Avec une audace peu commune, Samuel Fuller a réalisé des films noirs (Le Port de la drogue), des westerns (Quarante tueurs) et des films de guerre (Au-delà de la gloire), genre qu’il nourrit de sa longue expérience de soldat durant la Seconde Guerre mondiale. De l’ensemble de sa filmographie, il est bien entendu question dans Samuel Fuller, jusqu’à l’épuisement, mais aussi de différents textes – pulp fictionsécrites dans les années 1930 et 1940, nouvelles et articles – qui ont posé les jalons de son cinéma. Il a eu en effet plusieurs vies : il a été journaliste, romancier, scénariste, producteur et réalisateur, mais aussi attaché de presse, dessinateur politique et bien d’autres choses encore.
Ce sont donc les multiples facettes d’un homme infatigable que Frank Lafond a mis en lumière grâce à un patient travail de recherche. Tout au long de Samuel Fuller, jusqu’à l’épuisement, les analyses formelles et thématiques s’entremêlent à une approche historique et génétique. Cette vision de Fuller au travail s’appuie sur un vaste ensemble de documents (archives du code Hays, scénarios et traitements, lettres et télégrammes, interviews oubliées, etc.) qui contribue à dégager l’originalité fondamentale de ses films. Deux d’entre eux, J’ai vécu l’enfer de Corée et Dressé pour tuer, font l’objet de récits complexes, où viennent s’entrechoquer des questions d’ordre esthétique, social et politique. Enfin, l’influence du New York Evening Graphic et de la tradition dont relève ce tabloïd où a travaillé le jeune Sammy est complètement réévaluée : poser la question du journalisme et, concrètement, du journal, c’est ici parler de cinéma.