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Editeur : Wild Side Video, janvier 2011. Master restauré. V. O. avec sous-titres français. 10 € chacun. Deux grandes comédies classiques, deux westerns et un film de guerre pour la série 6 de Vintage classics
Le panoramique initial du générique, qui part des immeubles illuminés aux noms des acteurs et techniciens pour aboutir à la décharge fumante de New York, met crûment en lumière la cxistence d'une grande bourgeoise désoeuvrée avec des hommes et des femmes ayant de plus en plus de mal à survivre dans un New York vidé de ses emplois. La décharge de New York où survivent les clochards est située au pied du Queensboro Bridge, le long de l'East River qui relie l'île de Manhattan et le Queens. C'est la première occurrence de ce célèbre pont dans le cinéma avant Manhattan (Woody Allen, 1979) et Spiderman (Sam Raimi 2001). La grande bourgeoisie se donne, elle, rendez-vous au Waldorf-Ritz et la famille Bullock habite au 1011 dans la 5eme avenue de Manhattan. Godfrey Smith aurait pu dire comme son contemporain Deeds : "Les gens d'ici sont bizarres : ils s'efforcent tant de vivre qu'ils oublient comment vivre Je me suis promené en regardant les grands immeubles et j'ai pensé à ce que Thoreau a dit : "Ils ont créé des palaces grandioses, mais ils ont oublié de créer les nobles pour les habiter". Dans Mr. Deeds goes to town (Frank Capra, 1936), l'extravagant monsieur Deeds distribuait sa fortune aux chômeurs. Ici, Godfrey Smith pratique de même et utilise l'agent du collier pour loger et fournir un travail aux cinquante chômeurs qui habitaient la décharge. Celle-ci, une fois remblayée (coût 5 800 dollars), devient une boite de nuit branchée. Il n'est évidemment pas question pour La Cava d'en appeler à la lutte des classes mais, en exposant crûment la totale inconscience des riches, il fait rire ("Pourquoi vivez-vous dans ce dépotoir alors que c'est plus joli ailleurs ?") tout en faisant prendre conscience de ce qu'a d'inacceptable une telle situation. La Cava montre dans cette comédie brillantissime, que même la bourgeoise n'a rien à gagner à sa vautrer dans son désoeuvrement et que c'est vivre bien plus intensément que d'être responsable de soi-même et des autres... ce que même la tête de linotte d'Irene finira par découvrir.
Illusions
perdues de Ernst Lubitsch Le film comporte deux séquences emblématiques de l'art de Lubitsch avec un indice de manque et un indice d'équivocité. La scène dans la chambre à coucher de Jill et Larry débute par un bel indice d'équivocité. Au lieu de commencer banalement la scène, Lubitsch cadre le chien en gros plan qui leve la tête de son panier. Jill entre, regarde son mari dormir, vient se coucher à côté de lui après avoir caressé le chien et fait "ouah" pour le reveiller. Larry, dans un demi-someil, se leve et porte le chien dehors. Dépitée, Jill lui dit que c'est elle qui a aboyé. Mais on entend alors le chien aboyer dehors et Lary se retourne vers se femme en lui intimant l'ordre de se taire par un "chutt". L'indice du chien est que Larry est devenu tellement indiffèrent à sa femme qu'il la confond avec son chien. Ce n'est pas une image rassurante du bonheur conjugal mais au contraire l'indice que plus rien ne va dans le couple. Lorsque Jill se rend chez Alexander, le panoramique qui saisit la bouteille puis le sac sur le canapé alors que s'élève off une musique qui se revèle être Alexander jouant au piano, signifie que les discusisons d'usage ont déjà eut lieu. Jill ecoute et regarde Alexander qui veut prendre un baiser. Elle se refuse. Elle sort du champ. Il sort du champ. Le cadre reste vide durant une dizaine de secondes. Il revient et se met à jouer du piano dans tous les sens. Ce cadre, resté vide une dizaine de secondes puis qui se remplit avec Alexander jouant joyeusement, est le signe qu'hors-champ le baiser a eu lieu.
Après Les anges de l'enfer une dizaine d'années plus tôt, ce western, à la réputation sulfureuse et à la totale inauthenticité historique, est le deuxième et dernier film réalisé par l'extravagant Howard Hughes. Le tournage se révèle aussi imprévisible que son metteur en scène qui ne tourne que l'après-midi et surtout la nuit, qui consacre 103 prises à la scène de Billy près de la tombe, qui fait grimper le budget de 400 000 à 3 400 000 dollars mais s'en fiche car il est riche et que c'est son argent. Le film met en vedettes deux parfaits inconnus aux destins divergents. La campagne de presse transforme Jane Russell en star (on écrit que les techniciens de l'aéronautique ont mis au point, pour elle, un nouveau type de soutien-gorge, qu'elle ne porte en fait jamais dans le film). A l'inverse Jack Buetel (orthographié " Beutel " au générique) finira dans les poubelles de l'histoire du cinéma, bel et bien à cause d'Howard Hughes qui, pour de mystérieuses raisons, ne voudra ni le libérer de son contrat ni le prêter.
Le film est adapté du best-seller d'Agnes Newton Keith, publié en 1947 qui retranscrit son expérience. Elle apparaît d'ailleurs en personne le temps d'une scène dans le film, sur l'embarcadère, dans le camp de Berthala derrière Claudette Colbert. Agnes Newton Keith accompagne aussi la deuxième équipe partie filmer des extérieurs à Bornéo pendant un mois. Le carton d'ouverture sur la véracité des décors est ainsi tout à fait justifié.
Profitant
du déclin des studios, de nombreux acteurs passent alors à
la réalisation comme James Cagney, Burt Lancaster ou John Wayne.
Marlon Brando décide de franchir le pas à son tour en
filmant un roman vaguement inspiré de l'histoire de Pat Garrett
et Billy the Kid. Stanley Kubrick aurait dû réaliser le
film mais se fait virer par Brando pour avoir refusé d'intégrer
un personnage asiatique dans l'histoire (mais aussi pour avoir demandé
que Spencer Tracy remplace Karl Malden quui avant déjà
joué dans Un Tramway nommé désir et Sur les Quais
avec Brando). Sam Peckinpah, scénariste avait lui été
débarqué par Kubrick. Il ne reste dit-il que deux scènes
de lui dans le résultat final. Le tournage qui doit durer 6 semaines prend 6 mois car Brando se révèle aussi indécis comme réalisateur qu'il pouvait être compliqué en jouant, attendant des heures que les vagues de l'océan s'adaptent à la scène. Le budget de 1,8 Millions de dollars grimpe à 6 Millions et le premier montage dure 4h42.
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présente
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Vintage Classics, 6e série
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