Sous-titré, Le Funambule, cet ouvrage propose l’analyse de la persona et du jeu de Patrick Dewaere, lesquels engagèrent une quête absolue de vérité. Constamment sur le fil du rasoir, véritable équilibriste entre son travail d’acteur et son vécu, entre ce qu’il jouait et ce qu’il était, entre ce qu’il donnait au cinéma et ce que ce dernier lui rendait en retour, Patrick Dewaere reste à ce jour le funambule le plus complet et le plus passionné que le cinéma ait jamais croisé.

Comme tous les livres de la collection, celui-ci se scinde en deux parties. La première, la persona, va de la personne au personnage ou comment la biographie se manifeste dans les personnages qui seront interprétés. La seconde partie caractérise l'art de l'acteur : quels sont les caractéristiques techniques du jeu de Patrick Dewaere.

Le suicide de Patrick Dewaere à 35 ans, le 16 juillet 1982, alors qu'il se prépare depuis plusieurs semaines au tournage du film Édith et Marcel de Claude Lelouch pour lequel il doit incarner le rôle principal de Marcel Cerdan, est abordé dès la préface de Sotha sa première épouse et l'introduction. La thèse défendue, celle d'un destin tragique planant sur l'acteur dès l'adolescence aurait pu être complétée d'explications que l'on trouve un peu partout, notamment sur wikipedia.

De la personne au personnage

Avec les troubles identitaires liés à ses rôles précoces au théâtre et au cinéma, il incarne au cinéma le visage de l'éternel adolescent avec des rôles d'anti-héros. La devise "le ridicule ne peut pas tuer" apprise au théâtre de la gare lui permet d'aller jusqu'au bout des personnages qui, sans aller jusqu' à se ridiculiser, fanfaronnent et récoltent des situations qui créent un malaise. Il a la fragilité psychique du guerrier, paumé, personnage de révolté et d'emmerdeur, dingo et borderline

Même s'il incarne souvent des personnages fragilisés par les femmes, il n'a pas de problème avec la nudité. Il reste néanmoins caractérisé par ses longs cheveux et la moustache, qu'il portait de crainte que son visage n'apparaisse trop lisse, trop prince charmant. Il était capable de porter le costume avec élégance comme les tee-shirts et les chemises ; chaines et chapeaux étant ses accessoires favoris.

L'art de Patrick Dewaere

Il s'incarne dans cette capacité de passer d'une personne instinctive à l'art du funambule qui joue pleinement et sans filet. L'acteur manifeste souvent un jeu électrique et sous tension, pile toujours chargée de nervosité, vitalité et de violence, tendu comme un élastique prêt à claquer, interprète mémorable de crises et de coups de sang. Dans Série noire et psy il portera loin les attitudes aux yeux exorbités et la gestique explosive. Il sera plus sobre chez Claude Sautet dans Un mauvais fils. Chansons, danses et musique sont l'occasion de rares instants de repos.

Les très nombreuses photographies et surtout captures d'écrans de films permettent d'appuyer les thèses de Rémi Fontanel. L'auteur complète son ouvrage d'une biographie et d'une filmographie exhaustive.

Biographie (source Wikipedia)

Fils de la comédienne Mado Maurin, le jeune Patrick fait très tôt partie d’une famille d'artistes, baptisée par le métier les "petits Maurin" comprenant ses frères Jean-Pierre Maurin (1941-1996), Yves-Marie Maurin (1944-2009) et Dominique Collignon-Maurin (né en 1949), auxquels s’adjoignent ensuite Jean-François Vlérick (né en 1957) et Marie-Véronique Maurin (née en 1960). Cette troupe familiale collabore à de nombreux films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi qu'à des représentations au théâtre et à la radio.

Dès ses premières apparitions, à l’âge de 4 ans, il utilise le pseudonyme de Patrick Maurin qu’il va conserver jusqu’en 1967. Cette période enfantine est tumultueuse et il souffre de la compétition artistique entre les "petits Maurin". Après une trentaine de pièces de théâtre et de téléfilms à succès pour l’ORTF, il choisit de prendre du champ par rapport à sa famille pour deux motifs : d’une part, il apprend à 17 ans qu'il n'est pas l'enfant biologique de Pierre-Marie Bourdeaux, bien que celui-ci l'ait reconnu, mais le fils naturel de l’artiste lyrique et chef d’orchestre Michel Têtard (mort en 1960 à l’âge de 35 ans, selon Mado Maurin); d’autre part, son biographe Jean-Marc Loubier affirme qu’il aurait été pratiquement dépossédé d’un héritage par sa mère, à la même période. Ces différends familiaux l’encouragent à adopter un pseudonyme, élaboré à partir du nom marital de sa grand-mère maternelle Devaëre, dont il changera la troisième lettre par un W, sous lequel il connaîtra la célébrité.

À 21 ans, il profite des événements de Mai 68, pour rencontrer des acteurs alternatifs et rejoint l’équipe de Romain Bouteille. Il partage ainsi les planches du café de la Gare avec Coluche, Henri Guybet, Martin Lamotte, Renaud, la comédienne et réalisatrice Sotha (pseudonyme de Catherine Sigaux), qu’il épouse le 26 juillet 1968 et dont il divorce le 12 novembre 1979 et celle qui deviendra la passion de sa vie, Miou-Miou. La troupe accueillera ensuite Gérard Lanvin, Gérard Depardieu, Rufus puis Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Anémone et Gérard Jugnot. Parallèlement, Dewaere s’essaie au doublage, prêtant notamment sa voix à Dustin Hoffman dans Le Lauréat et développe sa passion pour la musique et la chanson. En 1971, il compose et interprète en duo avec Françoise Hardy la chanson T’es pas poli. Comme ses amis du café de la Gare, il tourne également quelques publicités qui aident à financer le théâtre.

Il se révèle au grand public en 1974 dans Les Valseuses de Bertrand Blier, film où il apparaît aux côtés de Gérard Depardieu et Miou-Miou, avec laquelle il vit une intense passion amoureuse de laquelle naît une fille, Angèle, le 13 août 1974. À l’été 1975, Miou-Miou, qui vient d’être choisie pour le tournage du film D’amour et d’eau fraîche, tente d'imposer Patrick Dewaere pour le premier rôle masculin. Mais le réalisateur Jean-Pierre Blanc refuse et préfère engager Julien Clerc. Sur les plateaux, Miou-Miou, dont le couple est en crise, tombe sous le charme du chanteur et quitte Dewaere qui ira jusqu’à "casser la gueule" du chanteur durant le tournage. Cette situation rend particulièrement difficile le tournage du film F… comme Fairbanks qui débute quelques semaines plus tard. Les personnages incarnés par Miou-Miou et Dewaere s’aiment et se déchirent, à l’image des deux acteurs dans leur vie privée.

Alors que sa carrière prend de l’ampleur avec des grands rôles dans Coup de tête (1979), Série noire (1979), Un mauvais fils (1980), Dewaere subit la vindicte de la presse et des médias. Durant cette période, il est trahi par Patrice de Nussac, un journaliste du Journal du dimanche qui lui avait promis — en raison de liens d’amitié — de ne pas révéler son prochain mariage avec Elsa (de son vrai nom Élisabeth Malvina Chalier), la mère de sa seconde fille, Lola. Après avoir frappé le journaliste d’un coup de poing, Dewaere fait l’objet d'un véritable boycott par la presse et les médias. Les producteurs éprouvent alors quelques réticences à l’employer. Dès lors, il n’est plus interviewé et son nom est même omis au générique d’un film, un exemple sans précédent en France.

En 1982, Elsa qu’il a épousée le 16 octobre 1980, le quitte pour son meilleur ami, Coluche. En début d’après-midi du 16 juillet 1982, alors qu’il se prépare depuis plusieurs semaines au tournage du film Édith et Marcel de Claude Lelouch pour lequel il doit incarner le rôle principal de Marcel Cerdan, il met subitement fin à ses jours dans sa maison située 25, impasse du Moulin-Vert à Paris 14e arrondissement, d’un coup de feu tiré par une carabine 22 Long Rifle, offerte par Coluche, sans laisser de mot d’explication, mais après un appel téléphonique qui, selon les témoins (parmi lesquels Claude Lelouch qui l’avait vu le matin même de sa mort), l’aurait bouleversé.

Selon de récentes révélations de Mado Maurin, le coup de téléphone émanerait d’Elsa, vivant désormais avec Coluche en Guadeloupe, laquelle lui aurait annoncé qu’il "ne reverrait plus jamais sa fille". En 2007, dans le documentaire Patrick Dewaere, le dernier jour diffusé sur France 2, sa fille Lola confirme elle-même que cette conversation aura été "un élément déclenchant" de son suicide.


Filmographie :


1951 : Patrick Maurin dans Monsieur Fabre. 1955 : Un enfant du village dans La Madelon. 1956: un enfant dans En effeuillant la marguerite et dans Je reviendrai à Kandara. 1957: un enfant adns La route joyeuse, le petit Moinet dans Les espions 1958: Le frère de Mimi dans Mimi Pinson. 1966 : Un jeune résistant fusillé dans Paris brûle-t-il ? 1971: Un volontaire dans Les mariés de l'an II, L'homme à l'écharpe jaune dans La maison sous les arbres. 1973 : Le maçon dans Themroc; 1974 : Pierrot dans Les valseuses. 1975 : Sébastien dans Au long de rivière Fango, Gaston dans Lily, aime-moi, Le barman dans Pas de problème!, François dans Catherine et Cie, L'inspecteur Lefèvre dans Adieu, poulet. 1976 : Marc dans La meilleure façon de marcher, 2nd Lt. Baio dans La marche triomphale, André dans F comme Fairbanks. 1977 : Le juge Jean-Marie Fayard dans Le juge Fayard dit Le Shériff, Marco Maffei dans La chambre de l'évèque. 1978 : Stéphane dans Préparez vos mouchoirs, Philippe dans La clé sur la porte. 1979 : le jeune homme dans Le grand embouteillage, François Perrin dans Coup de tête, Franck Poupart dans Série noire, Pocapena dans Paco l'infaillible. 1980 : Bruno Calgagni dans Un mauvais fils. 1981 : Marc dans Psy, Serge Lainé dans Plein sud, Rémi dans Beau-père, Le voisin dans Les matous sont romantiques, Gilles Tisserand dans Hôtel des Amériques 1982 : Paul Kerjean dans Mille milliards de dollars, Alain Durieux dans Paradis pour tous.


TV : 1954 Un enfant dans Maison de poupée. 1958 : Pepeniello dans Misère et noblesse. 1961 : Alain dans La déesse d'or. 1964 : Jacques, dan sL'abonné de la ligne U. 1967 : Jean dans Jean de la Tour Miracle. 1968: Heathcliff jeune dans Les hauts de Hurlevent. 1971 : Camille dans Si j'étais vous.

Jean-Luc Lacuve le 23/11/2010





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Patrick Dewaere, le funambule
Editeur : Scope éditions, Collection : Collection Jeux d'Acteurs. Novembre 2010. 128 pages. 19 euros
Rémi Fontanel