierre, ce dernier ouvre toute grande la bouche et crie. Comme dans le cas du visage hurlant d'Holopherne dans Judith et Holopherne on peut presque l'entendre crier et il est fort possible que l'artiste dans ses années romaines ait cherché à dessein à peindre le son de telle sorte que l'on croit entendre les personnages. Seul le bélier envoyé du ciel apparaît sur la droite comme un pendant presque parodique à l'ange descendu du ciel.

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