Editeur : Mk2, octobre 2007. DVD 1 Le film 1h35. DVD 2 compléments 1h02. Format image : 1.33. Muet sous-titré.

Suppléments :

  • Murnau, ses débuts et Nosferatu 52’
  • La collection Murnau 10’

En 1838, Hutter, tout juste marié à Ellen, doit se rendre en Transylvanie pour conclure une transaction immobilière avec le comte Orlock. Lorsque Hutter découvre qu’il s’agit en fait du vampire Nosferatu, il est déjà trop tard et ce dernier répand la terreur pour conquérir Ellen

Pour Jacques Lourcelles : "Adaptation du Dracula de Bram Stoker, non crédité au générique pour des questions de droits, Nosferatu est l'un des dix films essentiels du cinéma muet.

Film aux multiples aspects, Nosferatu est avant tout un poème métaphysique dans lequel les forces de la mort ont vocation - une vocation inexorable- d'attirer à elles, d'aspirer d'absorber les forces de vie, sans qu'intervienne dans la description de cette lutte aucun manichéisme moralisant. La mort se nourrit de la mort et le sacrifice d'Ellen est nécessaire pour que le non-mort (sens étymologique du nom Nosferatu) puisse mourir à son tour, car il faut qu'il meure pour que l'équilibre de l'univers soit préservé. Le personnage de Nosferatu est le pivot d'un univers dominé et architecturé par la mort et, tout en inspirant l'horreur, il suscite aussi la pitié, la compassion et une sorte de stupéfaction fascinée et tragique. Certains exégètes voient en lui le double de Hutter. Selon eux, la rencontre de Hutter et de Nosferatu est le climax d'un voyage initiatique que le jeune homme effectue au plus profond de lui-même.

Sur le plan formel, la part la plus originale du film est ce par quoi il s'éloigne de l'expressionnisme et le dépasse. D'abord il y a l'importance donnée à la nature qui sera bannie du credo expressionniste. L'intrigue de Nosferatu baigne au contraire dans une variété saisissante d'extérieurs réels qui en accroît la portée et le romantisme magique. Ces extérieurs sont souvent filmés avec une utilisation extraordinaire de la profondeur de champ. Ensuite Murnau se livre ici totalement à son goût de la polyphonie et du contrepoint, autant sur le plan dramatique que cosmique. Ainsi par exemple, les séquences du voyage de retour de Hutter évoluent sur quatre plans parallèles. Attente d'Ellen, Folie de Knock, Progression de Hutter vers la ville, Progression du bateau envahi par la peste.

Cela permet aussi que les apparitions du vampire soient rares, attendues, ciselées, inoubliables. Tout au long du récit, le film abonde en métaphores, en digressions (qui n'ont rien d'accessoires) mettant en cause les différents règnes : végétal, animal, humain et, pourrait-on dire, sur-humain. Les cours du professeur Bulwer sur la plante carnivore et sur le polype translucide, l'araignée que contemple Knock, la hyène et les chevaux affolés à la veille de la saint-Georges scandent ponctuent, émaillent la trajectoire sanglante du vampire. Cette présence de la nature et cette polyphonie témoignent dès Nosferatu d'une conception du cinéma comme art total qui ne cessera de s'amplifier à travers toute l'œuvre de Murnau."

 

Murnau, ses débuts et Nosferatu. 0h52

 

 


Mk2
 
présente
 
Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau