En cinq chapitres et cinquante questions, David Vasse décrit et analyse quelques-unes des grandes tendances esthétiques et thématiques du cinéma français depuis une quinzaine d'années. Il alerte surtout sur le fait que le concept même de "cinéma français" risque de disparaître si sa notion la plus reconnue dans le monde, celle de l'auteur, disparaît dans l'idéologie du tout visuel que tentent d'imposer les financiers à la tête des grandes chaînes de télévision.
Pour David Vasse, le nouvel âge du cinéma français débute il y a une quinzaine d'années, en 1993 donc, avec la construction des premiers multiplexes (générant, via le succès des Visiteurs, la remonté du nombre de spectateurs en salles) l'adoption du tournage en numérique et l'omniprésence du thème de la reconstruction centré autour de groupes, de générations avec ses règlements de comptes et l'importance accordée au réalisme des corps et le genre documentaire.
Ce thème de la reconstruction après la chute du mur de Berlin et, partant, des idéologies s'oppose au cinéma des années quatre-vingt, marqué par le néo, le look, le clip et la publicité et incarné avec plus ou moins de bonheur par le trio Besson, Beneix, Carax. A cette idéologie du visuel répond un souci de filmer sa génération, d'interroger un autre qui appartient à la même communauté et donc avec qui l'échange soit possible pour interroger la perception du réel, sa remise en cause et dégager un avenir.
Au fil des pages et des questions, David Vasse analyse les films de Chantal Akerman Olivier Assayas Xavier Beauvois Sophie Bredier Catherine Breillat Jean-Claude Brisseau Laurent Cantet Éric Caravaca Philippe Carrel Cyril Collard Antony Cordier Claire Denis Arnaud Desplechin Bruno Dumont Philippe Faucon Pascale Ferran Emmanuel Finkiel Patrick Grandperret Xavier Gianolli Robert Guédiguian Jean-Claude Guiguet Alain Guiraudie Cédric Kahn Arnaud et Jean-Marie Larrieu Sébastien Lifshitz Noémie Lvovsky Laetitia Masson Patricia Mazuy Jean-Marc Moutout Mariana Otero François Ozon Manuel Poirier Jean-François Stévenin Marina de Van Frédéric Videau.
David Vasse conclut son livre par un vibrant plaidoyer pour la singularité du cinéma d'auteur et l'importance des salles d'art et essais pour le faire vivre :
"Les productions financées par la télévision demandent moins de médiation (au sens d'une communication d'un seul - l'auteur- avec tous) pour davantage de médiatisation (le film comme produit déjà dérivé d'une stratégie commerciale). Dans ce cadre l'auteur est facultatif. Le temps de la rencontre avec le public est une donnée essentielle pour distinguer le cinéma d'auteur du cinéma populaire dit de producteur. Alors que le cinéma populaire, vendu comme tel, a déjà son public en poche, le cinéma d'auteur a encore besoin de le trouver et cela précisément demande du temps.
Le soutien financier automatique favorise les films préachetés par les chaînes de télévision dans l'intérêt d'une future programmation de grande audience et dont la principale conséquence est la standardisation de l'offre et de la demande. ( ) L'auteur doit batailler ferme pour continuer à imposer ce qui le caractérise et le distingue des serviteurs patentés de l'industrie cinématographique, c'est à dire un point de vue personnel sur le monde et le cinéma, une certaine fidélité à des convictions artistiques qui font de lui l'unique " propriétaire " de son oeuvre."
Sommaire :
Avant-propos 1- Un nouvel âge pour quel état des lieux ?
Chapitre 1 : Les griffes du passé
2- Où en est le cinéma français dans les années
80 ?
3- Le visuel a-t-il laissé des traces ?
4- Un air de Nouvelle Vague peut-il être un signal salutaire ?
5- Pourquoi la Nouvelle Vague est-elle encore si présente ?
6- Quest-ce que filmer sa génération ?
7- À quelle distance regarder lHistoire ?
8- Peut-on percer les secrets de famille ?
9- Est-il nécessaire de tuer le père ?
10- Comment travaille le deuil ?
11- Le costume fait-il toujours le passé ?
Chapitre 2 : Des nouvelles du langage
12- La parole est-elle toujours un atout de séduction ?
13- À quel prix abuse-t-on du langage ?
14- Peut-on guérir du lapsus ?
15- Quest-ce que parler à perdre haleine ?
16- Quespérer du mutisme ?
17- Quels accents produit la banlieue ?
18- Par quelle préciosité faire entendre des voix ?
19- Comment le babil télévisuel sinvite-t-il dans les
films ?
Chapitre 3 : États de corps
20- Pour quelles fictions le corps fait-il bloc ?
21- Comment ladolescence donne-t-elle corps au cinéma français
?
22- Comment agissent les anti-corps dans la fiction ?
23- Comment le cinéma français traite-t-il le sida ?
24- Le cinéma français a-t-il le goût du sang ?
25- Le sexe est-il faible en France ?
26- Ne pas le dissimuler le rend-il plus fort ?
27- Pourquoi danser maintenant ?
28- Où retrouver les corps burlesques ?
29- Détruire la figure ?
Chapitre 4 : Examens du social
30- Quel réalisme ?
31- Pour quels bénéfices retourner à lusine ?
32- Sur quelles ruines sélève lutopie ?
33- Pourquoi au fond filmer le travail ?
34- Pour quelle représentation de la société avoir recours
au sacré ?
35- La grâce, pour quoi faire ?
36- À la campagne, lair du temps est-il plus vif ?
37- Et en altitude ?
38- Quoi de neuf en banlieue ?
39- Pourquoi déménager ?
40- A quel prix être célèbre ?
Chapitre 5 : Pouvoirs du numérique
41- Quest-ce que le numérique ?
42- En quoi la vidéo numérique favorise-t-elle le lien entre
la main et le moi ?
43- La DV est-elle un jeu denfant ?
44- Comment la DV sollicite-t-elle la fiction ?
45- Pour un nouvel art fantastique ?
46- La DV et la HD, un couple parfait ?
47- Qua à gagner la génération Nouvelle Vague avec
les nouvelles technologies ?
48- Pourquoi adopter le numérique après une longue pratique
de largentique ?
49- Entre numérique et pellicule, que choisir pour filmer le football
?
Conclusion : 50- Lauteur et après ?